Yasser D. 02/05/2017

Un barbecue… et la police qui s’invite

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Aulnay-sous-Bois, un samedi de juin. Il faisait chaud. Le soleil tapait. Je me souviens de ce moment où la police a débarqué...

Je me souviens, on était en bas de la cité, allée d’Athènes. On était au moins une vingtaine posés en train de fumer la chicha, faire un barbecue et écouter de la musique. On tapait le ballon avec les p’tits et l’association du quartier était contente de ce qu’on faisait.

Des membres de l’asso’ ont même acheté des baguettes et des boissons tellement il y avait du monde qui venait. Même les quartiers voisins nous ont aidés. On était calmes, comme d’habitude. On ne dérange personne et personne ne nous dérange.

On habite dans ce quartier, on a donc le droit de faire ce qu’on veut tant que ce n’est pas interdit par la loi.

La police débarquait toutes les dix minutes au point de vente qui était juste à côté de l’allée d’Athènes. Ce qu’on n’a pas aimé c’est qu’ils attrapent deux innocents qui marchaient pour venir au barbecue.

C’était mon cousin et son pote. La police est arrivée en courant.

Les policiers les ont attrapés, collés contre le mur et les ont frappés sans raison.

Ils ont continué à taper jusqu’à ce que l’un d’entre eux saigne du nez et de la lèvre.

Plusieurs habitants ont couru pour les séparer. La police les a aspergés de gaz lacrymogène. On voyait notre pote par terre, en train de se faire massacrer, son visage était en sang. Des habitants ont filmé l’altercation.

Affaire classée sans suite

Plus tard dans la journée, on a amené la vidéo au commissariat central d’Aulnay-sous-Bois. On nous a très mal accueillis.

Ça m’a dégouté ! Quand on a essayé de montrer la vidéo, on nous a répondu qu’il était normal que les agents se défendent car dans ce lieu, au point de vente, ils ne sont pas vraiment bienvenus.

On a pu déposer plainte, mais cela n’a pas abouti. L’affaire a été classée sans suite. On n’a jamais été recontactés pour nous écouter et on n’a jamais obtenu de rendez-vous pour expliquer la vidéo.

La seule chose qu’il nous restait à faire, c’était de la balancer sur les réseaux sociaux.

Des milliers de personnes l’ont partagée et on a reçu beaucoup de messages d’encouragement, comme quoi la justice finirait par être faite.

Maintenant, grâce à cette bavure, je comprends pourquoi Zyed et Bouna couraient…

 

Yasser, 18 ans, stagiaire École de la 2e Chance, Chelles

Crédit photo Pixabay

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