Tony A. 17/05/2015

Comment la vie associative m’a permis de m’intégrer à la fac

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Débarquer de sa campagne à Toulouse pour ses études quand on est timide ? Bonjour la solitude et la déprime ! J'ai trouvé la solution : le bénévolat.

Quand je suis arrivé à Toulouse pour mes études de Lettres après le baccalauréat, je ne connaissais personne. Je débarquais de ma campagne, littéralement. Intimidé par le nombre de gens présents à la faculté du Mirail, j’ai eu beaucoup de mal à m’accrocher pour aller en cours, à trouver la motivation pour me lever le matin et aller à la fac. J’ai très vite décroché par manque d’intérêt pour les études et par solitude dans ma chambre U ; mes amis de lycée me manquaient et en même temps, je n’arrivais pas à rencontrer des gens en ville. Bref, snif snif, mélodrame : je n’étais pas bien. Et puis j’ai découvert le Foyer, à la fois lieu et association.

Le foyer… pour faire une pause, se rencontrer

Difficile de rendre compte de l’ambiance particulière de ce lieu. Sur le principe, c’est une ancienne salle de cours avec un comptoir derrière lequel des «permanents» servent des victuailles diverses. Café, thé, jus de fruits et snacks, des barres chocolatées aux nouilles chinoises. Tout cela est proposé à la vente à des prix abordables pour l’étudiant lambda qui, comme chacun sait, galère à faire plus d’un repas équilibré dans la semaine sans l’aide des conserves de maman.

Les permanents sont des étudiants bénévoles qui tiennent des permanences derrière le bar, de 8h à 18h, pour accueillir les étudiants harassés par le rythme des cours et des partiels. Ainsi, n’importe qui peut venir faire une pause dans un canapé, avec de la musique judicieusement choisie par le bénévole en action et un café préparé avec amour dans une cafetière rafistolée.

La fréquentation varie bien sûr en fonction de l’heure et de la période de l’année, mais en moyenne, je pense que nous recevons au moins une centaine de personnes par jour sauf le vendredi, parce que pour la plupart des étudiants, c’est week-end. Bien sûr, quand il fait beau et que nous organisons des concerts ou des bœufs (comprendre scènes ouvertes), ce nombre déjà très approximatif peut exploser.

Bref, c’est un bon endroit pour faire une pause, rencontrer d’autres étudiants, débattre et alimenter sa tension artérielle.

Devenir permanent, un bien fou

Je pourrais passer des heures à vous expliquer comment ce lieu vit de mille manières. Comment une pause café déborde sur un cours. Comment un peu de musique et quelques canapés suffisent à créer des échanges entre les jeunes qui étudient des matières n’ayant rien à voir les unes avec les autres. Comment le foyer rend la faculté vivante, alors même que l’on pouvait avoir l’impression que les gens s’attardent peu à discuter. Bref, moi qui entr’apercevais tout cela depuis un coin de la salle, je me suis dit un jour que j’allais soigner le mal par le mal. Quel meilleur moyen pour faire des rencontres que d’intégrer une association ? Quel meilleur moyen pour me motiver à venir à la fac qu’un lieu comme celui-là ?

Je rencontrais ainsi Nina, avec qui j’avais des cours en commun. Elle venait d’intégrer l’association et me proposa, me voyant timide et volontaire, de venir assister à la prochaine réunion pour me présenter à l’équipe. Et boom ! Direct dans le bain. Pour l’hydrocution on ne s’inquiète pas, il y a des gens pour te sortir de l’eau au besoin.

Je fis donc mes débuts en temps que permanent, bénéficiant ainsi du café gratuit et du privilège de pouvoir passer derrière le comptoir.

Cela me fit un bien fou, moi qui éprouvais des difficultés à me lever pour aller en cours, je filais tôt le matin à la fac pour ouvrir dès que je le pouvais. Essayez d’imaginer la gratitude (parfois inexprimée) qu’éprouve un étudiant levé depuis 6h du mat’ quand, avant d’aller en cours, il peut se faire servir un café chaud pour 30 centimes ! Et le mieux ? Tenir un comptoir, ça oblige à parler aux gens. Qu’il semble lointain le temps où je trouvais cela intimidant !

La fac a trop besoin de lieux comme celui-ci

J’ai rencontré nombre de personnes formidables durant mes permanences, que ce soit des clients ou bien d’autres bénévoles, comme moi.

Quelques mois plus tard à la suite d’une nouvelle réunion, je devenais vice-président de l’association, alors que Nina prenait la place de présidente, remplaçant le précédent qui finissait ses études et quittait la fac. Alors que j’étais déjà jeune engagé, j’acceptais là une responsabilité que je ne mesurais pas encore.

L’asso n’avait auparavant pas de vice-président, j’avais donc un rôle nouveau qu’il m’incombait de créer. Je ne l’ai réalisé que récemment, mais en gros, je suis devenu peu à peu une sorte de DRH : responsable de la gestion de l’équipe, de la cohésion de groupe. Une tâche que je n’ai pas toujours appréciée, ne me sentant pas toujours légitime dans un rôle «d’autorité». Mais c’est en forgeant qu’on devient forgeron, non ?

Désormais, je suis devenu président à mon tour, calife à la place du calife. Je n’avais pas vraiment prévu cela (même si ça peut sembler logique), mais je ne m’en plains pas, c’est un petit peu l’occasion pour moi de rendre au foyer tout ce qu’il m’a apporté pendant ces années.

Aujourd’hui, nous déménageons. Les anciens bâtiments seront bientôt détruits, au même titre donc que notre local, qui aura vu passer entre ses murs plusieurs générations d’étudiants. Nous allons nous retrouver dans un algeco, une salle de transition en attendant la reconstruction. Ce sera pour nous une nouvelle expérience, il sera plus dur d’organiser des concerts, nous verrons sans doute la fréquentation du lieu diminuer…

Mais quelle importance ? Nous n’allons pas laisser un petit chamboulement nous décourager. La fac a trop besoin de lieux comme celui-ci et fort heureusement, nous ne sommes pas les seuls à contribuer à la rendre vivante. Tant que nous aurons une cafetière en état de marche et quelques canapés moelleux, nous resterons un refuge accueillant dans l’université pour ceux qui en ont besoin.

 

Tony, 22 ans, volontaire en service civique, Toulouse

Crédit photo Tony

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