Amelie P. 05/02/2016

Osons échouer !

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Durant ses études, au travail, en famille, l'échec est toujours perçu négativement. Et si finalement on avait le droit d'échouer ? Amélie prône ce droit à l'échec et au changement, finalement à innover en recommençant.

Toi qui viens de te réveiller une heure en retard. Ou qui viens de laisser brûler ton gâteau. De trouer ton collant. De louper ton concours. D’oublier l’anniversaire de ta meilleure pote. De perdre ta carte de bus. De mettre ton T-shirt à l’envers. De rencontrer un rail de tram avec la roue de ton vélo. De glisser sur une plaque de verglas. Nous tous, nous connaissons l’échec au quotidien. Pourtant, loin de savoir l’anticiper, il nous effraie tous.

Je songe à cela après avoir loupé mon train et appris que le suivant a été annulé par la SNCF, et donc que je serais en retard au boulot. J’y pense lorsque les larmes me montent aux yeux et lorsque je me demande pourquoi je me mets dans un état pareil. Pourquoi ne savons-nous pas encaisser l’échec ? 

Innover = risquer de tout perdre ?

Je crois que c’est un des maux de notre génération. Dés notre plus jeune âge, on nous pousse à réussir. Il faut récolter les gommettes, il faut avoir des bonnes notes, il faut trouver une orientation, il faut obtenir un bon poste et un bon salaire, il faut trouver l’amour de sa vie, avoir des enfants, il faut être en haut de l’échelle sociale, consommer, gaspiller, il faut être le meilleur, le plus beau, le plus fort, le plus musclé, le plus bronzé. Il faut. Il faut. Il faut. Et surtout, il ne faut jamais échouer sinon, on perd du temps et comme le dit le proverbe : « Le temps c’est de l’argent. » Mais toute cette pression nous rend encore plus fragile et vulnérable. On a peur d’échouer, donc on a peur d’essayer, donc on n’essaye pas. On opte pour la vie de monsieur tout le monde par sécurité. Parce que l’idée d’innover est reliée dans notre tête au risque de tout perdre.

On rêve tous d’un monde meilleur, plus juste. Alors on l’évoque autour d’un verre, mais on n’agit pas. Parce qu’on a peur que de s’engager dans une association ne nous prenne trop de temps, parce qu’on a peur de changer de vie parce qu’après avoir sauté dans le vide on ne sait pas remonter.

Cette peur de l’échec induite par une société qui nous demande de toujours rentabiliser nos actions, qui stigmatise la paresse, nous paralyse. On ne sait même plus faire des choix, on a toujours peur de ne pas prendre le meilleur plat au resto, d’emprunter la file d’attente qui avance le moins vite, de choisir le mauvais chemin, la mauvaise personne. Lorsqu’on a enfin le courage de faire un choix, on a peur de le regretter.

Souvenons-nous de nos rêves, espérons l’échec

Si je pose cette question : « Pourquoi vous n’agissez pas ? » La plupart d’entre vous répondront qu’à votre échelle, vous êtes inutile. Une fois encore, vous avez peur de vous investir et de ne pas réussir à aller jusqu’au bout de votre idéal, de ne pas avoir d’impact. Peur de gaspiller du temps, de vous fatiguer pour rien.

Pourtant, c’est avant tout l’échec qui nous construit, sans l’échec l’Amérique n’aurait pas été découverte en 1492, la tarte tatin n’existerait pas, le pop corn non plus. Sans l’échec, nous n’aurions pas connu la technologie, pas connu d’évolution. C’est bien parce que certains ont eu le courage d’oser, le courage d’échouer et de se relever que nous avons connu le progrès. Pourtant ça, on ne nous l’apprend pas, ni à l’école, ni au boulot, ceux qui ne réussissent pas sont relégués en bas de l’échelle, ceux qui réussissent sont propulsés tout en haut de cette même échelle. Au judo, on nous apprend à tomber pour que la chute soit moins douloureuse, dans la vie, jamais.

Alors pour réussir, échouons, un milliard de fois s’il le faut, tant que nous nous relevons ensuite, le nombre n’a que peu d’importance. Réjouissons-nous de l’échec. Loupons notre train, notre coiffure, notre partiel de maths, apprenons à devenir plus fort, rions de tout cela. N’ayons plus peur d’avoir honte, d’être mal perçu, de tout perdre. Espérons l’échec, car il nous montrera la voix de la réussite.

N’abandonnons jamais, souvenons nous de nos rêves, faisons tout pour qu’ils deviennent réalité, apprenons à rater, réessayer, rater encore, réessayer encore, rater toujours, réessayer toujours, à réussir enfin.

Acceptons l’échec et n’oublions jamais que l’homme s’est toujours adapté et s’adaptera toujours aux contraintes de son environnement.

La légende du Colibri

Pour créer le monde de demain à notre image, échouons. Nous ne sommes pas utopiste, nous sommes ceux qui croient en la valeur de l’échec. Plus on échouera, plus on multipliera nos chances de créer un monde en adéquations avec nos valeurs et nos rêves.

Je finirai en citant Pierre Rabhi, citant lui-même l’histoire amérindienne du Colibri, certains de vous la connaissent sans doute déjà, pour les autres se sera l’occasion.

« Un jour, dit la légende il y a eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active allant chercher quelques goutes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou agacé par ses agissements dérisoires lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces goutes d’eau que tu vas éteindre le feu ? – Je le sais, dit le Colibri, mais je fais ma part. »

Le Colibri n’a pas eu peur d’échouer, ni de se bruler les ailes, il a osé.

Soyons la génération de l’échec qui aura tout réussi.

Amélie, 19 ans, étudiante à l’école supérieure de commerce et de développement 3A, Lyon

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4 réactions

  1. Bonsoir Amélie ! BravoO & merci !
    De l’audace en effet, l’audace d’oser, de risquer et…. De recommencer !
    Tu parles des gomettes et c’est même parfois plus tôt que démarrent les challenges : lorsqu’on apprend à marcher, à tenter d’être “propre” la compét est déjà au bac à sable lorsque les comparaisons se font entendre du genre “oh mon gamin a marché à 16 mois..ou encore ma gamine a été toute seule sur le pot à 15 mois…” Que sais je ! On s’en tape !! Nous marchons toites et tous et sommes toutes et tous capables de différer nos envies pressentes…!!
    Et aprés nous sommes tombés d’avoir oser lâcher la main qui nous tenait, et avons su nous relever, puis avons de nouveau rechuter … Et aujourd’hui ? Qui a vu qq’un autour de soi qui ne savait pas marcher sauf quand la vie s’en est mélée et a rendu cela plus compliqué, là où la santé peut être défaillante parfois.
    Sinon nous sommes toutes et tous avec cette capacité !
    Alors oui OSONS, Osez vous les jeunes qui êtes les femmes et les hommes de demain, OSEZ croire en vous et sortir de ces croyances des ” il faut ” ceci ou cela pour réussir sa vie !!
    Croyez en vous ! Croyons en nous et aussi aux autres, écoutons notre coeur, et soyons audacieux ! Sachons contribuer à l’évolution du monde tel que nous l’imaginons ! Lorsque l’on souhaite que les choses changent c’est par chacun d’entre nous que le chemin commence !
    Merci Amélie pour ton enthousiasme, ta positivité
    Comme c’est bon de sentir LA VIE avec simplicité !
    Colibrissement vôtre
    Belle soirée
    Dorothée

  2. Mais meuf tu es genre géniale !!!!!! C’est exactement ce que j’avais besoin de lire !! 😀

  3. Salut Célia,
    Je penses que ceux qui ont le plus peur de l’échec, c’est nous. Nous, ceux qui ont eu la chance de ne jamais échouer et de ne jamais vivre avec rien. On a tellement été protégé que le fait de perdre, d’échouer nous obsède et nous traumatise. Je penses que c’est a ces personnes là que je veux m’adresser dans cet article pour comme tu le dis qu’ils tirent partie de leur position privilégiée. Ils (nous) sont les plus aptes a changer les choses je penses, mais que pour le faire il faut arrêter de parler mais se jeter dans le vide et essayer. Je rencontre tellement de jeunes qui critiquent, qui rêvent, mais qui n’agissent pas. On n’effacera pas toute cette pression sociale qui a toujours existé et qui existera toujours mais je penses qu’on peut apprendre à s’adapter à elle.
    J’espère que j’ai bien répondu à ta question !

  4. Salut Amélie, et merci pour cet article enthousiasmant et encourageant. Te lire me rappelle un article très similaire qui avait été publié par zep et que j’avais rédigé sur le droit de décrocher, en lien avec la pression scolaire, des diplômes, de la “réussite” sans qu’on n’interroge ce terme qui relevé de la construction sociale. Mais voilà, j’écrivais ça alors que typiquement, aux yeux des autres, j’ai le parcours “sans faute”, sciences po, études et jobs à l’étranger, aujourd’hui en doctorat. Je n’ai jamais décroché, si ce n’est pour un parcours un peu alternatif, anticonsumeriste, solidaire, en essayant de donner corps à mes idées au quotidien. Et je lis que tu es en école sup de commerce à 19 ans et je me dis que toi aussi, ton parcours correspond jusqu’ici à l’image qu’on se fait de la réussite scolaire et que tu n’as pas dû te tromper beaucoup. Alors voilà, ça me questionne. Et si nous pouvons profiter de nos positions pour changer la vision de certaines choses, que pensent ceux qui pensent se tromper vraiment. Et nous mêmes, écrivons nous ces articles pour échapper à la pression qui nous étouffe et nous empêche de faire les choix qui soient vraiment en adéquation avec nos convictions? Typiquement, se tromper? Risquer autre chose? Décrocher? J’aimerais bien avoir ton regard là-dessus !

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