Lorenzo C. 08/11/2017

Orienté dans le paysagisme, en route vers le journalisme

tags :

En fin de seconde, j'ai consulté une conseillère d'orientation. Le métier de paysagiste ? Fait pour moi ! Sauf que non. Après avoir décroché mon bac pro, j'ai décidé de prendre les choses en main et de ne plus écouter que moi. Je serai journaliste sportif !

Lorsque j’étais en seconde mon prof de maths nous répétait sans cesse : « C’est l’année la plus importante de votre vie, vous ne vous en rendez pas compte ! »

L’état psychique dans lequel je me trouvais ne me permettait pas de me concentrer sur ma seconde. Mon lycée m’a indiqué que je ne pourrais pas intégrer la classe de première ES car il fallait que j’améliore mes résultats…

À ces « difficultés de travail » se sont ajoutées des problèmes de comportement qui n’ont pas arrangé la situation. Les profs m’ont signifié que, quels que soient mes résultats à la fin de l’année ou l’orientation choisie, je ne serais pas conservé au sein de l’établissement.

Cocher des cases avec ma conseillère

Avant de me pousser vers la porte de sortie, j’ai eu un rendez-vous avec la conseillère d’orientation. Les profs m’ont dit que c’était « la meilleure chose à faire pour moi ». J’avais l’espoir (naïf) que ce rendez-vous règle mes problèmes en un claquement de doigts. Sur le moment je ne me suis pas rendu compte que, dans ce bureau, il s’est joué l’une des plus grandes étapes de ma vie. Une étape qui ne m’appartenait pas.

J’ai fait des petites croix sur une feuille : un test d’orientation dans lequel je devais cocher mes centres d’intérêt. Et abracadabra, mon futur métier est apparu comme par magie ! Selon les résultats du test, j’étais fait pour m’orienter vers un bac professionnel en aménagement paysager. Je n’avais pas la moindre idée de ce que cela représentait… Ça n’a pas empêché la conseillère d’orientation de me persuader que cette voie était faite pour moi. J’ai essayé d’être aussi persuasif pour convaincre ma pauvre mère, en pleurs et tellement déçue, que cela me satisfaisait.

L’été suivant ma mère a décidé que j’allais suivre ma formation en internat. Elle ne souhaitait pas revivre la même sensation d’échec déjà connue avec mon grand-frère.

J’ai vite réalisé que la conseillère d’orientation avait fait fausse route en m’envoyant là. J’étais dans une formation qui ne m’intéressait pas. J’avais 3 heures par jour de transport et un stage difficile de deux mois en entreprise m’attendait durant l’été : j’étais perdu. Difficile, ce stage m’a au moins permis d’ouvrir les yeux. A la fin, j’ai entamé ma terminale avec l’espoir que l’on me propose une nouvelle orientation. J’étais naïf.

Mon orientation… en prolongation !

Comme j’étais en voie professionnelle, deux choix m’ont été proposés : continuer dans cette filière en poursuivant en BTS ou entrer dans la vie active.

Et pour ceux, comme moi, qui ont été mal orientés et qui souhaitent faire autre chose, que faire ? Aucun enseignant ou administratif n’a été capable de me donner une réponse à la hauteur de mes espérances. Je ne me voyais pas avoir cette vie-là jusqu’à une hypothétique retraite ! J’ai décidé de tout arrêter une fois mon bac pro en poche.

J’ai réfléchi durant plusieurs semaines. J’étais sûr d’une chose : il fallait que j’exerce un métier où je m’épanouirais et, si possible, en lien avec ma passion : le foot.

Vers des études de journalisme

À 19 ans, j’avais conscience d’avoir laissé passer ma chance de devenir footballeur professionnel. Mais ce n’est pas parce que je n’avais pas « percé » sur le terrain que je ne pourrais pas le faire en dehors. Ayant le goût de l’écriture, j’ai décidé de m’orienter vers des études de journalisme sportif.

J’aurais pu me laisser tenter par la facilité et entrer à la fac dès cette rentrée, mais j’avais une revanche à prendre par rapport à mes trois dernières années. Je me suis rappelé avoir vu à la télévision un jour que des adultes passaient leurs bacs des années après avoir arrêté leurs études. Et pourquoi pas moi ?

Léopold s’est perdu dans son orientation. Pour lui, il n’a pas eu les bons outils pour y arriver. Il espère qu’il n’est pas trop tard pour enfin faire ce qu’il aime.

Je me suis alors inscrit pour passer un bac ES en candidat libre à la fin de l’année. J’ai dû rattraper mes lacunes de seconde et assimiler le programme de première et de terminale ES en une année en bossant à la médiathèque tous les jours. En juin 2015, j’ai obtenu mon bac ES ! Je suis aujourd’hui en troisième année de Lettres modernes à Nanterre.

Comme disait Rohff : « Gros on l’a fait, sans assistance, sans le système j’ai dû violer ma chance, l’Education Nationale n’y est pour rien ! » En route pour le journalisme sportif !

 

Lorenzo, 22 ans, étudiant, Nanterre

Crédit photo ESJ Lille

Partager

4 réactions

  1. Je reviens sur ton commentaire Marc. Il faut que tu sache que même si la conseillère d’orientation ne force personne à prendre une décision, lorsqu’on a 16 ans et que l´on est paumé elle oriente fortement notre choix. Beaucoup de jeunes se retrouvent dans la même situation que Lorenzo. Je trouve qu’il résume très bien le sentiments de ces personnes mal orientées qui se retrouvent coincées dans une filière qu’ils n’apprécient pas.

    Merci à toi Lorenzo pour cet article qui véhicule un message plein d’espoir pour ceux qui sont à la déroute. Quand on veut on peut et tu en es la preuve !

  2. Mon cher Marc,

    Je vous invite fortement à relire à la fois l’article et votre commentaire. D’une part vous voulez sûrement dire que cet article manque d’objectivité (et non de subjectivité). Et vous avez raison : ceci est un témoignage, Lorenzo a ressenti cette décision comme n’étant pas la sienne. Il est pourtant honnête et parle de sa « naïveté », de sa jeunesse, d’erreurs qui sont aussi les siennes. Ce qui est super avec les témoignages c’est qu’ils racontent des vécus et non des généralités. Nous n’accusons pas LES conseiller(es) d’orientation psychologue, ni l’Education Nationale. En fait, nous n’accusons personne, nous donnons la parole aux premiers concernés, à leur vécu subjectif mais factuel et détaillé. Nul mensonge dans cet article, simplement une vérité individuelle : celle d’avoir mal été accompagné. Laisser la parole à cette COP serait en effet intéressant mais nous, notre travail, c’est de donner la parole aux jeunes. Cordialement,

  3. Je relaie un commentaire fait sur campus monde qui résume bien le manque de subjectivité de cet article : « La conseillère d’orientation psychologue n’a pas pu choisir pour vous, son rôle a été de vous accompagner dans votre réflexion mais elle ne vous a pas inscrit de force dans cette formation…  » Cet article est simpliste : désigner la conseillère d’orientation psychologue et ce fameux test (qui n’existe pas pour information) coupables de votre orientation est très réducteur. Elle a surtout été présente à un moment où votre état psychique n’était pas au mieux. Les tests utilisés pas les PSYEN (nouveaux cop) ne se vantent pas de donner des solutions en terme de métier ou de formation mais des pistes pour élaborer votre parcours professionnel.
    Il serait opportun de laisser la parole à cette conseillère d’orientation psychologue pour avoir son avis et de diffuser avec intelligence ce genre d’article…

  4. Merci pour ce partage, j’espère que ça donnera du courage à tous ceux qui doutent. Ton courage, ta détermination et les efforts que tu as déployé pour arriver là où tu veux aller, c’est vraiment admirable.
    Merci encore pour cette première pierre qui s’inscrit dans un esprit que tu dois toi aussi avoir, entraîner des gens avec toi dans ta réussite en partageant ton expérience et une bonne idée de ce qu’est la combativité. Donner à ceux-ci, peut être, le petit coup de pouce, le petit encouragement, le petit bout de ton immense courage, courage dont beaucoup pensent manquer ! 🙂

Voir tous les commentaires

Commenter