Zahia B. 28/10/2016

Le foot au féminin, c’est toujours pas gagné !

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Jouer au foot quand on est une fille, même en 2016, pas toujours facile. Incomprise par ma famille, jugée par les garçons... J'ai pourtant réussi à surmonter les préjugés.

Je suis une fille et ma passion, c’est le foot.

A l’âge de 10 ans, j’ai commencé à jouer en bas de ma cité avec des garçons. Au début, on m’a rejetée. On me disait : « Depuis quand les filles jouent au foot ? » Et il y en a un qui a ajouté : « En plus, elle doit être nulle. »

A ce moment-là,  j’avais la haine. Je ne savais pas quoi faire. Puis je leur ai répondu : « Ben, on a qu’à faire un match on verra. »

J’ai arrêté de jouer avec les garçons

A ce moment-là, j’avais peur de me ridiculiser, mais j’avais tellement envie de toucher la balle que je ne réfléchissais pas. Nous avons commencé la partie. Au début, on ne me faisait pas trop de passes, mais plus je forçais, plus je prenais la balle et j’aidais mon équipe à marquer.

A la fin de la partie, ils ne voulaient pas l’admettre mais je me débrouillais bien pour une fille.

Quand j’étais en CM2, tous les samedis, les garçons de ma cité qui avaient un an de moins que moi, me proposaient de jouer avec eux lorsqu’ils me voyaient.

Mais, d’origine maghrébine, nous les filles n’avons pas trop le droit de rester ou de jouer avec les garçons.

On avait le droit de faire du foot… mais entre filles. Je respectais ça aussi, car cela fait partie de mes origines.

Mes parents ne disaient pas grand-chose car  je n’avais que 10 ans, mais à partir de la 5e mon grand frère a commencé à me dire d’arrêter de jouer avec eux, et mes parents aussi.

Je ne sais pas trop pourquoi mon frère n’aimait pas que je joue avec des garçons, peut être qu’il avait peur pour moi. Je n’ai jamais osée lui poser la question,  je le respecte trop.

Cela m’a déçue, mais je les ai écoutés et j’ai arrêté de jouer avec les garçons.

Mon premier jour en club, j’ai kiffé

C’est lorsque je suis arrivée en 3e que j’ai entendu une de mes potes dire qu’elle connaissait un club de foot. J’ai demandé l’autorisation à mes parents et ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas contre l’idée que je fasse du foot en club. Mon frère si, mais il a finalement accepté.

Je voulais tellement continuer à jouer au foot !

C’était un club mixte, mais les filles avaient leur propre équipe. Mon premier jour s’est bien déroulé. J’étais un peu stressée mais j’ai kiffé.

L’entraîneur m’a alors prise dans son équipe même si je n’étais pas très forte par rapport aux autres filles, et j’ai dû faire mes preuves durant de vrais tournois contre d’autres clubs féminins.

J’avais entraînement tous les mercredis. Tous les dimanches, on avait des tournois. Le problème ensuite, c’était de m’intégrer à mon équipe. C’était un peu compliqué car,  à 15 ans, il y avait déjà de la compétition, mais je n’ai pas lâché.

Une année s’est écoulée,  j’ai décidé de faire une deuxième année de foot dans le même club. Cette année a été la plus réussie et la plus heureuse. J’étais bien intégrée à mon équipe. La deuxième chose qui m’a surprise, c’était les compliments des filles : lorsqu’elles m’ont dit que j’avais bien progressé et que j’étais indispensable à l’équipe.

L’entraîneur m’a dit que c’était vrai ; il faut dire que j’y mettais du cœur.

Mon père jouait beaucoup au foot quand on habitait au bled. J’étais petite lorsqu’il nous emmenait, mon grand frère et moi, le voir jouer.

Cette année je ne me suis pas encore inscrite au foot à cause de mes cours.

J’ai 17 ans, je suis en 1ere et l’école est ma priorité. Mais je pense à me réinscrire, car c’est ma passion ! Mon petit frère, lui, vient d’intégrer un club et je le soutiens.

Je pense que chacun de nous a le droit de choisir et de faire le sport qu’il veut, fille ou garçon.

 

Zahia, 18 ans, lycéenne, Montreuil

Crédit photo Flickr

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1 réaction

  1. Salut !

    Je vois pas pourquoi tu écoutes ton frère, de toute façon. Autant tes parents, c’est un peu « normal » d’écouter leurs avis puisqu’ils font ton éducation.

    Mais ton frère ne t’éduque pas, lui. Ce que tu fais de ta vie ne le regarde pas, même si tu es une fille et lui un mec.

    Je sais que c’est courant apparemment dans la culture magrébine que la sœur écoute le frère, comme si le fait d’être un garçon lui donnait une autorité valable sur la fille, et je ne juge pas, mais si j’étais toi, je m’affranchirai de cette « autorité » qui, contrairement à celle de tes parents, est totalement injustifiée. .

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