ZEP 27/07/2017

Bac + 8 et un doctorat… faute de mieux !

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Faire des études, c'est normal. Les poursuivre parce qu'on n'a pas trouvé d'emploi ça craint non ?

Être inscrit en doctorat de droit public, cela peut faire rêver certains d’entre vous… ou pas. Laissez-moi juste-vous dire que ce choix a été fait à moitié… malgré moi ! Pourquoi ? Parce qu’après mon master en droit public et administration des collectivités (deuxième de ma promo avec la mention Bien, s’il vous plait !), je me suis mis tout de suite à rechercher d’un emploi. Malheureusement, les jours ont passé et je n’ai reçu que des réponses négatives. Toujours du même genre : « Malgré les qualités de votre CV, nous sommes néanmoins au regret de vous informer que nous ne pouvons y donner une suite favorable. »

Des petits boulots d’interim à enchaîner

Comme j’avais un prêt pour le permis de conduire à rembourser (1 200 euros), un loyer mensuel (410 euros) et la « bouf’ » à payer, je me suis demandé forcément : que faire pour m’en sortir ? Dois-je vendre mon diplôme ? J’y ai pensé !

J’ai alors enchaîné les petits boulots d’intérim : caissier dans une supérette, manutentionnaire dans une entreprise en logistique, chargé d’accueil, vigile dans un magasin, plongeur dans un restaurant… Jusqu’au jour où mon directeur de master a demandé à me voir : « Moussa, je souhaiterais te proposer un sujet de thèse… si tu es, bien sûr, intéressé. Saches que mon choix n’est pas anodin, c’est parce que je te fais confiance là–dessus. » Ma première interrogation, à ce moment précis a été de me demander : comment faire le lien entre cette proposition et un moyen de gagner ma vie ?

Un doctorat pour un emploi à la fac

Finalement, j’ai accepté la proposition et je me suis inscrit en thèse : mes frais d’inscription sont pris en charge par la fac, après une vaine demande auprès du Crous.

Lucille a un BAC+5. Elle pensait trouver un travail bien rémunéré dès la fin de ses études, comme lui ont fait croire ses profs.  Mais non ! Ce qu’il lui manque ? De l’expérience.

Quelques semaines plus tard, la fac m’a proposé en tant que doctorant d’être chargé de TD pour les étudiants en Licences. Proposition que j’ai accueillie à grande joie vu que ce poste me permet d’être rémunéré !

Et si la thèse est souvent un choix après une longue réflexion, pour moi elle a été une obligation. C’est elle qui me permet de payer mon loyer, de rembourser le prêt contracté et les autres charges. Aujourd’hui, je suis doctorant. Et demain ? Je ne sais pas…

 

Moussa, 26 ans, doctorant et chargé de cours en droit, Orléans

Crédit photo CC nappy // Pexels

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6 réactions

  1. Tu te sens mieux éric?
    Un commentaire fait juste pour se “vider”.
    Vouloir absolument intégrer le privé coûte cher parfois.

  2. @Karim : Arrêtons de crier au racisme à chaque fois. Je m’appelle Eric, j’ai un doctorat en sciences dans un domaine ultra porteur que ce sont les matériaux utilisés dans le domaine médical. Je me suis cogné 2 ans de chômage pour le moment, je n’ai que des contrats précaires à 1500 boules par mois où je suis utilisé et jeté comme un vulgaire Kleenex. Mon avenir ? Je réfléchis à une reconversion ! En attendant, je soulève des cartons pour subvenir à mes besoins, le tout en pensant régulièrement aux pistonés et à mon bout de papier que représente mon doctorat !!!

  3. Sans vouloir tomber dans la victimisation à deux balles, j’ai tout de suite compris pourquoi tu as tant galéré à trouver du boulot après ton Master : tu t’appelles Moussa.

    Malheureusement ce n’est pas toujours un avantage, et c’est une réalité. Mais c’est pas plus mauvais d’avoir fait une thèse, vu l’orientation “publique” de ton Master, finir fonctionnaire en étant professeur à l’Université c’est pas moche ! Keep on fighting.

  4. aussi un témoignage d’un documentaire de Yamina Benguigui. Cette situation reflète-t-elle bien la réalité ? Car, comment un quasi-major peut se retrouver à tomber dans la débrouille au sortir d’un M2 en droit ? Par mauvaise volonté : une seule maitrise de connaissances théoriques qui fait horreur aux employeurs ? C’est bien connu. Ou serait-ce la réalisation du mythe selon lequel le droit public paye encore moins que le droit pénal ?
    À mon avis, loin de ces hypothèses, ce type de témoignages déprimants émanent souvent de personnalités avec une certaine propension à se confondre dans leur tour d’ivoire (j’entend par là le confort de la fac et le goût de la connaissance empirique). Sinon être théoricien, c’est pas mal non plus.

  5. Ce récit est bien sympatique et surtout insolite ; ce pourquoi il a été publié. Mais on dirait aussi un témoignage d’un documentaire de Yamina Benguigui. Cette situation reflète-t-elle bien la réalité ? Car, comment un quasi-major peut se retrouver à tomber dans la débrouille au sortir d’un M2 en droit ? Par mauvaise volonté : une seule maitrise de connaissances théoriques qui fait horreur aux employeurs ? C’est bien connu. Ou serait-ce la réalisation du mythe selon lequel le droit public paye encore moins que le droit pénal ?
    À mon avis, loin de ces hypothèses, ce type de témoignages déprimants émanent souvent de personnalités avec une certaine propension à se confondre dans leur tour d’ivoire (j’entend par là le confort de la fac et le goût de la connaissance empirique). Sinon être théoricien, c’est pas mal non plus.

  6. Hé oui hélas, c’est “toujours” pareil, enfin presque la même réponse.
    Les recruteurs essayent toujours d’être diplomates quand ils annoncent une réponse négative. Pourquoi tourner autour du pot il faut appeler un chat un chat. Où je me trompe?

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