Yassine 03/04/2019

Être arbitre de football m’a permis de vaincre ma timidité

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J'ai toujours été timide, jusqu'au jour où je me suis découvert une passion pour le foot. Pour atteindre mon objectif de devenir arbitre, je n'ai pas eu d'autre choix que de me battre contre moi-même et m'affirmer.

Ancien timide, je n’ai jamais eu de réels amis. Il y a quelques temps encore, je passais mes journées enfermé dans ma chambre devant l’ordinateur, sans réseaux sociaux, mais l’arbitrage m’a sauvé !

J’ai découvert l’arbitrage lorsque j’avais 15 ans. Le Championnat d’Europe de football 2016 (l’Euro) venait de se terminer (victoire du Portugal face à la France 0-1) et moi, je m’étais découvert une passion pour le football alors qu’auparavant, je détestais ce sport. Cela m’est venu d’un seul coup.

Dés le début de la saison 2016-2017 de la ligue 1, j’ai suivi chaque match de mon équipe favorite, l’OM. Le championnat s’est terminé et le club s’est honorablement classé à la cinquième place ! Je n’ai pas pensé à être arbitre à ce moment-là. J’étais surtout occupé par le brevet (obtenu avec mention bien). À la rentrée 2017-2018, je suis arrivé au lycée. Ma timidité était telle que je n’osais même pas dire bonjour aux gens. À cause de cela, j’ai subi des moqueries de la part des gens sur mon poids (39 kg) et j’ai dû changer d’établissement. Arrivé dans mon nouveau lycée, j’ai décidé de changer radicalement ! Étant donné que je ne pratiquais aucun sport, j’ai décidé de m’inscrire à l’A.S. [association sportive]. Avant, mon temps libre se résumait à : école-ordi-dodo et ainsi de suite ! Grâce à l’A.S., j’ai notamment pu pratiquer la musculation et j’ai rencontré de nouvelles personnes avec qui j’ai pu me lier d’amitié. Des personnes qui m’ont donné une certaine confiance en moi. J’ai appris qu’étant donné que je ne faisais que grandir, il était normal que je ne grossisse pas en même temps.

J’ai reçu un e-mail de la FFF

J’aurais voulu me mettre au football, mais on m’a dit qu’il était trop tard pour que j’espère faire une quelconque carrière professionnelle. Mon niveau était… lamentable ! J’ai dû laisser tomber l’idée de devenir footballeur, j’étais déçu. Mais en regardant les matchs, je me suis demandé si je ne pouvais pas devenir arbitre.

Alors pendant la mi-temps des quarts de finale de la coupe de France, le match PSG – OM du 28 février 2018, je me suis aventuré sur le site de la FFF et j’ai déposé ma demande pour devenir arbitre. En quelques clics, j’ai envoyé mon nom, mon prénom, mon e-mail et ma ville. Un mois est passé. Pas de nouvelles. J’avais même oublié mon idée de devenir arbitre quand j’ai reçu un e-mail de la FFF me proposant un « stage » pour me former à être arbitre pendant les vacances de Pâques ! À ce moment-là, j’ai explosé de joie et envoyé tout ce qu’on me demandait : test de vue, électrocardiogramme, chèque de 60 €, fiche de renseignements… Et c’est tout ! J’ai quand même eu un moment de peur et de doute quand on m’a dit qu’il y avait 25 places maximum. J’avais peur qu’on me refuse vu que je porte des lunettes, mais cela n’a pas posé de problème !

Ma candidature a été acceptée et pendant deux semaines, de 18h30 à 20h, on a chaque jour appris une loi de football (il y en a 17 !). Les cours était faits par des arbitres expérimentés et chaque jour, on avait droit à un questionnaire sur la loi qu’on avait vue la veille. On nous a appris qu’au niveau départemental, un arbitre était payé 50 € par match environ et qu’il avait le droit d’aller à n’importe quel match de championnat gratuitement !

Vaincre sa timidité, ça passe aussi par des gestes ! La psychologue sociale Amy Cuddy l’explique dans sa conférence « Ted », « votre langage corporel forge qui vous êtes » : en adoptant certaines postures, on peut booster sa confiance en soi !

Au mois de mai est arrivé le moment tant redouté : le test théorique ! On avait deux heures pour répondre à un long questionnaire sur toutes les lois du jeu avec tout un tas de questions plus ou moins farfelues (par exemple : « Le gardien de but de l’équipe A fait un tir, le ballon touche un supporter puis l’arbitre et rentre dans le goal, but validé ? »). Je trouvais cela totalement absurde, mais en fait, cela nous permettait de savoir quoi faire face à des situations auxquelles nous allions par la suite peut-être être confrontés. J’ai obtenu les résultats de ce test théorique un mois après l’avoir passé : admis !

Je pensais que ma carrière était fichue

Quelle joie ! J’avais très hâte de pouvoir arbitrer ! Un club m’a appelé au début de l’été pour me dire qu’ils avaient besoin d’arbitres. J’ai accepté avec plaisir ! Après l’été, il m’a fallu réussir la partie la plus dure : un nouveau test consistant en une série de deux matchs à arbitrer, pendant lesquels un observateur nous évalue. Il nous faut obtenir au minimum une moyenne de 12/20 pour être accepté. Je redoutais cette partie-là, car elle mettait à l’épreuve ma timidité, il fallait que j’arrive une heure à l’avance au stade, que je vérifie les licences de chaque joueur des deux équipes ; que je m’exprime en public donc ! L’enfer quoi. Pour mon premier match, je suis arrivé avec cinq minutes de retard alors que la première chose qu’on apprend en tant qu’arbitre, c’est qu’il faut arriver à l’heure, pas une minute plus tard ! Au moment du contrôle des licences, j’étais tellement en stress que mon observateur l’a fait lui-même ! Durant le match, j’étais aussi très stressé. Tous les parents des joueurs étaient venus voir leurs enfants jouer (j’arbitrais des U15, c’est-à-dire 14 ans), j’avais l’impression d’être au stade Vélodrome ! Je n’ai pas sifflé un penalty qui avait bien lieu d’être, juste pour ne pas être insulté par les joueurs.

Timide, Tom bégayait et rougissait dès qu’il devait parler à quelqu’un. Puis il a découvert l’escrime et il s’est mis à se fixer des défis, entre amis, pour s’en libérer… Petit à petit, il prend confiance en lui !

À la fin du match, l’observateur m’a incendié et m’a dit que je n’aurais pas du tout la moyenne ! Je pensais que ma carrière était fichue et que je pouvais faire une croix sur mon projet de devenir arbitre professionnel. Et tout ça à cause de ma timidité ! Mais le district m’a fait une faveur et m’a proposé d’arbitrer des U10-U11 pour me donner confiance en moi. J’ai accepté avec joie ! Après cela, ils ont jugé que j’étais apte à arbitrer des U15. J’ai passé mes tests pratiques et maintenant je suis arbitre officiel !

Et j’ai aussi réussi à vaincre ma timidité. Au lycée, je peux m’exprimer en classe sans bégayer, je dis bonjour et je « tcheck » mes potes le matin, je ne suis plus en stress à l’idée de faire un exposé… La liberté quoi ! La timidité est partie car lorsque j’arbitre des matchs, je suis obligé d’avoir une attitude normale auprès des joueurs. Je ne dois pas bégayer et je dois m’exprimer à voix haute pour me faire respecter. Au fil des matchs, tout cela s’est dissipé et j’ai compris que mes craintes étaient infondées.

En plus de cela, l’arbitrage me permet aussi d’avoir un peu d’argent de poche une à deux fois par week-end et je peux aller supporter gratuitement mon équipe de cœur : l’OM !

 

Yassine, 17 ans, lycéen et arbitre de foot, Marseille

Crédit photo Flickr // CC BY Kimba Howard

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1 réaction

  1. Je te félicite. Moi, j’ai passé tous mes tests avec succès même ceux de la CAF et FIFA. Atterri en Tunisie, ma carrière a pris fin car la fédé m’a mis des bâtons dans les roues juste parce que je suis étranger hélas ! Bravo

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