Mathilde G. 20/01/2020

Je me sens enfin légitime dans mon travail

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Après un master, je ne me sentais pas prête à travailler. Mon service civique m'a donné les outils pour me lancer, et beaucoup de confiance en moi.

J’ai un parcours universitaire assez atypique. Enfin, pas conventionnel quoi. C’est compliqué pour moi de faire des choix de vie. Alors, quand il a fallu faire des choix d’orientation… je me suis lancée un peu dans tout : prépa, licence de lettres, de langues, master de médiation culturelle… J’étais incapable de savoir précisément ce pour quoi j’étais douée, ni même ce qui me faisait vibrer. J’ai décidé que je ne pouvais simplement plus rester là, à errer, à passer d’un doute à un autre sans jamais vraiment me lancer. Et mon service civique m’a aidé !

Un bon syndrome de l’imposteur

Après mon master de médiation culturelle, je me sentais incapable de commencer à travailler. Pas par manque de savoir, mais par manque de confiance, et surtout parce que je me sentais guettée par un bon syndrome de l’imposteur que des stages de trop courte durée (deux stages de trois mois) n’ont pas vraiment effacé. Admise entre-temps dans un conservatoire de théâtre (ah oui, y a ça aussi), je me suis concentrée sur cette activité pendant un an sans me poser plus de questions, convaincue que le temps m’apporterait des réponses…

Jusqu’à l’été dernier. Je me suis séparée de mon copain, avec qui je partageais un appartement. Devoir assumer seule un loyer a été un électrochoc. Je devais m’assumer financièrement, même si j’avais la chance d’avoir des parents prêts à m’aider. Et puis, peut-être était-ce l’occasion d’aller de l’avant pour de vrai dans ma vie ? Peut-être que cela m’aiderait à construire une légitimité professionnelle que je m’imaginais ne jamais pouvoir avoir.

Le « syndrome de l’imposteur » conduit celles et ceux qui en sont victimes à douter constamment de leur légitimité. Le podcast Émotions de Louie Media y a consacré toute une émission pour essayer de comprendre d’où il vient, et comment le combattre.

Au cours de mes études, j’avais déjà côtoyé plusieurs assos. Je faisais partie de certaines (EIAP, TéléSorbonne…), alors j’étais familière du service civique. C’était ça le bon compromis : mettre un pied dans le monde professionnel, tout en gardant cette idée d’apprentissage. Et en demander un peu moins financièrement à mes parents. En travaillant 25 heures par semaine, je pouvais continuer de suivre les cours du conservatoire. Je voulais partager mon quotidien en deux, entre suivre ma formation de comédienne et me retrouver de l’autre côté en accompagnant d’autres artistes.

Mon service civique m’a donné confiance en moi

Je me suis donc mise à chercher un service civique dans la médiation culturelle, le spectacle vivant, le lien entre artistes et public… J’ai trouvé une mission en tant qu’attachée de communication dans une asso qui développe des actions de spectacle vivant très jeune public. J’ai commencé début septembre 2019, pour une mission de dix mois. En binôme avec la chargée de communication, je m’occupe d’assurer la diffusion des différentes actions de l’association, qui sont assez nombreuses. Outre les réseaux sociaux, je suis amenée à entrer en contact avec des artistes et les structures partenaires.

Depuis, j’acquiers de la confiance en moi. C’est petit encore, en construction, mais c’est à travers de petits événements concrets du quotidien que j’en prends réellement conscience. Par exemple, j’étais terrorisée à l’idée de passer mon premier appel au nom de l’asso. Pas à cause du fait de parler au téléphone (je m’adresse à un public pendant plus de dix heures par semaine !), mais simplement parce que je redoutais le moment où j’allais me perdre en présentant l’association, l’objet de mon appel… Je redoutais chacun de mes mots en fait ! Et puis, il a bien fallu le passer cet appel. Lorsque j’ai raccroché, je me suis rendu compte que cette « montagne incommensurable » avait été gravie en quelques minutes, et qu’il fallait peut-être que j’arrête de dramatiser ma vie (sachant que la personne au bout du fil avait été vraiment sympa, pour le coup).

J’accepte qu’on puisse réellement avoir besoin de moi

Peu à peu, c’est une légitimité professionnelle qui se construit ; dans ma tête je veux dire, parce qu’en soi, je l’avais déjà, je crois. Je réalise que des compétences que j’ai pu acquérir par le passé, et dont je pensais qu’elles ne me serviraient jamais, pouvaient être utilisées au quotidien : le sens de l’organisation acquis en prépa, qui m’aide à finir des tâches dans les temps, ou encore la rigueur dans la rédaction acquise en licence, qui me permet de comprendre directement le registre que je dois employer dans les différents supports de communication. Et pour faire la promotion d’un spectacle ou d’une action artistique, c’est utile d’avoir développé une sensibilité en ayant soi-même une pratique.

En année de césure, Jules a décidé de faire un service civique. Contrairement à ses camarades, il a préféré s’engager dans une association à Saint-Denis plutôt que de faire de l’humanitaire à l’étranger : « J’ai préféré m’engager en banlieue plutôt qu’à l’autre bout du monde » 

Trois mois de volontariat, c’est encore trop peu pour préciser ce que j’aimerais faire après. En attendant, je me rends utile, j’accepte qu’on puisse réellement avoir besoin de moi pour des choses concrètes. Peu à peu, je m’approche d’une réponse. Enfin, je pense ! Parce que ce service civique peut me donner des outils pour la suite. Parmi ces outils, il y a le fait de savoir que des gens me font réellement confiance.

 

Mathilde, 24 ans, volontaire en service civique, Romainville

Crédit photo Unsplash // CC Jeremy Bishop

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