Calu 25/02/2015

Je suis sans diplôme… Et alors ?

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Un diplôme à tout prix pour s'en sortir dans la vie ? C'est une vision partagée par beaucoup, mais il est aussi possible de s'en sortir sans, avec beaucoup de motivation, de persévérance et de l'aide.

Après une scolarité normale, des bulletins trimestriels dans la moyenne nationale, un brevet acquis en classe européenne, j’ai raté le dernier palier pour obtenir mon fameux « passeport vers la réussite », un baccalauréat économique et social, option audiovisuelle. L’explication la plus évidente : je ne suivais pas vraiment les cours et je n’étais pas motivée pour avoir mon bac. Depuis le début du lycée, je n’avais plus envie. Les cours ne m’intéressaient plus, je me cultivais autrement, en m’intéressant aux sujets abordés en cours sur internet, sur des encyclopédies en ligne ou autres. Un lien hypertexte menant à un autre lien hypertexte, j’en savais plus qu’en apprenant simplement le plan « thèse, antithèse et synthèse » du professeur d’histoire-géographie. Évidemment, je négligeais certaines matières, celles qui ne m’intéressaient pas.

Persuadée qu’on peut y arriver sans ce bagage

Sur le plan de mon orientation professionnelle, j’étais complètement perdue. Un sentiment accentué par le fait de ne pas avoir de diplôme.

Que faire quand tous les copains s’en vont pour suivre des études universitaires et que mes parents et amis persistent à dire que les diplômes sont importants pour une bonne réussite sociale ? Malgré la pression familiale, j’étais persuadée qu’on peut y arriver sans ce bagage. J’ai quand même retenté de passer le baccalauréat en candidat libre, avec cette fois-ci une spécialité Littérature. Tant qu’à faire, tentons autre chose ! Raté. Encore une fois.

Je n’ai alors pas eu d’autres solutions que de trouver un emploi avec pour seule expérience du baby-sitting. J’ai dû persévérer. A 18 ans, j’ai enchaîné plusieurs contrats dans le domaine de l’hôtellerie-restauration. Je n’avais aucune ambition professionnelle à ce moment-là, car là où je travaillais, il n’y avait pas de perspective d’évolution. J’ai d’ailleurs eu pas mal de collègues avec un bac +3 en poche qui travaillaient au même poste (serveuse et femme de chambre), pour le même salaire que moi. J’ai aussi connu le chômage.

Pendant cette période, j’ai vu mes anciens camarades bacheliers abandonner leurs études à la fac ou changer de cursus d’études, car ils avaient été mal orientés.

Je me suis alors rendue à la mission locale, en quête d’une (ré)orientation professionnelle. On m’a proposé d’intégrer un chantier d’insertion : Tremplin numérique. Ce qui m’intéresse, c’est l’ouverture à un secteur, le multimédia, qui me semblait inaccessible sans avoir fait d’études supérieures. Cela a confirmé mon intérêt pour l’audiovisuel et notamment le cadrage.

À la fin du chantier, je compte chercher du travail dans ce secteur d’activité.

On peut s’épanouir sans diplôme !

Aujourd’hui, je ne ressens pas de complexes par rapport à mon parcours. Je continue à penser qu’on peut s’épanouir sans diplôme. On apprend tout autant sur le tas. Devant un employeur, je dirai que je suis autonome depuis longtemps, que j’ai acquis de l’expérience de terrain, que je porte un réel intérêt au fait d’être derrière une caméra. J’aime raconter des histoires par le biais des images. Je dois encore me battre pour imposer mes choix à mon entourage. Mais je sais que j’y arriverai. Il est de plus en plus possible de s’instruire par soi-même. Nombreux sont les exemples de réussite en France. Les temps changent et ce ne sont plus les diplômes qui priment pour accéder à un emploi, être pluridisciplinaire et autodidacte est devenu un réel atout. Et pour moi « la vocation, c’est le bonheur d’avoir pour métier sa passion » (Stendhal).

 

Calu, 22 ans, salariée en insertion, Maison-Alfort

Texte rédigé en atelier d’écriture avec Banlieues créatives

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2 réactions

  1. Annule et remplace message précédent

    Pour certains, du fait de leur statut d’élèves en situation de handicap et du manque de sérieux dans les choix faits pour la mise en œuvre de l’école inclusive, l’absence ou le peu de diplômes est quasiment la norme (ex pour l’autisme y compris ceux sans d’efficience intellectuelle).

  2. Malheureusement dans certains domaines, il est impossible de trouver du travail sans diplôme. Surtout que de plus en plus d’employeurs en demandent de plus en plus aux demandeurs d’emploi car ils savent que les candidatures sont nombreuses. Vous le dites vous-même que vous avez travaillez en hôtellerie avec des collègues qui étaient surdiplômés par rapport aux tâches qui leur étaient confiées et que vous faisiez la même chose pour le même salaire. Tant mieux pour vous si vous avez trouver du travail dans un domaine qui vous plaît et qui ne nécessite pas de diplôme. Beaucoup de gens pouvaient être autodidacte avant mais plus maintenant. Moi-même, je n’ai qu’un BEP et j’ai réussi de ma vie professionnelle. Mon mari n’a aucun diplôme et aujourd’hui il est responsable de production. Comme quoi ? Bonne continuation !

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