Lucie G. 20/04/2017

Voter FN comme mes parents, non merci !

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Dimanche 23 avril, premier tour de la présidentielle et premier vote. Mais pas question de voter comme mes parents. L'élection est aussi une histoire d'émancipation...

On est à quelques jours de l’élection présidentielle et je ne sais pas pour qui voter. Ce qui est certain, c’est que je ne voterai pas comme mes parents, je ne donnerai pas ma voix au Front National. Pour mes parents, voter FN, c’est « redonner une belle image à la France », c’est « dire non à une France soumise vis-à-vis de l’Union Européenne et incapable de gérer le flux migratoire », etc. Ce n’est pas mon avis.

Leur candidat n’est pas le mien

Chez moi, on a toujours penché à droite. Jamais à gauche. Mais l’extrême droite, c’est la première fois pour mes parents. Cette semaine, ils m’ont demandé ce que je comptais voter. Je leur ai répondu que je ne savais pas, mais certainement pas FN. Ils auraient pu l’accepter et dire que chacun est libre de voter pour qui il veut. C’est ce que je fais. Je ne critique pas leur choix. A l’inverse, eux m’ont demandé si je n’avais pas honte, honte de voter pour quelqu’un qui allait enfoncer encore plus la France qui va déjà assez mal comme ça… Les mots sont forts. Ils croyaient vraiment en ce qu’ils disaient.

Du coup, pour éviter des conflits inutiles, on parle peu politique à la maison. Mais ça n’empêche pas qu’on se taquine. Je fais croire à mes parents que je vais voter pour tel ou tel candidat. Pas la leur.

Avant hier, je leur ai dit que j’allais voter Lassalle pour faire un barbecue avec lui.

J’ai défendu Poutou qui veut diminuer le temps de travail sans toucher au salaire. Ça me va bien… Mes parents savent que c’est sur le ton de l’humour. Eux aussi le font. Ils m’ont mis cette semaine, sur ma table de nuit, tous les flyers des candidats en me demandant si j’avais bien dormi « à coté de ces rigolos ». Ça reste bon enfant, même si l’heure de voter approche plus vite que que je ne le pensais.

Emancipée !

A force de lire, les programmes, de regarder les débats et même les spots de campagne à la télé, je me suis dit : pourquoi pas Macron ? Je pense qu’on a besoin de quelqu’un qui se dit ni de gauche ni de droite, quelqu’un qui sache mener les deux politiques et qui nous fasse enfin avancer. Je dois être un peu têtue, parce que j’en ai parlé à mes parents.

Ils m’ont littéralement ri au nez : « Tu vas voter pour quelqu’un qui ne sait même pas de quel bord politique il est ! Bravo ma fille ! »

Pour se moquer, ils ont accroché dans ma chambre, juste en face de mon lit, le flyer d’Emmanuel Macron. En me réveillant le lendemain, ils m’ont demandé si je n’avais pas eu trop peur… Parce que si il passe, je devrais avoir peur pour l’avenir.

Là, on en rigole, mais je redoute l’arrivée du 23 avril. Je pense que j’aurai le droit à un petit coup de pression la veille et de bon matin. On ne sait jamais, peut-être que je changerai d’avis durant la nuit. Mes parents s’attendent à ce que je les suive comme j’ai toujours fait quand il y avait des décisions à prendre. Mais je n’ai pas envie de faire comme eux, je veux prendre cette décision seule. Pour moi, c’est important. C’est comme un cap que je passe. Je suis assez grande et mature pour ne plus suivre leurs idées. Cette élection, incertaine et un peu inquiétante, c’est aussi un passage dans mon émancipation.

 

Lucie, 19 ans, étudiante, Paris

Crédit photo © Rue des archives

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