Yassine A. 02/03/2018

Je voulais faire de la pâtisserie, on m’a envoyé en maroquinerie

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Depuis tout petit, je veux être pâtissier. Oui mais voilà : à la fin du collège, on m'a orienté vers un CAP maroquinerie. À 23 ans, stagiaire à l'École de la 2e Chance, je ne suis pas décidé à abandonner mon rêve...

En troisième, j’ai décidé de faire un CAP pâtisserie. C’est ce que je veux faire depuis tout petit. J’étais sûr de mon choix, mais on m’a quand même demandé de faire une liste de huit vœux. J’ai mis cuisine en deuxième choix, hôtellerie en troisième.

Tous mes vœux ont été refusés !

J’ai été convoqué pour second passage, avec une liste restreinte. On m’a proposé un CAP tailleur de pierre ou un CAP maroquinerie. Comme ce dernier n’était pas loin de chez moi, je l’ai choisi. Par défaut. J’y suis resté deux ans.

Diplômé, je n’ai jamais cherché de travail dans ce domaine. Ce n’était pas ce que je voulais faire.

Je suis donc resté un an sans rien faire. Puis, j’ai eu rendez-vous avec la mission locale et Pôle Emploi. Là, j’ai expliqué ce que je voulais faire : de la pâtisserie.

On m’a orienté vers une Ecole de la 2e Chance (E2C). Moi, ce que je voulais, c’était travailler. Tout de suite ! Mais comme je ne trouvais rien, je me suis dit : pourquoi pas ?!

La confirmation d’une passion

Et voilà. Je suis stagiaire à l’E2C depuis 5 mois. J’ai déjà fait deux stages : un premier orienté boulangerie et un autre de trois semaines dans une pâtisserie. Génial !

Je commençais tous les jours à 9h. Je finissais à 17h. Je faisais les choses répétitivement. Chaque matin, dans le sous-sol, sous la boutique, je devais prendre le bon nombre de présentoirs pour le nombre de tartelettes et de choux qu’il y avait. Je mettais du sucre inverti sur chaque présentoir pour coller les tartelettes dessus, pour ne pas qu’elles bougent. Ça, c’est la pâtissière qui ma appris à le faire. Elle m’a tout bien expliqué. Du coup, j’ai aimé faire ça. Ensuite, je devais remplir les tartelettes avec des saveurs différentes (mangue, fruit de la passion, chocolat…). J’étais aussi chargé de faire la déco des choux.

Ensuite, je plaçais tout ça sur une grille, direction le monte-charge, avec encore d’autres pâtisseries faites par la patronne, comme des cupcakes ou des cheesecakes. Il y avait aussi ce qui restait de la veille. On appuyait sur un bouton et ça montait dans la boutique. Le vendeur pouvait alors récupérer les pâtisseries pour les mettre dans la vitrine.

Tout faire pour y arriver !

Il y a un jour que je n’ai pas aimé : quand la patronne m’a demandé de faire la pâte des tartelettes et que je n’y suis pas arrivé. Il fallait être rapide et moi, je ne l’étais pas vraiment. À chaque fois, la pâte se déchirait. Ça m’énervait trop. Mais la patronne m’a dit qu’il ne fallait pas se décourager. Elle m’a dit : « Plus t’essayes d’apprendre, plus tu vas y arriver. » Donc j’ai continué, même si j’avais du mal.

J’ai demandé à faire mon apprentissage là-bas, mais ils ont pris quelqu’un d’autre. Ça m’a un peu déçu. Mais je continue à chercher un employeur pour faire mon apprentissage. J’ai l’impression d’avoir perdu des années, à avoir été mal orienté. À ne pas avoir été écouté. On n’est pas fort dans tout, mais rien n’est impossible dans la vie. Je sais ce que je veux faire et je ferai tout pour y arriver…

 

Yassine, 23 ans, stagiaire à l’E2C (Ecole de la 2e Chance), Paris

Crédit photo Adobe Stock // CC Lulu Berlu

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2 réactions

  1. Tiens bon! Tu es un champion.
    La chance a tourné.

  2. Il ne faut surtout pas se décourager. Bravo pour votre volonté et tous mes voeux de réussite.

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