Soumeya K. 20/04/2016

Du haut de ma tour, j’observe les alentours

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Soumeya habite dans un quartier "sensible" de Toulouse. On la questionne souvent sur son potentiel départ, sa possible envie de le quitter. Mais son quartier, elle l'aime.

On dit que c’est un quartier sensible, que d’une agression tout le monde peut être la cible. On m’a souvent demandé comment ça s’y passait, si un jour on m’a déjà agressée ou si je voulais le quitter. Ce sont des questions récurrentes et assez irritantes.

C’est un quartier comme le vôtre

C’est un quartier comme un autre, un quartier comme le vôtre. Seulement, ici règne la précarité, c’est là qu’il peut se différencier. Ici le taux de chômage est haut, non pas parce que la jeunesse aime faire dodo, mais parce qu’elle ne trouve pas de boulot. Beaucoup ont fait des études supérieures, mais aucun(e) n’a de poste à sa hauteur. C’est soit trop qualifié(e), soit pas assez.

Combien se sont vus refuser des postes pour lesquels ils étaient qualifiés, à cause du quartier d’où ils provenaient. Ce n’est pas une victimisation, mais une simple constatation. Une fois l’adresse changée, directement ils furent embauchés.. Malheureusement, actuellement, il faut tricher pour être considéré, la franchise et l’honnêteté ne sont pas tolérées.

Non ce n’est pas un manque de volonté.

Du haut de ma tour, j’observe les alentours.

Unis au-delà des différences

J’y vois de la solidarité, de la diversité, ici on se salut et se sourit. J’y vois de belles amitiés qui se créent. Elles sont interculturelles, ce qui les rend encore plus belles. Beaucoup se connaissent, et même sans se connaître, échangent des politesses. La diversité est une richesse, si on venait à la perdre, on serait envahi par la tristesse.

C’est comme Christophe et Malik, de différentes éducations et cultures, quand on en voit un, l’autre n’est pas bien loin soyez en sûr, inséparables depuis l’enfance, même s’ils n’ont aucune ressemblance. Ce qui les unit est plus intense que de simples similitudes. À force d’être ensemble ils ont la même attitude et les mêmes attitudes.

Du haut de ma tour, j’observe les alentours.

La jeunesse devrait être sollicitée

Et je porte mon regard plus loin. J’entends les gens parler, alors qu’ils n’y connaissent rien. On pointe nos problèmes, ils veulent les résoudre, mais les solutions proposées ne sont pas les bonnes. On a besoin de vraies personnes qui raisonnent.

Ce n’est pas en changeant le décor, que de la jeunesse on changera le sort.

Chers diplomates, tout passe par l’éducation, la réforme des mentalités et puis surtout changer la manière dont cette jeunesse oubliée est traitée. Elle devrait être sollicitée avant que pour elle on ne monte des projets. Elle devrait être questionnée avant qu’en son nom on s’empresse de parler.

Du haut de ma tour, j’observe les alentours.

 

Je me dis qu’il faut réagir avant que les choses ne s’empirent. Que ce quartier on devrait s’efforcer à l’embellir. Pour pouvoir inviter les préjugés et les détruire.

 

Soumeya K., 21 ans, volontaire  en service civique à l’AFEV, Toulouse

Crédit photo Thomas Tacquet / Charlotte Christiaëns

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3 réactions

  1. @clélia oui heureusement qu’il existe des moyens d’expression, mais il faut aussi que les jeunes se reveillent et s’approprient ses moyens d’expression et qu’ils se fassent entendre et avec le temps on finira par avoir plus d’écho ^^!

    @Hakim, ouii le combat continue ! Tout à fait 😉

  2. Le combat continue 🙂

  3. Tout à fait d’accord avec toi…Toute la force que représente la jeunesse avec ses projets, son idéalisme et ses idées est perdu en France…On laisse peu d’opportunités aux jeunes de montrer ce qu’ils savent faire…Et on laisse les « vieux » décider pour des jeunes, et on s’étonne que ça ne marche pas…
    heureusement qu’il y a quand même des assos comme l’AFEV ou la ZEP pour qu’on puisse au moins s’exprimer ! ^^

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