Maëliss B. 12/01/2015

Répondez à coups de crayon !

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Le 7 Janvier 2015, des terroristes attaquent Charlie Hebdo. La France accuse, choquée, le coup de cette violence. Et les jeunes ils en pensent quoi ? Série de témoignages.

Petit, on vous mettait un crayon dans les mains, et on vous demandait de dessiner. Alors, avec votre regard d’enfant, vous noircissiez votre page blanche. La feuille vierge se métamorphosait en un joli champ de coquelicots, une maison à la cheminée fumante et un beau soleil. C’était ainsi que vous voyiez le monde qui vous entourait quand vous aviez six ans. Vous viviez encore dans « le monde des Bisounours », tout le monde était gentil, tout le monde vous écoutait, la haine, la vengeance, ne faisaient pas partie de votre vocabulaire de petit enfant. Non, pas encore.

De leur crayon une arme

Pourtant, avec les années, vous apprenez à définir ce que cachent les mots noirs du dictionnaire. À la lettre A, à la soixante-dix-septième page, sixième mot du dictionnaire Larousse, il est écrit « attentat » : « Attaque criminelle ou illégale contre les personnes, les droits, les biens. » Si, à six ans, vous ignorez ce que renferme ce simple mot de huit lettres, à seize ans, vous en connaissez la force. Des hommes, des femmes, comme vous et moi, ont grandi, se sont assis sur les bancs de l’école, ont écouté le prof débiter sa leçon du jour, ont pris un crayon entre leur doigt, ont écrit. Mais certains ont réalisé que des traits de crayon pouvaient être plus puissants qu’un simple assemblage de lettres. Ils ont alors fait de leur crayon, une arme.

Ecrivez, dessinez…

Adieu le crayon créateur de la belle maison dans la prairie et bienvenue à l’arme ! Ils disent ce qui doit être dit, même si c’est parfois provocateur. Vous ne partagez pas toujours leurs idées, leur engagement, leur vision du monde. Mais que voulez-vous ? Ils s’expriment. Une idée trotte dans leur tête, une image floue se dessine. Vite, vite, un crayon, avant que l’image ne s’envole ! Un, deux, trois, ils gribouillent sur une feuille blanche du bureau, noircissent les traits, accentuent les défauts. Ils veulent nous faire réfléchir. Les dessinateurs assassinés de Charlie Hebdo ne voulaient pas s’arrêter à un simple dessin, ils voulaient dénoncer, dénoncer à leur façon, dénoncer avec leur force, la force du crayon. Le crayon était leur arme pour montrer la flamme qui brûlait en eux, ils révélaient les cruautés des mots du dictionnaire, des mots qui renvoient parfois à notre quotidien, des mots qui déchirent tant de régions dans le monde. C’est la force de leur crayon qui les a conduits à leur perte. Le 7 Janvier 2015. C’était le même crayon qu’à leurs six ans. Leur arme faisait peur, une feuille blanche avec des personnages dessinés dégageait trop de force selon certains. Alors, en les tuant, des assassins pensaient tuer l’arme. Ils n’ont pas tué l’arme, ils ont révélé au monde entier la puissance d’un coup de crayon. Ne laissez jamais personne vous empêcher de vous exprimer. Ecrivez, dessinez, répondez avec votre arme, répondez avec votre crayon !

Maëliss B., élève de 1ère ES à Brie-Comte-Robert

Illustration Baptiste Sanchez, 19 ans, ex-KaBoom, Île-de-France

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