Marion C. 16/09/2016

Je suis une petite conne

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Marion aime, Marion déteste. Marion affirme ses choix, ses envies, ses avis. Et tant pis (tant mieux ?!) si ça fait d'elle une petite conne !

Je suis une petite conne. Je ne respecte absolument pas ce que la société veut que je respecte. Je veux juste mettre un gros coup de pied dans la conception du monde qu’on veut me faire entrer dans la tête. Je veux l’enterrer dans un trou très profond, la faire mourir. Je veux m’enfuir très loin.

Je suis une petite conne. Je me perds dans mes conneries. Je me perds dans mes opinions d’anti-système à la con.

Je me rassure en me disant que le monde ne tourne pas autour de moi et que tout le monde se fout de l’existence d’une énième petite conne sur cette petite Terre.

Je suis une petite conne. Je ne respecte aucun code de conduite. Je parle à mes professeurs comme je parle aux gens de mon âge, aux gens que je rencontre dans la rue, comme je parle à tout le monde. Je déteste par dessus tout la pseudo-autorité qu’on essaie de me faire avaler pour toujours me faire taire, et taire à l’intérieur de moi l’esprit de révolte et la réflexion. Je déteste les codes. Je déteste l’étiquette. Je déteste dire “Madame” ou “Monsieur”. Je déteste vouvoyer. Je n’y réfléchis plus beaucoup mais quand j’y pense je me souviens toujours que je déteste tout cela. Je déteste la distance nous nous imposons pour ne pas être obligés d’admettre que nous sommes tous égaux.

Je sors sans soutif, les poils à l’air

Je déteste les bonnes manières. Je lèche mon assiette. Je mange sans couteau, avec les doigts. Je vole des couverts dans les restaurants. Je vole des petites babioles dans les magasins. Je bois du smoothie à-même la brique, au supermarché. Je la referme soigneusement et puis je la repose dans le rayon. Je sors sans soutif, les poils à l’air. Quand il fait chaud, je porte des tongs un peu partout et je fais en sorte de faire le plus de bruit possible en marchant avec. C’est très drôle quand je suis dans un musée, une administration ou à la Sorbonne. Je casse complètement l’ambiance de coincés du cul qui y règne.

Je suis une petite conne, doublée d’une sauvageonne qu’on a voulu faire entrer dans une cage, en vain.

Je suis une connasse de petite conne. Je fais chier. Je déteste l’élitisme. Je déteste qu’on essaie de me faire croire que j’aurai de la valeur si j’accepte de retenir des cours dans lesquels est vanté, de façon sournoise et dégueulasse, le capitalisme (et le racisme, le colonialisme…)

Je déteste les cours de civilisation, qui ne me parlent que des pseudo-exploits d’hommes blancs. Je déteste tous ces cours qui ne m’apprennent qu’à reproduire le système actuel. Je déteste m’asseoir dans un amphi, prendre des notes. Je déteste aller en cours. Je fais des crises d’angoisse. Je veux m’en aller. J’ai subi l’école pendant longtemps mais je ne peux plus beaucoup. Je déteste le regard de certains professeurs quand je m’insurge, quand je donne mon opinion (ce que nous sommes sensés faire, il paraît).

Je déteste quand les gens plus âgés me disent que, quand j’aurai quelques années de plus, ” tout ça me passera”.

Non, cela ne passera pas ! Je suis une petite conne et je resterai une petite conne !

J’emmerde joyeusement le monde

Avec les années, je n’ai fait que progresser dans la “radicalité”, dans l’esprit de révolte et dans les envies de vomir quand je pense à tout ce qui m’entoure.

Je suis une petite conne. Je suis une petite conne grincheuse, pessimiste, insupportable, et farouche. Je déteste plein de gens, pleins d’opinions. La télévision m’énerve. Les films au cinéma m’énervent. Les publicités m’énervent. L’apathie ambiante m’énerve.

Je suis une petite conne. Je me rends compte de ma condition et je ne me sens même pas mal.

Je suis une petite conne qui sait aimer de toutes ses forces et qui sait le dire. Je suis une petite conne qui chante, fait des grimaces, et aime faire rire.

Je suis une petite conne qui aime rire d’elle-même aussi. Je suis une petite conne qui ne se préoccupe pas beaucoup de son avenir. J’ai brisé plein de chaînes et j’ai refusé plein de chemins, qu’on veut encore m’imposer. Je suis une petite conne qui s’aime.

Je suis une petite conne parce qu’on m’a dit que celles qui criaient trop fort, qui étaient trop “radicales”, qui ne respectaient pas les règles, qui n’étaient pas monogames, qui réfléchissaient trop, qui avaient trop de désirs, qui considéraient qu’être mère et épouse n’était pas LE but, qui voulaient baiser, avoir des orgasmes toutes seules aussi, qui aimaient sans rien demander, et qui voulaient changer le monde, étaient de petites connes qui n’auraient jamais rien dans la vie.

J’aurai plein de choses dans la vie. J’ai déjà plein de choses. J’ai déjà plein de bonheur et plein d’amour dans mes bras. J’ai déjà plein de mots et plein de soif de liberté. J’ai mon coeur de petite conne qui bat très fort. Je le sens battre. Je me sens exister.

Je suis une petite conne. Je veux porter fièrement ce titre. Oh oui ! Je veux le porter très haut. Je veux encore me mettre en colère, m’insurger, dire ce que je pense. Je veux encore aimer, ne pas m’arrêter. Je suis une petite conne et j’emmerde joyeusement le monde.

 

Marion Cécile, 20 ans, étudiante, Paris

Crédit photo Gratisography

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2 réactions

  1. D’accord avec light. Toute cette énergie et cette révolte peuvent servir à quelque chose de productif, qui va peut-être te permettre de proposer des changements à ce monde si pourri, mais c’est cool de le faire en respectant les autres.
    Je te recommande ça: https://www.coursera.org/learn/entrepreneur-changement

  2. Ce n’est que mon avis, mais je trouve qu’entre révolte et manque de respect, il y a quand même une marge …. . Que tu aies un mode de vie “révoltée”, ok, ça te regarde, tu fais ce que tu veux…. Mais n’impose pas tes choix et tes attitudes aux autres. Voler dans les magasins, boire directement au goulot dans les supermarchés…etc,… Non seulement c’est dégueu mais ça nuit aux autres.

    Et puis, tu ne t’es jamais dit qu’il y avait des manières beaucoup plus intelligentes et efficaces de te révolter contre le système?

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