Lorrah C. 03/05/2021

Les visios vont-ils me faire rater mon bac ?

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Entre les problèmes de compréhension et de connexion, compliqué de préparer son bac. Même les profs ne suivent plus.

Internet va-t-il me faire louper mon bac ? C’est la question que je me pose en ce moment, tellement tout est chaotique. Le lycée ne parvient pas à nous donner nos dates d’épreuves car il n’arrive pas à se mettre d’accord sur les gestes barrières et leur application. Mes épreuves de janvier ont été décalées au mois de février, puis au mois de mars… et ça me saoule. Comment se préparer dans ces conditions ?

Je n’arrive pas à retenir les éléments importants des cours

Pour respecter le protocole sanitaire, ils ont décidé de mettre en place des classes hybrides. Nous sommes coupés en deux groupes : l’un en présentiel, l’autre en visio, et vice-versa une semaine sur deux. Normalement, nous n’avons pas le droit de dépasser trois heures de cours en visio dans la même journée. Pourtant, certains jours, on atteint les huit heures. On en a parlé à un de nos profs principaux, qui nous a renvoyés vers le principal adjoint pour faire bouger les choses. Mais rien.

Ça m’énerve car huit heures en visio, c’est beaucoup trop. Je n’arrive pas à retenir les éléments importants des cours. Les profs vont trop vite. Ils parlent devant leur écran sans faire de pause. On dirait des machines. Les slides changent tout le temps. C’est galère de tout prendre en notes… Et ça, c’est quand les profs viennent. Je vous explique : pour aller à un cours en visio, il faut se connecter via un lien que le prof nous donne en fonction de nos emplois du temps et attendre qu’il se pointe. Après, les profs font l’appel et nous partagent des documents. Mais parfois, ils ne viennent pas. J’ai déjà attendu une heure comme ça pour rien.

Déconnectée une dizaine de fois en une heure

Et puis il y a le wifi. Chez moi, le réseau bugue et je ne peux pas toujours faire le travail que l’on me demande. Ça peut se déconnecter une dizaine de fois en seulement une heure. Ça m’est arrivé en français la dernière fois, et la prof a menacé de me mettre un zéro pour un travail qui, à la base, ne devait même pas être noté. J’ai essayé de la contacter, mais elle n’a reçu mes messages qu’à 19 heures. Elle m’a dit : « Ça ne doit plus se reproduire, sinon la prochaine fois c’est zéro. » Quand on essaie d’expliquer à nos profs nos problèmes, ils ne veulent rien savoir. Ils pensent que parce qu’ils arrivent à se connecter à internet, ça doit être pareil pour nous, mais c’est faux. Le réseau n’est pas le même selon l’endroit où l’on habite.

« 40 % des étudiant·e·s ne reviennent pas en présentiel […] [car] c’est un mode d’enseignement qui leur convient. » Cette déclaration de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, sur Public Sénat est loin de faire l’unanimité.

Je préférerais qu’on arrête les cours en visio et qu’à la place, pendant les jours en présentiel, on nous donne des livres, des exercices et des devoirs à la maison. On les ferait et on les enverrait aux profs pour qu’ils nous corrigent, vu que le lycée ne nous fournit pas d’aide pour avoir le matériel nécessaire pour travailler. Pas de clé 4G pour qu’on puisse tous avoir internet, alors que ce serait nécessaire je pense.

Depuis le Covid, c’est tolérance zéro, même pour les rendez-vous médicaux. J’en sais quelque chose. Je devais faire une prise de sang. J’ai prévenu mon prof longtemps en avance, et il m’a dit que si je n’assistais pas au cours, il pourrait me coller. Ce n’était pas aussi dur le lycée d’avant Covid !

Ce sont nos épreuves du bac qu’ils font louper

En présentiel, lorsqu’on demande à nos profs de nous réexpliquer ce qu’ils ont dit en visio, certains refusent. Pour eux, c’est à nous de nous débrouiller seuls. Ce n’est pas leur faute tout ça. Je suis d’accord, mais il faudrait qu’ils soient un peu plus conciliants et qu’ils comprennent que ce n’est pas une perte de temps de nous réexpliquer certains éléments du programme.

Claire étudie à 1000 km de sa fac. Loin de ses ami·e·s, du reste de sa famille, mais surtout, de son petit appartement. À la campagne chez sa grand-mère, elle a l’espace pour étudier et s’aérer.

En refusant de nous aider, ce sont nos épreuves du bac qu’ils font louper. Déjà que j’ai l’impression qu’on n’avance pas sur le programme scolaire… Ça parait évident que mon diplôme aura moins de valeur que celui des générations avant moi.

 

Lorrah, 19 ans, lycéenne, Lucé

Crédit photo Pexels //Andrea Piacquadio

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