ZEP 28/06/2020

VIDÉO – Banlieusard en prépa, le choc des classes

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Un banlieusard n'a rien à faire en classe prépa. Voilà ce que j'ai toujours entendu... Aujourd'hui diplômé, je suis bien décidé à prouver le contraire.

Un banlieusard en classe prépa littéraire ? Rien de choquant a priori. Mais l’origine sociale de Noâm a influencé le regard que ses profs et les autres portaient sur son avenir et sur lui. Dans son lycée, à Vitry-sur-Seine, on lui parlait plus des différents bacs pros disponibles, et dans sa classe prépa du 12ᵉ arrondissement, les professeurs avaient une image de la banlieue bien différente de son vécu.

« Dès que j’ai commencé à réfléchir à aller en classe préparatoire littéraire, la première chose qu’on m’a dit c’est que c’était un truc de riche, que ce n’était pas notre milieu. »

Des injonctions qui n’ont pas freiné ses ambitions… Mais difficile alors pour lui de se sentir légitime. Surtout que, une fois admis en classe prépa, une grande partie de ses camarades venaient de quartiers plus aisés.

« Je me suis vite rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup de personnes de mon milieu en classe prépa : des banlieusards, ou même des personnes qui connaissaient des difficultés économiques ou sociales. »

Un décalage qui a des conséquences. Outre des différences financières handicapantes entre lui et ses camarades, les professeurs de Noam se sont, pour certains, fait une idée préconçue de lui à cause de son adresse.

« Il y avait un côté fantasmé de ma vie. J’ai eu une enfance très heureuse et épanouie dans un milieu certes populaire. Mais pour mes profs, dans leur tête, j’étais dans des tours de 10 étages à voir de la délinquance partout en bas de chez moi. »

La prépa, une filière difficile et un emploi du temps chargé. Comment concilier ses deux milieux, et continuer à garder le lien avec ses amis du lycée ? Une position compliquée qui a pu créer un léger fossé entre Noam et ses anciens camarades, mais aussi un sentiment de culpabilité.

« Par moments, j’avais l’impression d’abandonner un peu mon milieu et mes amis, ça a été une période très difficile. Je me demandais si je n’étais pas en train d’oublier d’où je venais. »

Mais ces questionnements l’ont poussé à mieux se comprendre lui, et ses ambitions. Aujourd’hui, il a une double fierté : celle de venir de banlieue, et celle d’avoir réussi à casser les codes d’un système qui ne pense pas à lui.

« Je suis un banlieusard qui a fait une classe prépa, je suis un banlieusard qui a une L3 dans une filière sélective, qui a sa licence avec mention, qui fait le parcours Métiers du politique, et qui a pour objectif de changer les choses. »

Annelyse a elle aussi été en classe prépa. Elle raconte ces années difficiles qui l’ont forgée et poussée à se surpasser. Aujourd’hui, elle n’a aucun regret.

 

Noâm, 22 ans, étudiant, Rosny Sous Bois

Prise de vue et montage © La ZEP – Elliot Clarke // Sous-titres : Amadou Sall // Musique © Ködama – Black Cloud (Mamie’s Record)

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