Amina K. 26/06/2019

Mariée à un inconnu, j’ai mis du temps à divorcer

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Après mon mariage, j'ai découvert la violence de mon mari. J'ai trouvé le courage de le quitter et me suis retrouvée seule, sans papiers, avec un nourrisson prématuré.

Dans un couple, le respect et la confiance sont primordiaux. En fait, il y a quatre ans, j’étais mariée avec un Monsieur. On s’est connus à travers des amis en commun. Il vivait en France et moi en Guinée. Au début, on s’entendait bien. Après quelques mois, il est venu me rejoindre et là, les problèmes ont commencé.

Il m’avait menti sur beaucoup de choses notamment sur son âge, sa façon de vivre et de penser. Quand il m’a demandée en mariage, il cochait toutes les cases, mais tout n’était que mensonge. Vu qu’il était venu pour le mariage civil et pour mon visa, j’ai tenu à ce qu’on ait une discussion, mais Monsieur ne voulait rien entendre. Vous savez, en Afrique, en général, les femmes n’ont pas le droit d’exprimer leur opinion dans un couple, surtout si ça parle de leur conjoint. Il a vu que je m’entêtais pour avoir cette discussion et il m’a promis qu’il allait changer. Mais c’était juste des mots pour me calmer.

J’ai obtenu mon visa et je suis venue le rejoindre à Paris. Mais on se disputait tout le temps. Il m’insultait, me rabaissait. En même temps, j’ai accouché d’un enfant très prématuré, à cinq mois et demi. C’était très difficile. Je me sentais dans un piège. Il doutait de moi. Chaque fois que je recevais un appel, il me demandait : « Tu parlais avec qui ? » Ce genre de bla bla bla ! Et ça se terminait toujours par une dispute.

Le quitter, même si c’est difficile

Y avait plus rien entre nous et je commençais à ressentir de la haine pour lui. Je n’arrivais plus à lui faire confiance. Je ne voyais pas ma vie avec un homme comme ça. Même avec le petit, il ne se comportait pas bien ! Il ne venait pas le voir à l’hôpital tous les jours et il ne restait que quelques minutes. Quand je lui parlais d’acheter des habits pour le bébé, il me répondait qu’il n’avait pas besoin de vêtements sachant que depuis sa naissance, c’était l’hôpital qui l’habillait.

Comme je lui tenais tête, il m’insultait. Et un jour, il a fini par me frapper. J’ai alors décidé de le quitter même si c’était difficile : je venais d’arriver dans un pays qui m’était encore inconnu avec un fils prématuré à l’hôpital. Je n’avais personne pour me soutenir, nulle part où aller, mais je me suis dit que ce serait plus facile de vivre tous ces doutes que de revivre tout ce que j’avais vécu.

Après l’avoir quitté, je me suis retrouvée toute seule avec un enfant prématuré qui venait de sortir de l’hôpital et qui avait de l’asthme du nourrisson. J’ai dû aller dans un foyer de bonnes sœurs mais, en tant que musulmane pratiquante, c’était compliqué. Je suis restée une semaine. Après, j’ai atterri dans un Centre d’Hébergement d’Urgence. Mon fils avait des rendez-vous de consultation une ou deux fois par semaine et le CHU ne me fournissait pas de tickets de transport. Et en même temps, il y avait le problème de mes papiers à régulariser.

J’ai failli retourner en Guinée, mais je ne pouvais pas me permettre vis-à-vis de la santé de mon fils. Il ne pouvait pas avoir les soins dont il avait besoin là-bas. J’avais arrêté mes études en arrivant en France et je voulais recommencer quand j’aurais plus de temps pour moi. Je savais qu’en Guinée, avec un enfant malade, je ne pourrais pas, que je serais obligée de travailler pour payer ses soins médicaux. Après analyse, j’ai décidé de rester, pour mon enfant et pour moi-même, en espérant lui donner une meilleure santé et une bonne éducation.

Pour lui éviter un mariage forcé, la mère de Kadija lui a fait quitter la Guinée. Sur son chemin pour la France, elle a rencontré un homme à qui elle a accordé sa confiance et qui lui a fait du mal. J’ai été violée après avoir fui un mariage forcé

Maintenant, je vis dans un CHRS [Centre d’Hébergement de Réinsertion Sociale]. Je ne dirais pas que je nage dans le bonheur, mais en tout cas, je me sens bien dans ma peau et mon enfant se porte beaucoup mieux maintenant. J’ai mes papiers en règle et j’envisage même de reprendre mes études. Je ne vous dis pas que c’était une bonne expérience, mais elle m’a permis d’être plus responsable, plus mature et plus autonome, d’où ma fierté. Concernant les hommes, je suis encore un peu méfiante mais je pense qu’avec le temps ça va le faire…

 

Amina, 24 ans, en formation, Paris

Crédit photo Visualhunt // CC Greyframe

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