ZEP 14/02/2014

Comment s’élève une bonne élève de classe moyenne ?

tags :

En sociologie, on dit que l'on reproduit souvent le parcours de nos parents. Mais est-ce que je dois abandonner mes rêves de grandes études pour me professionnaliser rapidement ? 

Je suis issue de la classe moyenne, vous savez cette classe où l’on regroupe les individus qui n’ont pas des revenus insuffisants pour percevoir des bourses, mais qui sont loin d’avoir les moyens de pouvoir accéder à la consommation culturelle la plus… légitime. Personne dans ma famille, proche ou non, n’a fait d’études. D’ailleurs, je suis la seule à être en bac général, plus précisément en première ES.

J’ai toujours fait partie des bons élèves, sans même réellement travailler. J’ai des capacités en termes de concentration, de mémoire, de méthodes, et je suis ambitieuse. Comme quoi mon origine sociale ne m’a pas totalement influencée. Mon rêve ? Intégrer un IEP (Institut d’Etudes Politiques). Mon problème ? Je n’ai pas les moyens de me payer ni les préparations (très coûteuses), ni les concours d’entrées, ni le train et logement pour y participer. Et personne, à l’exception de deux ou trois amis n’ont confiance en mes capacités.

Pour mes parents, j’aurais dû il y a bien longtemps déjà me tourner vers une formation professionnelle. Pour les autres, je ne fais que me plaindre (« Quand on veut on peut ! »). Mais quand personne ne vous soutient, que vous demandez à travailler, à aller à la bibliothèque et qu’on vous répond : « Ça sert à rien ! Reste à la maison ! », rien n’est simple.

Malgré ceci, je continue à rêver et à me battre. J’ai réussi à trouver un véritable allié, qui m’aide au quotidien et me soutient. Je travaille d’arrache pied pour tenter les concours l’an prochain. Plutôt que de me plaindre et me laisser abattre, j’aide les autres élèves dans une situation économique proche ou similaire, et partage mes méthodes de travail.

Aujourd’hui, je me bats pour obtenir le droit de rêver. Et je continuerai, car il ne faut jamais se laisser abattre. Les difficultés, les inégalités économiques et culturelles sont remédiables, dans une certaine limite bien évidemment, mais croyez en vous. Vous pouvez devenir ce que les sociologues appellent une déviance. Vous pouvez avoir une mobilité sociale ascendante et atteindre vos rêves.

 

Camille, 16 ans, lycéenne en classe de 1ère ES, Lyon

Illustration Openphoto CC Severin Koller

Partager

3 réactions

  1. Bonsoir, courage et ne baisse jamais les bras.
    Je suis fille d immigrés algériens très modestes n ayant pas pu faire d étude, mais à la différence de toi, mes parents m ont toujours conseillée d étudier (pas de souci pour aller à la bibliothèque 🙂 )
    Cela a été difficile sur certains points (financièrement surtout, je devais m assumer totalement dès l âge de 18 ans) mais j’ai tenu par goût des études.
    Aujourd’hui je poursuis ma spécialité en médecine et effectue en parallèle un cursus scientifique (M1, M2 l an prochain).
    Il ne fait jamais se décourager !
    Il y a des bourses, des APL, etc. Meme si cela ne suffit pas parfois.. Et peut paraitre décourageant par moment.
    Mais “à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ” 🙂

  2. Bravo, tu as bien du courage.
    Tu veux entrer en IEP? 7 écoles proposent, pour le concours d’entrée en première et en deuxième année un concours commun:
    http://www.sciencespo-concourscommuns.fr/-concours-commun-1re-annee-
    Tu auras 180 euros à payer pour t’inscrire. Le concours dure 2 jours, donc deux nuits d’hôtel + le train tu peux payer moins cher si tu réserves à l’avance. Disons que tu peux demander cela pour noël et ton anniversaire,
    Comme il y a une école à Lyon, tu peux y passer le concours.
    Pour ce qui est de la bibliographie, c’est souvent du grand classique et toute bibliothèque de grande ville digne de ce nom, toute bibliothèque universitaire ou même le CDI de ton lycée doivent avoir les bouquins. S’il t’en manque ou si tu as des conseils à demander, demande à tes professeurs, ils peuvent t’aider à t’entraîner. C’est de culture Générale alors tu harcèles le prof d’histoire, le prof de français et le prof de philo sans négliger le prof d’économie. Si le tiens ne veut pas t’aider, tu demandes à un prof d’une autre classe.
    Pour les prépas c’est trop cher mais dis toi bien qu’un travail personnel et sérieux peut payer tout autant et te servira grandement.

    Explique bien à tes parents qu’il n’y a que 1100 reçus pour les 7 écoles, et que si tu es prise c’est comme si tu avais gagné le tournois de danse/ foot/ tennis/ je ne sais pas quoi d’autre qui te permet d’être sélectionnée pour avoir une place de joueuse professionnelle. C’est la chance de ta vie.

    Pour ce qui est des aides financières, il faut ruser, et ce que je dis est soumis à confirmation:

    http://sciences-po.unef.fr/about-2/a-votre-service/le-petit-guide-des-aides-sociales-etudiantes/#autres

    Il faudra que tu aies un logement et que tu déclares tes impôts seule si tu veux avoir des aides, c’est le cas d’indépendance familiale avérée. Tu auras alors une exonération des frais d’inscription, le maximum d’aide au logement, le maximum de bourse avec un complément de 75% parce que tu es à science po ( soit 9625 euros pour l’année). Ce ne sera pas le Pérou mais on peut (sur)vivre avec ça.

  3. Respect jeune demoiselle.

Voir tous les commentaires

Commenter