Hawa N. 23/12/2014

Métro, sourire et balafon

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Paris, c'est une ville de gens pressés. Alors rencontrer Djali et son balafon, au détour d'un couloir de métro, c'est comme une parenthèse enchantée...

Paris, station Nation, 8h30. Traits tirés, bâillements répétés, gens pressés. La routine quoi. Je presse également le pas, j’ai un métro à attraper. Je me faufile entre les passants, observe tous ces gens qui checkent leur montre et marchent si vite qu’on croirait presque qu’ils trottinent. C’est aussi ça Paris, une ville de gens pressés.

Soudain, des sonorités africaines

Pourtant, alors que j’atteignais l’interminable escalator de Nation, de jolies notes de musiques retentirent dans l’air. Sonorités africaines, je reconnais tout de suite ce genre de mélodie. Ca change un peu des accordéons, violonistes et autres musiciens traditionnels que l’on rencontre souvent dans les transports de la capitale.

Je traverse le long couloir de ma correspondance et la musique est de plus en plus forte, les notes raisonnent dans les murs, ce petit air de balafon (instrument de percussion africain) devient entraînant, on s’en approche. A quelques mètres de là, près d’une intersection entre les différentes lignes de métro, un homme est assis sur le sol, dos au mur, son balafon sur les jambes. Il frappe énergiquement dessus avec ses baguettes recouvertes de caoutchouc. On est tout de suite charmé par son sourire. Il sourit à chaque passant tout en continuant de jouer de son instrument. Sa bonne humeur est contagieuse, de nombreux passants lui retournent son sourire, moi la première, touchée par tant de joie dès la matinée.

J’en ai pourtant vu des tas et des tas de musiciens durant ces heures passées dans les transports parisiens, mais celui-ci m’a particulièrement marquée, par son sourire et sa générosité. Un véritable partage. Je continue ma route, toujours le sourire aux lèvres en me disant que si tous les passagers des transports en commun étaient plus souriants, Paris serait beaucoup plus fun.

Cela me fait penser au jour où le chauffeur du métro, après une annonce concernant la ligne, s’est écrié : « Et franchement, souriez ! Ca ne fait de mal à personne! Vous devriez faire comme cette petite dame là,  elle est toujours souriante. »

Approcher l’homme au balafon

Je l’ai souvent recroisé, « l’homme au balafon », toujours accueillie par ses notes de musique si gaies, toujours aussi souriant, toujours aussi joyeux. Et comme je suis une grande curieuse, j’ai voulu en savoir plus sur lui. Alors un jour, j’ai décidé de l’approcher.

On ne s’imagine pas quelles histoires et aventures peuvent avoir vécu ces chanteurs et musiciens de rues. On écoute parfois leurs chansons d’une oreille sans y faire plus attention. Certains se disent blasés par les classiques de la chanson française, véritables hit du métro repris inlassablement à l’accordéon ou au violon. Je trouve que même si certains sont plus doués que d’autres, ils apportent une touche de joie et de bonne humeur dans ces wagons où règne souvent l’ambiance des matins pressés, du stress et de la mauvaise humeur.

«L’homme au balafon» s’appelle Djali, il est d’origine Guinéenne et cela fait plus de 7 ans qu’il joue du balafon dans les métros parisiens. Il a commencé à jouer à l’âge de 6 ans et son balafon l’a amené à voyager un peu partout dans le monde, en Afrique, comme au Sénégal, et en Europe : de l’Italie à  l’Allemagne, la Pologne, la Belgique ou encore la France. Il ne peut pas me citer toutes ses destinations tant il a voyagé.

Je lui demande comment c’est de jouer dans le métro et il me répond que même si ce n’est pas toujours facile, cela ne l’empêche pas de garder sa bonne humeur. D’ailleurs, quand je lui demande comment il fait pour constamment garder le sourire, il me répond en souriant que ça lui fait plaisir de voir les gens sourire : «On est un peu comme des artistes, il faut garder le sourire, certains vont aimer et se souviendront de nous, d’autres non.»

A ma question: « Quel serait ton plus grand rêve? », Djali s’arrête de jouer un instant, réfléchit puis me dit: « Tant que je suis heureux, en bonne santé et qu’il y a du respect, alors j’ai tout gagné. » Sourire.

 

Hawa, 22 ans, volontaire en service civique, Île-de-France

Crédit photo La ZEP

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