Tony M. 21/07/2017

Du premier joint au deal… en toute simplicité

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Comme la majorité des français, j'ai fumé mon premier joint alors que j'étais lycéen. Conséquence immédiate : j'ai vomi. Et pourtant, de la première taffe au deal, ça a été pour moi très rapide.

J’ai commencé à fumer pendant ma première année de lycée. Un jour, un mec qui aujourd’hui est devenu un de mes meilleurs amis, nous a proposé à moi et mes potes de fumer un joint. Il avais déjà essayé, mais nous jamais. Alors, il est revenu le lendemain avec une barrette, puis nous a roulé un joint chacun.

La première taffe fumée m’a étouffé jusqu’à en vomir. J’ai réessayé de fumer par-dessus, mais impossible. Je toussais trop. Ça ne m’a pas empêché de vivre le plus dur moment de ma vie dans l’heure qui a suivi. Je me suis retrouvé à avoir des sueur froide et j’ai vomi. Le soir, je sui rentré chez moi et ma mère m’a demandé ce qui n’allait pas. Je lui ai raconté et elle m’a dit que c’était bien : « Au moins, tu ne fumeras jamais ! »

Du shit, de l’argent facile…

Je n’ai pas touché un joint ni une cigarette pendant un an. L’année d’après, avec ces mêmes personnes, dont cinq sont devenues mes meilleurs amis, on a réessayé. Et là, le cauchemar a commencé : on ressentait une envie de fumer à chaque instant. Il nous fallait absolument notre joint après manger.

Après avoir commencé à fumer, comme j’avais faim d’argent, j’ai appris des « techniques commerciales » pour faire du trafic. Je n’avais que 15 ans ! J’ai rencontré un mec de 30 ans, petit dealer d’une cité de L’Haÿ-les-Roses, et il m’a mis dans le bain. C’est à ce moment là que ma vie a basculé, car je suis devenu un dealer pendant 10 ans. Sans avoir un seul problème avec la justice et sans changer de numéro de téléphone.

Je recevais pourtant une dizaine de clients chaque jour pour un gain de 300 euros environ. J’étais content. Je m’achetais ce que je voulais et je sortais tous les soir.

Jusqu’au jour où j’ai rencontré un gros poisson du banditisme. Tout a changé.

Ça parlait de sommes à quatre chiffres minimum. On allait chercher des kilos de shit en transports en commun. J’ai commencé à monter : je vendais beaucoup. Les gens m’apellaient car j’avais de la bonne qualité et tous les produits qu’ils voulaient. Ce qui était étrange, c’est que tout le monde savait ce que je faisais et que personne ne nuisait à mon business alors qu’il y avait deux points de vente à 200 mètres de chez moi .

… et la vision altérée, le doigt coupé

A cet âge là, je ne pensais pas que le shit ou l’herbe menaient à d’autres drogues bien plus rentables, mais aussi bien plus dangereuses pour l’homme. Le shit, on le fumait tous les jours, matin et soir, après manger, avant de dormir, et quand on sortait. C’était devenu banal pour moi. Au fil des années, j’y suis vraiment devenu accroc, au bon shit.

J’aimais avoir de la bonne pâte noir à fumer pour impressionner les gens.

Jusqu’au jour où j’ai vu ma vision changer. Pas ma vision du monde hein ! Ma vision vision ! Mes yeux ne voyaient plus rien pareil. Je me suis posé des questions pendant au moins trois mois jusqu’à aller chez le docteur pour savoir si j’avais un problème. Malheureusement, c’était dû au cannabis. Premier impact.

Le deuxième, ce fut quand un jour, par inadvertance, je me suis coupé un doigt. Après l’opération, où j’étais bien sûr endormi, j’ai fumé un gros joint de beuh, énorme, tellement j’avais mal. Je voulais qu’il me couche. Ça m’a fait dormir direct.

Six mois après, mon doigt remis, je me suis rendu compte qu’il ne bougeait pas complètement. Je me suis dit que ça allait revenir avec la rééducation… mais non. A cause du cannabis, je ne pourrai plus jamais le rebouger.

Dire que ça ouvre l’esprit, c’est vrai ! On est plus communicatif, les yeux brillent… Mais quand j’ai pris conscience du nombre de joints que j’avais fumé dans ma vie, je me suis dis que j’avais suffisamment abusé. Mais impossible d’arrêter.

Jusqu’au jour où mon meilleur pote est parti en prison et que tout s’est arrêté d’un seul coup.

Mais ça, c’est une autre histoire…

 

Tony M., 21 ans, demandeur d’emploi, L’Haÿ-les-Roses

Crédit dessin Emilie Seto pour la ZEP

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