Laura V. 07/06/2017

Air Bel, ma cité va te faire craquer !

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La vie à Air Bel ? Dangereuse à en croire... ceux qui n'habitent pas ce quartier de Marseille. Et si on prenait le temps de la visite ?

Air Bel est la plus grande cité de Marseille : 6000 habitants, 4 tours, soit 70 logements presque à flanc de colline avec vue sur les monts des Calanques ou Aubagne à l’Est. Les plus haut perchés peuvent apercevoir le Prado.

Air Bel a un lourd passé lié au trafic de drogues dans les années 90 qui s’est aujourd’hui beaucoup calmé, faute de s’être éteint.

La cité a un air laconique de Belle au Bois Dormant, décors de conte de fée… De grands pins, des chants d’oiseaux et, parmi les voitures brûlées au printemps, des fleurs !

Il y a aussi cette vieille maison désaffectée, incendiée, occupée par des habitants qu’on ne voit jamais. Elle répand son ombre inquiétante sur les logements situés en contrebas.

Et il y a des chats.

Les gens se racontent des histoires sur la cité

Je me suis toujours dit qu’un jour, j’écrirais sur les chats d’Air Bel. Sur leurs petites carcasses malingres, qui accèdent sans bruit aux espaces qui cristallisent les fantasmes, les derrières d’immeubles qu’on évite à la nuit tombée, les ronds-points excentrés, balayés par les phares menaçants de voitures inconnues. Les animaux savent ce que les humains ne font que soupçonner.

Souvent, lorsque je rentre de nuit (Air Bel prouve qu’on peut se balader tranquillement dans un quartier populaire aussi tranquillement qu’ailleurs), quelqu’un me dit : “Quoi ? Toi, tu habites à Air Bel ? Et tu rentres toute seule ? Tu sais une fille comme toi (je cherche encore ce qu’est une fille comme moi !) devrait faire attention…”

Que craignent-ils ? Je pense qu’ils se racontent plus d’histoires que les chats eux-mêmes n’en ont à raconter. Face à ces réactions, je me demande pourquoi ils ne vont pas y regarder de plus près, eux qui habitent tout à côté. C’est dommage, car pour moi, c’est l’exemple type d’un quartier populaire qui pâtit de l’idée qu’on s’en fait. Peu à peu, la cité s’est vidée de ses commerces, de ses activités.

Des immeubles pleins de vie !

Pourtant on y rit comme ailleurs ! Quand on s’arrête prendre un café chez un voisin ou dans la rue, on ne sait jamais pour combien de temps on est embarqué.

Il y a D. qui s’évertue coûte que coûte à faire vivre une association de locataires malgré la mauvaise grâce du bailleur à lui mettre à disposition un local. Il y a les incessantes disputes de palier entre Madame K. et Madame B., les plantes de C. et P. qui colonisent la montée d’escalier, les piscines qui s’installent l’été sur les toits des bâtiments à la grande indignation de ceux qui vivent en dessous, des cris qui se transforment au fil des récits en rires….

Malgré les difficultés, on apprend à Air Bel qu’il en faut peu pour que d’une galère éclose une fable avec Happy End en prime.

En parlant d’Happy End, l’histoire de Larbi en est une. De la cité aux planches de théâtre, il a osé !

Comme ce jour où, Favour, 8 ans, la petite fille que j’accompagne chaque semaine, trainait des pieds, maussade, pressée de rentrer chez elle. Elle a découvert, parmi les pierres qui délimitent l’accès au stade, des nuées de coccinelles. 1, 2, 3, 10, 25, 50…

Quel gamin des beaux quartiers se lance, un samedi aprem, dans une chasse aux insectes improvisée ?

 

Laura V., 25 ans, Marseille

Crédit photo CC Camille Cohendy

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3 réactions

  1. Oui enfin des mots qui changent de ceux avec lesquels on nous matraque
    Je n ai pas la tv heureusement
    Les cités sont diabolisée et votre discours fait du bien
    Bien qu habitant plus au nord (800 km) dans la campagne, ce que vous écrivez me touche
    Continuez

  2. Les gens croient trop que vivre dans une cité c’est la merde et tout alors que même pas dans une tess on est là tous ensemble on rigole si tu veux aller chez ton shrab tu peux y aller oklm tu connais tout l’monde les nouveaux tu les intègre c’est comme une 2ème famille

  3. enfin une belle histoire!

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