Faema N. 04/04/2018

Deux ans à attendre un lycée pour mon frère autiste

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Faema considère son frère comme quelqu'un de normal mais ce n'est pas le cas du système scolaire. Privé de lycée à cause de son autisme, sa famille n'a rien lâché !

Mon grand frère, Oussad, a 18 ans. C’est un jeune homme plein de vie qui comme tous les garçons de son âge aime les jeux vidéos, les filles, les films d’action et l’école aussi (il était très fort dans quelques matières).

De la primaire au collège, il est allé dans des établissements normaux, avec des élèves normaux. Mais l’accès au lycée lui a été refusé. Il n’a pas pu aller dans un établissement public à cause de son handicap. Quand j’ai appris ça, j’ai été assez choquée et déçue du système scolaire.

Au début, mes parents pensaient que c’était une question de temps et qu’un établissement voudrait bien de lui tôt ou tard. Ils se sont rendus dans des lycées et ont vu des professionnels pour trouver un établissement. Pour pas nous inquiéter, mes parents disaient que ça s’arrangerait, qu’ils allaient bientôt trouver un lycée.

A la maison, ils essayaient de ne pas montrer leur inquiétude face à ce problème et en attendant de trouver une solution, ils ont placé mon frère dans une école spécialisée. Avec mon deuxième grand frère, on faisait comme des « petits » cours à la maison pendant les vacances scolaires.

Une famille normale

Je me rappelle que je faisais des maths quand je n’avais rien à faire et ça ne me dérangeait pas du tout ! Pendant les vacances, je ne faisais pas grand chose donc c’était pas grave et il comprenait assez vite.  On y passait genre 1h-1h30 par jour, deux fois par semaine. J’aimais beaucoup l’aider parce que ça renforçait notre complicité. On rigolait quand il se trompait.

Le handicap est encore assez mal appréhendé par l’Education nationale mais aussi dans le monde du travail. Vincent est bipolaire mais il veut travailler !

Kaleidoscope d'un homme en tee-shirt noir qui parle avec ses mains.

Il a fini par intégrer une école spécialisée, mais ce n’était pas comme dans un lycée lambda. Il faisait du dessin, de la poterie, des sorties aux zoo ou au cinéma et un peu de cours, mais c’était plus des activités d’écriture ou des « sciences » pour comprendre le corps humain. Pas de cours de maths, d’histoire ou de langues comme on peut en trouver au lycée ou au collège.

Malgré le fait qu’il n’ait pas de lycée et qu’il soit autiste, mes parents ont toujours fait en sorte qu’on soit comme une famille normale (vacances en famille, restaurant, cinéma, piscine,  plage, activités sportives) et ils ne voulaient pas qu’on traite mon frère différemment à cause de son handicap. Pour moi, on est comme des frères et sœurs normaux : on se disputent, on joue aux jeux vidéo ensemble, on joue à la bagarre (sans se faire mal bien sûr), on regarde des films, des séries, des sketchs.

Cette année, mon grand frère va faire sa toute première année de lycée, il a 18 ans et à cause de son autisme il n’a pas pu y aller avant.

Faema N., 17 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo © Netflix // Atypical (Série)

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