ZEP 06/01/2017

Les 10 commandements du tiek

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Dans le quartier, il y a des règles à respecter. Solidarité et respect entre « collègues », méfiance vis-à-vis de « l'extérieur »... Cinq jeunes Marseillais nous livrent les codes de leur tiek.

1) Ne jamais balancer son collègue. Ne jamais balancer tout court. C’est une règle d’or, c’est naturel. Dans la cité, on a le sens de l’amitié et de la loyauté.

 

2) Ne jamais coopérer avec un inconnu. La cité c’est un groupe, où il y a de la cohésion. On est solidaires alors on se méfie toujours des gens qu’on ne connaît pas.

 

3) Le tiek, c’est pas McDo, on y entre pas comme ça. Sauf pour les clients fidèles. Alors, souvent, pour repérer les civils notamment, les personnes suspectes sont priées de montrer patte blanche. On soulève son tee-shirt à l’entrée histoire de voir si la personne n’a pas un gun ou un talkie-walkie.

 

4) Ne jamais gérer une choupette du quartier. Leurs frères sont nos collègues et on se respecte. Il y a quelques dérogations si, par exemple, elle n’a pas de frère ou si on a l’intention de se marier avec elle.

 

5) Pour éviter les conflits et les règlements de compte, on ne donne jamais d’information sur quelqu’un. On ne sait jamais où se trouve une personne, son numéro de téléphone ou son adresse. Le silence est de mise. Moins t’en sais, mieux tu te portes.

 

 

6) Ce qui se passe dans la street reste dans la street.

 

7) Dans le tiek, on a le sens du partage, il faut savoir donner. Que ce soit le temps, l’argent, les fringues, la nourriture, on partage tout. Surtout la nourriture. Il nous arrive de partager un sandwich à trois ou quatre. Certains d’entre nous sont tout le temps dépouillés, c’est pour ça qu’il faut partager. On connaît tous le 22,. Le 22 c’est par exemple quand on n’a une seule cigarette alors on la fait tourner. Le 22 fonctionne pour tout. En toute circonstance, on est généreux, on partage.

 

8) Ne jamais faire de mauvaise publicité à son quartier. On évite les problèmes et surtout on n’en ramène pas.

 

9) Avant tout il faut aussi avoir le sens du respect. Quand on voit quelqu’un avec des courses, on les lui porte. Les anciens, les grands, on les respecte aussi. On ne les contredit pas, on ne les confronte pas.

 

10) Toujours être sur ses gardes, pour prévenir les collègues susceptibles d’être en danger, on a un signal sonore. Ensuite, tous aux abris.

 

Babay, 20 ans, La Vie en Rose, 19 ans, R., 19 ans, La Société, 22 ans et Le Proc’, 18 ans, stagiaires École de la 2e chance, Marseille

Crédit photo Flickr, ‘Planète Marseille’, CC Marcovdz

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2 réactions

  1. trop vrai le tieks doit être respecté les gars

  2. 1) Ne jamais balancer son collègue. Ne jamais balancer tout court. C’est une règle d’or, c’est naturel. Dans la cité, on a le sens de l’amitié et de la loyauté.
    2) Ne jamais coopérer avec un inconnu. La cité c’est un groupe, où il y a de la cohésion. On est solidaires alors on se méfie toujours des gens qu’on ne connaît pas.

    Apologie de l’omerta…

    4) Ne jamais gérer une choupette du quartier. Leurs frères sont nos collègues et on se respecte. Il y a quelques dérogations si, par exemple, elle n’a pas de frère ou si on a l’intention de se marier avec elle.

    Apologie du patriarcat puissance 1000. Mais c’est comme c’est culture de quartier ca va on ne dit rien…. pfff

    9) Avant tout il faut aussi avoir le sens du respect. Quand on voit quelqu’un avec des courses, on les lui porte. Les anciens, les grands, on les respecte aussi. On ne les contredit pas, on ne les confronte pas

    C’est loin d’être toujours le cas, e tout cas pour celui dans laques j’ai vécu…

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