Anthony B. 31/03/2017

De retour à l’école à 25 ans, plus déterminé que jamais

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En 2016, environ 110 000 jeunes ont quitté le système de formation initiale sans diplôme. Moi, je n'ai tenu que quelques semaines en BEP comptabilité. La faute à une orientation trop hâtive ?

Nous sommes au printemps 2007, je suis en seconde et âgé de 16 ans. Je n’ai pas vraiment d’ambition, ni de projet professionnel en tête. Je suis un adolescent mal dans sa peau et très introverti, ce qui m’amène à sécher les cours de plus en plus fréquemment. Les conséquences se font très vite sentir : mes résultats scolaires chutent et les avertissements tombent.

Arrivé à la fin de l’année, je n’ai alors plus d’autre choix que de redoubler ou me réorienter.

Je prends alors pris la décision de me réorienter car je refuse catégoriquement de revivre une année comme celle que je viens de vivre.

Le choix de la déscolarisation…

Mon choix d’orientation se tourne vers la comptabilité pour deux raisons : des connaissances m’ont fait part de leur désir de se réorienter vers un BEP comptabilité et… ma mère a fait des études dans ce secteur.

Septembre 2007. La rentrée en BEP comptabilité se passe relativement bien, persuadé que mon avenir professionnel est tout tracé. Je tombe de mon petit nuage dès les premières semaines, lorsque je réalise que la comptabilité n’est définitivement pas faite pour moi.

Après quelques mois, je me déscolarise complétement sans même passer l’examen de fin d’année.

L’Education nationale ne peut rien faire. J’ai 17 ans. Pour moi l’école n’est plus obligatoire. Mon lycée tente bien de me dissuader et de me réorienter, mais les autres filières ne m’intéressent pas plus.

Un trou dans mon CV et c’est la chute

Mars 2009. Plusieurs mois sont passés depuis ma déscolarisation et après mûre réflexion, je décide de m’orienter dans la pâtisserie.

Je me rends sur Paris pour passer les tests écrits et oraux pour intégrer une école de pâtisserie, bien décidé à rebondir et à reprendre mon avenir en main.

Je passe les tests écrits avec succès. À l’entretien, je me retrouve face à deux formateurs. C’est mon premier entretien et je suis un peu tendu, mais je réussis à répondre aux questions et à expliquer mes motivations, jusqu’à la question de trop.

En étudiant mon CV, un des formateurs voit un trou de plusieurs mois sans activité et me demande alors de le justifier. Je tente d’expliquer qu’il m’a fallu du temps pour réfléchir à ce que je voulais faire, car je ne voulais pas me retrouver à nouveau dans une filière qui ne me plaisait pas.

Ma réponse ne le convainc pas et il me fait très vite fait comprendre que, pour lui, ce trou de plusieurs mois démontre un manque de motivation certain.

Je l’ignore encore, mais cette décision va entrainer des années de galère. Complétement découragé et démotivé, je décide de me lancer directement dans le monde du travail et commence à étudier les petites annonces. J’enchaine les boulots de 2009 à 2016 : de McDonald’s au Parc Floral de Paris, en passant par Carrefour. Les années sont passées à toute vitesse.

Jamais trop tard pour trouver sa voie

Fin 2016, bientôt 25 ans, et beaucoup de lassitude dans mon travail d’équipier de vente chez Carrefour Drive. Je ne me vois pas faire ça toute ma vie. J’arrive à un âge où je ressent le besoin d’exercer un métier qui me passionne. Je fait le point sur ce que j’aime dans la vie et les animaux sont très vite ressortis, en tête de liste.

Je prends la décision de démissionner de Carrefour pour devenir soigneur animalier.

Direction la Mission locale la plus proche. Je leur explique mon projet, mais je suis rappelé à la réalité lorsque mon conseiller m’informe qu’il n’y a que deux centres de formations en France et que leur coût est très élevé : 5000 euros.

Me trouvant dans une impasse, on m’a conseillé de participer à une réunion d’information à l’Ecole de la 2ème Chance de Chelles, ce que j’ai fait.

Je suis désormais stagiaire au sein de cette école et mon projet professionnel est de devenir conseiller de vente en animalerie.

J’ai trouvé plusieurs stages dans des boutiques et je compte bien aller jusqu’au bout de mon projet qui, je l’espère, se concrétisera courant 2017.

J’aimerais m’adresser à tous ceux qui se trouvent dans mon cas : vous qui avez été mal orienté et êtes sortis du système éducatif, ne vous découragez pas. Renseignez-vous auprès de la Mission locale ou du Point information jeunesse le plus proche de chez vous. Ils sauront vous guider pour vous aider à rebondir. Ne laissez personne vous dire que vous n’êtes pas capable, foncez et accrochez-vous à vos rêves.

Anthony, 25 ans, en formation, Chelles

Crédit photo Flickr / Vandenn Biceps

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1 réaction

  1. Salut ! Je ne sais pas si tu verras mon message mais ton témoignage m’a ému car je suis (un peu) dans le même cas que toi.

    Moi aussi, je ne rêve que d’animaux, à la différence que je le sais depuis longtemps !

    Et moi aussi j’ai du mal à trouver ma place dans les études. Car, même si j’ai brillamment réussi (sans me vanter) un premier cursus, j’ai un obstacle majeur qui me gêne pour réussir dans le domaine qui me plait : un handicap ! Résultat :on m’a souvent dit que les métiers avec les animaux étaient inaccessibles pour moi ! Trop physiques….Ou trop scientifiques (mon handicap me gêne aussi dans ces matières) On m’a conseillé (ordonné parfois) de multiples fois de renoncer, de prendre un travail littéraire bien tranquille « au chaud » derrière un bureau, sans bouger, sans sortir: traductrice, bibliothécaire, professeur…. Certains estiment même que j’ai plus de chance d’être écrivain que de travailler dans la nature !

    Mais je peux pas. Je rêve de nature, d’animaux, d’être dehors souvent. J’ai aussi besoin de contacts avec les autres. Je voudrais communiquer aux gens mon intérêt pour les plantes, pour les êtres vivants. Mon handicap n’y change rien.

    Alors, j’essaie de me réorienter. Et de monter des projets personnels pour me faire remarquer dans ce domaine. Ce n’est pas facile, mais j’ai des ouvertures. Avec un peu de chance, ça pourra peut-être marcher.

    J’espère que toi et moi, on y arrivera. Je pense qu’on a de bonnes chances. C’est marrant de voir qu’on a des trajectoires et des obstacles totalement différents mais un objectif commun.

    Je te souhaite bon courage !

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