Sabrina C. 13/11/2018

Après mes échecs scolaires, une année pour trouver ma voie

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Sabrina sait qu'elle veut travailler avec des enfants. Malgré ses efforts, elle peine à trouver la voie pour y arriver.

Je n’aime pas l’école, le travail, les devoirs… Au collège, en troisième, après un gros différend avec une personne de ma famille, je fais une dépression et laisse ma scolarité de côté. Je réussis mon brevet avec un 10 tout pile. Je ne sais pas dans quelle voie je veux aller… Mais j’espère quand même faire une seconde générale. Je me dis que ça peut me permettre de réfléchir un peu plus qu’une seconde pro pour mes recherches d’avenir.

Je ne compte pas trop sur le soutien de ma famille pour réussir ma scolarité. Ils n’ont jamais été très présents pour ça. En arrivant en seconde, je tombe dans une classe avec laquelle je m’entends très bien. Ce qui ne m’est pas arrivé depuis des années. Résultat : je ne m’intéresse ni aux cours, ni aux devoirs, je préfère m’amuser et mes résultats baissent encore. En fin d’année, ils sont catastrophiques.

« Je te conseille donc la pro qui t’ira à merveille »

À la fin de l’année, je me retrouve en face de mon proviseur adjoint. Il me dit : « La générale sera trop compliquée pour toi. Ça ne servirait strictement à rien que tu essayes de continuer. Cela ne te mènerait à rien puisque tu échoueras, je te conseille donc la pro qui t’ira à merveille ! »

Ado, quand tu entends ça, tu te sens mal, démoralisée. Et tu veux montrer aux personnes, surtout aux adultes, que tu peux le faire et que tu peux y arriver malgré tes difficultés. Je supplie alors ma mère de faire une demande de commission pour faire appel. J’ai en tête la filière ES. Je ne sais toujours pas exactement ce que je veux faire, mais je sais déjà que je veux travailler dans le social.

Sophie a elle aussi connu l’échec scolaire. Elle a finalement trouvé sa voie en devenant… CPE (Conseillère Principale d’Éducation) !

J’obtiens une convocation pour ma commission et j’y vais. Je ne m’y attends pas, mais j’ai une réponse positive. Au fond, je sais que mon principal a raison, car j’ai réellement de mauvais résultats. Mais je veux montrer aux personnes de mon entourage, ainsi qu’aux personnes me rabaissant, de quoi je suis capable. Je veux également me prouver à moi-même que je peux m’en sortir, car un bac ES ouvre plusieurs portes.

Je me dévalorise, je m’insulte

En débarquant au lycée, je connais de nombreuses difficultés, expliquées par mon retard. En fin de première, on me conseille de redoubler et de reprendre les bases en français, en langues et également en maths. Moi, je ne veux pas : redoubler, c’est perdre une année. Alors j’avance, passe mes épreuves anticipées de baccalauréat et malgré tous mes efforts, mes résultats restent mauvais. Pourtant, j’ai travaillé toute l’année ! À ce moment-là, je me dis que je ne m’en sortirai jamais. Je regrette mon choix, mais je ne veux pas laisser tomber.

Je suis très sceptique en commençant ma terminale. Pourquoi je suis là ? Est-ce que je vais y arriver ? Je me dévalorise, je m’insulte, je ne comprends pas pourquoi je n’y arrive pas, même en travaillant… Cela ne paye pas. Je passe par tous les sentiments cette année-là : la colère, la joie, la tristesse, la fatigue…

J’hésite alors entre devenir éducatrice spécialisée ou éducatrice de jeunes enfants. Au final, je choisis de passer le concours d’éducatrice spécialisée. Je le passe le 13 décembre 2017. Et… J’échoue.

En milieu d’année, je pars vers une autre orientation : auxiliaire de puériculture. Depuis toujours, je suis sûre de vouloir travailler avec des enfants, mais sans faire de longues études. En mars 2018, je passe mon concours d’auxiliaire de puériculture. Je le rate de deux points. Je suis perdue. Le bac approche. Je ne sais pas comment gérer mon stress. Je me laisse « couler »… Mon copain me redonne la force de me battre pour avoir mon bac.

En juin, ma conseillère me dirige vers un CAP petite enfance, en alternance. Je me dépêche de faire un CV et une lettre de motivation. Et je les envoie à plusieurs mairies. Nouvel échec. Je ne suis prise nulle part et je passe le bac fin juin. Je pense l’avoir plutôt bien réussi. Les résultats tombent : 9,27 de moyenne. J’ai vingt-six points à rattraper. Et grâce au soutien de mon copain et de mes amis, qui m’aident à réviser, me poussent à ne pas abandonner, j’ai mon bac !

Une année de remise à niveau

Aujourd’hui, je suis le DU Paréo à Paris-Descartes, qui est une sorte de remise à niveau pour accéder aux études supérieures. Moi, je ne voulais pas y aller, j’avais plutôt en tête de travailler une année pour gagner de l’argent. Mais ma mère n’était pas du même avis et m’a très clairement embrouillée pour que j’aille faire cette formation. Au final, je me rends compte que ça sera une année bénéfique, car elle me permettra de combler mes lacunes et de savoir si la petite enfance me plaît réellement, grâce aux stages.

J’ai flanché plusieurs fois mais mes potes et mon copain m’ont aidée. Malgré tout, la peur d’échouer restera à vie, quoi qu’il arrive, et maintenant, il faut que j’apprenne à vivre avec.

Sabrina, 18 ans, étudiante, Paris

Crédit Photo Flickr // CC Hugo Noulin

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2 réactions

  1. As-tu déjà entendu parler du métier d’Auxiliaire de Vie scolaire (AVS) qui sont maintenant appelées Accompagnante d’élève en situation de Handicap (AESH) ? C’est un métier difficile, mal payé et peu reconnu mais ça demande peu/pas de formation, surtout du bon sens et de la bienveillance. ça consiste à accompagner les élèves en situation de handicap en classe pour les aider, non pas scolairement mais essentiellement au niveau de l’organisation (l’aider à faire son cartable, à ne rien oublier, photocopier les cours, noter les devoirs dans le cahier de texte) Il serait préférable de retravailler ton orthographe et ta grammaire si tu as des problèmes sur le sujet car on peut te demander de recopier des cours à la place de l’enfant mais ce n’est pas obligatoire. Beaucoup d’AESH n’ont peu ou pas de formation. Evidemment, c’est loin d’être idéale tant pour toi que pour l’enfant mais je me dis que ça pourrait être une porte d’entrée vers ce qui t’intéresse.

  2. N’imaginez pas que votre peur d’échouer va vous poursuivre toute votre vie. L’échec n’est pas un problème car vous en avez analysé lucidement les causes et trouvé des solutions. De plus vous semblez bien entourée et avoir la volonté d’atteindre votre objectif. Il ne faut jamais baisser les bras.

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