Layla M. 01/02/2019

Je suis enfin incognito dans mon lycée

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Je me suis rendu compte en arrivant au lycée au Creusot que jusqu'alors, à Autun, j'étais pistée, épiée. Que ce soit par ma famille, mes amis ou plus largement mon quartier. Quitter ma petite ville pour étudier m'a libérée.

Mon enfance à Autun ? C’était le feu ! Par contre, c’est devenu compliqué au niveau de l’orientation. Pour aller dans la filière que je voulais, j’ai dû quitter ma ville natale. Je voulais faire des études dans la mode ! Mais la section dans laquelle je voulais aller avait fermé depuis un an. J’ai dû aller ailleurs. Afin de faciliter les choses à mes parents, et aussi parce que j’étais pas trop fan de l’internat, j’ai choisi une ville pas trop loin : Le Creusot. À environ une demie heure d’Autun. Et heureusement, il y avait un bus scolaire qui faisait les trajets jusqu’à mon lycée. Du coup, pas d’internat pour moi. Yes !

Nouvelles têtes, nouveaux comportements, il a fallu s’adapter. Et je me suis rendu compte que venir d’une petite ville où tout le monde se connait n’a pas que des avantages. Au collège, à Autun, je connaissais pratiquement tout le monde. Alors forcément, en arrivant au lycée dans une classe avec des gens venant de partout, j’ai stressé. Au fond de moi, j’avais pas trop envie de changer de ville, et j’avais peur de me retrouver seule.

Mia habite elle aussi à Autun. Elle aime sa ville et compte bien, si elle part ailleurs pour ses études, revenir un jour y habiter : J’habite à la campagne et je kiffe !

Comme j’ai grandi dans un petit quartier, une petite ville, tous les gamins du quartier traînaient ensemble. À la sortie des cours, à partir du collège, on se rendait tous ensemble à la salle polyvalente. C’était le point de rendez-vous, là où tous les jeunes se retrouvaient. Et tout le monde se connaissait.

Des femmes allaient voir mon père pour lui dire qu’elles m’avaient vue avec un garçon

Au Creusot, après les cours, j’avais pas trop à me soucier d’avec qui je sortais. Une fille ou un garçon, ça n’étonnait pas grand monde. Alors qu’à Autun, sous prétexte que je suis une fille, je ne pouvais pas avoir de potes garçons. Une fois, je suis sortie avec mon frère. Le lendemain, beaucoup de gens de mon entourage sont venus vers moi en me disant que j’étais avec ce garçon alors qu’il ne savait même pas quel lien j’avais avec lui. Quand je traînais avec des potes en ville, ça arrivait souvent que mon père vienne ensuite vers moi en me disant que j’avais fait telle ou telle chose dans la journée, alors que je lui avais rien dit.

Autre exemple : mes études. J’étais même pas sûre de ce que je voulais faire que tout le monde était au courant, alors que je n’avais même pas encore parlé de ma décision à mes parents.

Une fois, mon cousin est venu chez nous pour les vacances et comme il ne connaissait pas trop la ville, il m’a demandé de l’emmener. Le lendemain, des femmes allaient voir ma mère pour lui dire qu’elles m’avaient vu avec un garçon alors qu’il s’agissait de son neveu !

Au Creusot, avec des gens que je ne connaissais pas, bizarrement, j’entendais beaucoup moins de choses à mon sujet. Je ne dis pas que plus personne parlait sur moi, mais au moins, ça n’arrivait pas à mes oreilles ou à celles de mes parents. Étudier dans une autre ville, ça m’a fait comprendre qu’à Autun, je suis pistée ! Alors qu’au Creusot, je suis incognito ! Libre tout simplement !

 

Layla, 21 ans, en formation, Autun

Crédit photo Adobe Stock // © Igor_kell

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