Sara L. 03/11/2018

Ma dyslexie m’a handicapée pendant toute ma scolarité

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Sara est dyslexique. Tout au long de sa scolarité, c'était une vraie galère, et dans toutes les matières !

Il ne me manque pas un bras ou une jambe. Je ne suis pas obligée d’aller à l’hôpital tous les mois, ni de subir des prises de sang régulièrement. Mais la dyslexie me handicape tous les jours, et j’ai l’impression que personne ne le comprend.

Malgré cinq années d’orthophonie, je suis toujours incapable de lire le nom d’une station de bus. Je ne fais pas exprès, je ne mets pas de mauvaise volonté, mais je n’y arrive pas, c’est la réalité. Même quand j’écris un texte, j’ai honte de le lire à voix haute. Je sais qu’à un moment, je vais buter. Pour couronner le tout, je lis très lentement. Je n’ai jamais le temps de lire les sous-titres d’un film. Pas même les diaporamas pendant les cours, ou bien les messages Snapchat de mes potes. Je suis obligée de faire des captures d’écran dès qu’on m’en envoie un pour pouvoir comprendre ce dont on parle. Je fais beaucoup de fautes d’orthographe. Les gens qui ne connaissent pas mon problème, peuvent penser que je n’ai pas de culture, ou que je ne suis pas une bonne élève.

Un tiers temps refusé sans raison

Au collège et au lycée, j’angoissais à l’idée d’aller en cours de français. De faire des interrogations et de passer mes examens. Mes professeurs étaient compatissants et ne m’obligeaient pas à faire certains travaux, mais ils ne pouvaient pas me consacrer beaucoup de temps non plus. Ce n’est pas leur rôle. À l’approche du bac, j’ai demandé un tiers temps. C’est une mesure accordant un temps supplémentaire aux jeunes ayant un handicap, pour ne pas les pénaliser dans la notation. Je remplissais tous les critères, mais le médecin scolaire de mon lycée a refusé ma demande. Je ne sais toujours pas pourquoi aujourd’hui. D’autant plus que j’avais plusieurs lettres de médecins attestant de ma dyslexie.

Alors, j’ai galéré en anglais, en français, en espagnol, et même en maths. J’ai quand même eu mon bac du premier coup. Cependant, je pense que ce tiers temps aurait pu me permettre de me relire. Les professeurs nous répètent sans cesse que c’est un point primordial. Soit je n’ai pas le temps, soit j’abandonne au bout de quelques lignes. Cela me demande un énorme effort. Si mon handicap avait été reconnu, j’aurais pu avoir une meilleure note, peut-être même une mention. Cela aurait pu me donner l’accès aux écoles de mon choix.

Aujourd’hui, je suis des études supérieures et la situation s’améliore, notamment grâce à la possibilité d’amener son ordinateur en cours. La correction automatique, la simplicité à modifier les textes et le fait de taper sur un clavier m’aident beaucoup. Je suis plus efficace et j’ai du temps pour me relire. J’ai la chance d’avoir pu atteindre ce niveau d’études sans jamais redoubler. Mais le fait qu’on ne reconnaisse pas mes difficultés ne m’aide pas à persévérer.

Sara,  17 ans, étudiante, Paris

Crédit photo Pexels // CC Victoria Herrera

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3 réactions

  1. J’en ai bavé un maximum. L’humiliation publique du fond de la classe (année 1979) d’une prof qui se gausser de mes fautes et des mots que je ne savais pas écrire pour finir en décrochage total avec une haine contre les profs. Quand on est dyslexique (je suis obligé de me service du correcteur d’orthographe pour l’écrire car ce mot par dans tous les sens) aucun mot ne s’imprime (je ne les retient pas)…Des années d’errance (je ne sais pas écrire ce mot non plus) et des redoublements. Je suis allé en fac de droit car autant je retiens des jurisprudences et des articles des codes autant je ne suis pas capable de retenir l’orthographe des mots et la grammaire mais j’ai obtenu ma Maitrise de Droit à Assas en 1993. Il est difficile de faire comprendre que les phrases, les mots et les verbes parfois (je ne sais pas l’écrire non plus, merci le correcteur et demain je l’aurai oublier) peuvent être flous. j’ai pu recopier 100 fois un mot sans pour autant que je n’en retienne l’orthographe. J’ai pu m’en sortir professionnellement parlant mais je ne suis pas indemne. Je ne suis pas en mesure de laisser des messages sur des livres d’or après des visites dans les musés ou expositions car je suis incapable de laisser une phrase sans qu’il n’y ait dessus une « boulette ». bref j’ai toujours un boulet au pied.

  2. Je ne vous connais pas madame. Cependant je tiens à vous remercier de votre témoignage.

    Moi même j’ai souffert de 14 ans de dyslexie et encore…
    À 25 ans j’ai découvert pourquoi j’étais dyslexique, j’ai quitté mon pays natal à cause de la guerre au Congo et je suis arrivée en France j’avais 6 ans et j’étais illettrée.
    J’ai pleuré quand j’ai appris cette nouvelle toutes ces années de galère scolaire…

    Mais la détermination paie. N’abandonnes jamais.

  3. Bonjour,
    Je suis dyslexique, je viens d’avoir 60 ans et à mon époque il n’y avait même pas d’orthophoniste et donc pas diagnostique, tout le monde me prenait pour une bonne à rien, mais ma force c’était mon courage et une très grande mémoire auditive car dès qu’il s’agissait d’écrire et de lire, j’avais toute les peines du monde, j’ai beaucoup lu à haute voix pour me corriger et beaucoup écrit.
    Tout le monde le dit maintenant, j’ai une belle écriture avec de la ténacité et du courage, j’ai pas fais d’étude supérieur et j’ai fais un BEPC comptable que je n’ai pas eu.
    J’ai eu un restaurant avec du personnels fait beaucoup de petit boulot, je suis une autodidacte et j’ai fais une reconversion pour être tuteur curateur maintenant ont dit Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs et j’ai fais cette reconversion en 2007 juste deux ans avant la réforme car sinon je n’aurai pas pu faire cette reconversion puisque en 2009 il fallait avoir le BAC + 2 et une expérience dans le droit ou finance ou sociale.
    J’ai repris donc des études à la FAC de Créteil pour obtenir mon Certificat National de Compétence « CNC »..
    Je suis donc depuis plus de 11 ans MJPM agrément sur le 92 et plus administrateur ad hoc de Mineurs depuis 3 ans.
    J’ai eu ma fille à 48 ans par césarienne après plus de 10 ans de combat. Je me suis toute ma vie battu rien n’a été simple pour moi, j’ai moi même diagnostiqué que notre fille était peu être dyslexique à l’age de 5 ans au CP, Après 18 mois de lecture l’orthophoniste m’a confirmer qu’elle était dyslexique, elle passe son brevet du collège et j’ai fais la demande pour obtenir du temps supplémentaire.
    Toute votre vie vous allez devoir vous battre car effectivement c’est un combat de chaque instant et moi cela m’épuise mais je ne lâche rien et j’accompagne ma fille du mieux que je peux.
    Courage.

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