David T. 11/05/2016

Facebook. Et si je me déconnectais ?

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Facebook. Des Likes, des commentaires, des partages, des citations et des demandes d’amitié… Une perfusion que David aimerait bien mettre de côté.

 

Facebook ou la sensation de communiquer

Moi j’aime bien qu’il y ait de l’activité sur mes comptes Facebook.

Des profils, des pages et des événements…

Tout ça bien rempli de posts et de médias. Voilà la tambouille Facebook.

Il ne reste plus qu’à y ajouter des liens entre les gens et de la profondeur dans chaque case, et nous voilà dans la sensation de communiquer.

Pour vous garder en alerte, pour vous avoir autour de moi, pour avoir la sensation d’appartenir à un groupe et d’y contribuer, il me faudra moi-même poster, partager, citer, délivrer du contenu intéressant et bien rangé, s’il vous plait. Du toujours plus nouveau, plus mignon, plus surprenant, plus mis en forme pour passer à travers les mailles de votre intérêt et trouver de votre temps.

L’onglet Facebook est en permanence ouvert sur le monde qui gravite autour de moi… de moi… de moi.
Mais je peux également y découvrir des choses de l’extérieur, de l’innovation, et reposter tout cela pour partager avec mon éco-système : mes amis, ma famille, les potes, les connaissances, les rencontres du coin de la rue, et puis quelques inconnus.
Qui me suit ? Qui m’aime ? Qui me fait exister en apposant son nom à côté du miens ? Qui va donner de l’intérêt à ce que j’ai posté et le relayer, pour me nourrir de cette sensation de servir, d’avoir un intérêt, de ne pas être seul, de communiquer…

Et si je devais imprimer mes photos pour les faire connaitre ?

Facebook nourrit mon ego et flatte ma conscience par un sentiment d’appartenance. Le nombre de mes amis, le nombre de likes sur ma page, le nombre de shares, le nombre de commentaires, le nombres de réactions et de nouvelles demandes… Tout cela me permet de me sentir important. Comme si ces notifications étaient autant de gens qui souhaitent garder le contact avec moi, qui me donnent une valeur, qui me disent de continuer d’exister pour ce que je fais.

Et si je coupais cette perfusion ? Et si je descendais mes escaliers et retournais me noyer dans l’individualité, le risque de devoir parler à des inconnus dans la rue. Et si j’allais me nourrir de courir et de contact physique plutôt ? Et si j’allais mélanger mes molécules à celles des autres êtres de ma localité ?
Et si je devais imprimer des photographies pour les faire connaitre… Je ne pourrais pas y apposer mon nom si je les affichais dans la rue, c’est interdit. Je devrais acheter un espace publicitaire au prix que le payent les blockbusters. Je pourrais alors m’exposer, mais le coût des impressions est à l’image du coût horaire de l’homme européen… et qui va m’acheter ?

Est-il possible pour un photographe qui débute de se défaire de cette communication électronique mondialisée ?
Est-il possible pour un jeune trentenaire de rester connecté à ses amis aux quatre coins de France, d’Europe et du monde, et de ne pas louper un événement sans rester « connecté » ?
Est-il possible de survivre, de s’épanouir, de garder confiance en soi sans une rasade journalière d’applaudissements ?

Et si je me déconnectais ?
Et si je ne publiais pas ce post…

 

Comme si les interdits de la rue laissaient place aux possibilités de la toile
Comme si le risque de l’inconnu dans la rue laissait place à la découverte de la nouveauté dans un lien bien illustré.
Comme si la distance avec mes amis était remplacée par la course des électrons par paquets.
Comme si je passais plus de temps devant une interface utilisateur que devant des êtres faits de peurs…
Allez, je raccroche, on verra ça plus tard.

 

David T., 30 ans, photographe, Marseille

Crédit photo David T. 

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1 réaction

  1. Je partage, dans tous les sens du terme ! merci

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