Antonin V. 06/09/2019

Mon trajet en TER, mon voyage à travers les classes sociales

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Dans le TER qui m’amène au lycée, selon les stations et le niveau de richesse des villes traversées, je vois les classes sociales se succéder.

Lundi matin. Comme à mon habitude, je me lève, je me prépare, je vérifie si tout est « OK ! », je regarde bien mon temps de trajet, je calcule et hop, j’y vais. Je suis toujours en avance de 10 à 20 minutes. J’ai l’air nostalgique de quitter mon chez moi, Rambouillet, cette ville peuplée de personnes aisées aux gros porte-monnaie et aux ventres bien remplis, cette ville qui sent le luxe, et dont la superficie grandit à vue d’œil, comme le portefeuille.

Une fois dans le train, je passe mon trajet à m’interroger sur les différentes classes sociales qui cohabitent. C’est vrai ça, on passe de la mère avec ses gosses qui n’a pas l’air franchement aisée au petit catho en col rond et à chemise manches longues. Franchement, il y a une frontière entre les classes sociales, là, sous notre nez, ou c’est moi ?

Une fois arrivé à Gazeran, on ressent une atmosphère de travail, des gens descendent, d’autres montent, de nouvelles têtes apparaissent. Moi, je ressens comme un vide, je quitte mon milieu naturel. Ce département, je ne veux pas le quitter, mais il est temps de partir vers l’inconnu. Quitter cette bourgade implique que je vais en trouver d’autres. La ville n’est plus, place à la campagne.

Un sentiment bizarre de confort s’installe

Le trajet entre Gazeran et Épernon… Comment vous dire, un sentiment bizarre de confort s’installe. Bien calé dans ton fauteuil, tu regardes ce putain de beau paysage et tu te dis : « Je me sens bien, bordel. » C’est sans doute l’effet de la campagne sur le cerveau humain… Mais tu es rapidement rappelé à l’ordre par l’ambiance travail avec des « clac clac », des bruits incessants de claviers et des discussions autour de l’immobilier. Quelques rires par-ci, par-là.

Nous voilà à Épernon ! On n’a pas quitté le monde des bourges bien longtemps, et on revient aux sources avec cette belle ville. Hop, c’est parti pour une tripotée de quartiers chics avec bâtiments et bureaux chics, derrière le fucking chic centre-ville. Le train continue, on monte sur le plateau, et là, boum ! Un panorama de malade, une superbe vue et des baraques franchement chères (mais au moins, on doit être tranquille ici). Difficile de dire non à ce panorama malgré l’atmosphère de pénitencier.

On est toujours dans le train, retour au trajet Épernon-Maintenon, ce légendaire trajet, ultra-court. Le stress commence à monter, tout comme la transpiration dans le TER. Les travailleurs de la vie active sont tous au complet pour aller direction Chartres, les discussions partent en vrille, les rires ont disparu, le côté travail domine et tu te dis que ça ne doit pas rigoler des masses tous les jours. Ça parle projets immobiliers et statistiques, le wagon est composé d’hommes et de femmes en costards, prêts à tout déchirer. On sent bien plus l’argent qu’au début. M’enfin, le terminus est proche, on est bientôt arrivés à Maintenon, on peut déjà apercevoir le hangar abandonné que je vois tous les jours. Terminus ! Tout le monde descend. Enfin, surtout les lycéens.

Mame, c’est aux Etats-Unis et à Sciences Po qu’il a voyagé entre les univers sociaux ! Et, pour lui, les classes sociales, comme le périph’, ça se traverse !

Maintenon, cette bourgade coupée du monde. Malgré la petite rame de train qui la relie au reste, on est quand même vraiment chez les paysans. C’est peut-être cliché, mais on est plus du tout sur le même type de passagers. Il y a vraiment très peu de gens aisés dans ce coin, c’est un trou perdu sympathique comme tout, c’est ce qui fait son charme, et même s’il n’y a rien à faire, les habitants qui y vivent s’y sentent bien, comme chez eux, à la campagne.

Quitter mon département m’a toujours fait bizarre. Je fais partie d’un milieu plutôt aisé, je pense, et le fait de prendre le train pour aller dans un autre milieu social m’a fait évoluer. De fil en aiguille, on découvre beaucoup de choses sur soi et sur sa classe sociale, rien qu’en prenant le train.

 

Antonin, 21 ans, étudiant, Rambouillet

Crédit photo Unsplash // CC Zeno Thysman

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1 réaction

  1. Antonin on t aime!! Affectueusement l homme de tes rêves

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