Farah A. 24/03/2015

Je me réveille en arabe, je parle en français, et ma mère regarde des séries TV turques

On pourrait croire à de la schizophrénie, mais non ! C'est la mixité qui rythme ma vie. Passer d'une langue à l'autre est un exercice quotidien, que je pratique avec plaisir !

Tous les matins, je me réveille en saluant ma famille, principalement en arabe, et je mange des gâteaux orientaux que ma grand-mère nous a « envoyés » du Maroc. Elle les a donnés à ma tante qui y était en vacances. Cela arrive souvent, et tant mieux : ses cornes de gazelle sont les meilleures de toutes.

Je me rends au lycée, je parle français toute la journée, on m’enseigne le fonctionnement de la France, sa Constitution, ses lois, son histoire, sa langue, le comportement que l’on doit avoir pour être un bon citoyen… C’est normal après tout. Si on ne nous apprend pas tout ça, à quoi ressemblera la France de demain ?

Quand je rentre en bus, il y a des gens de toutes les origines. Je peux entendre toutes les langues. Je suis avec mes amies, certaines sont asiatiques, d’autres européennes et d’autres encore africaines. Certaines ont les mêmes origines que moi, et je m’entends mieux avec elles, peut-être grâce à nos points communs : je sais qu’on a le même mode de vie. Ça nous rapproche.

En plus, quand ma mère sait que je vais chez elles, elle ne s’y oppose pas, elle envoie même des gâteaux, des crêpes arabes, ou ce qu’elle a sous la main, pour la maman de ma copine. Après, pour les sorties avec elles, c’est moins évident. Je ne sais pas pourquoi, mais ma mère n’est pas du tout rassurée. Il faut vraiment que ce soit pour un exposé ou quelque chose pour l’école, sinon : pas moyen. Mon père, lui, c’est différent. Quelle que soit l’origine ou la religion de la personne, il me laissera y aller. Je pense que c’est parce qu’il est né ici. Il sait à quel point la mixité est présente et il y est habitué.

« Tu préfères ici ou la France ? »

J’ai des amies de différentes origines, différentes religions aussi. Je leur pose souvent des questions. Cela m’intéresse de connaître nos différences, de comparer. Je rentre à la maison, et là, à nouveau, retour aux origines : salon marocain, tableaux religieux et tout ce qui va avec. Ma mère regarde à la télé une série turque. Je regarde quelques minutes avec elle, puis je vais faire mes devoirs en français. Ma mère passe un coup de fil au Maroc, je parle un moment avec ma famille marocaine. Elle me pose toujours cette même question en arabe : « Alors ? Tu préfères ici ou la France ? » Et moi, je réponds toujours, en arabe bien sûr : « Je les aime tous les deux de la même manière, ce sont mes pays, autant l’un que l’autre. » Puis, ma mère appelle l’Algérie, et je parle avec ce côté de ma famille, en algérien cette fois. Après cet appel, je retourne à mes devoirs, je révise l’anglais et l’espagnol. C’est un quotidien banal pour moi, rempli de mixité. Cela ne me déplaît pas, j’apprécie même beaucoup ! Même s’il y a parfois de quoi faire des confusions.

 

Farah A, 15 ans, Île-de-France

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3 réactions

  1. c’est un texte qui traite un sujet tres interressant et qui rassemble enormément de chose en quelque ligne.Il est très agréable a lire.

  2. bon descriptif de la societe actuelle bravo

  3. ça fait plaisir de voir qu’on est pa le seul a vivre cette situation … tres bon récit

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