Gabrielle P. 17/09/2018

Multi-dys : mon combat scolaire

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Mes profs ont longtemps vu en moi une élève qui ne faisait pas beaucoup d'efforts. Une fois ma dyslexie et ma dysorthographie reconnues, je pensais que tout s'arrangerait. Je n'avais en réalité pas fini de me battre.

Enfant, j’étais plutôt à l’écart. Cette petite fille dans un coin de la classe, seule et rêveuse. J’étais moquée, regardée, voire même un peu bousculée. J’ai passé de longues années à étudier le comportement de mes camarades pour m’en inspirer. Aujourd’hui, à quasiment 20 ans, je passe pour une jeune fille “normale” de mon âge, avec des amies.

Dès le CP pourtant, j’étais en “échec scolaire”. Je n’arrivais pas à lire, ce qui m’a énormément handicapée. J’étais très forte en maths, en calcul mental mais mes notes ne suivaient pas mes compétences. Les maîtresses de primaire ne m’ont jamais lu les consignes des contrôles. Ma mère a fini par m’amener chez un orthophoniste qui n’a su que me diagnostiquer un mauvais apprentissage de la lecture et un problème de concentration. J’ai eu rendez-vous avec lui pendant deux ans, deux fois par semaine, à essayer tant bien que mal d’apprendre à lire. En arrivant au collège, je savais déchiffrer des phrases, comprendre les consignes et j’ai commencé à devenir une élève moyenne. C’est en quatrième, lorsque ma prof de français a osé me dire que je ne faisais aucun effort en orthographe que j’ai pris un dictionnaire et un Bescherelle pour tout apprendre par cœur.

En un an, j’ai su écrire correctement. Bien mieux que certains bons élèves. J’ai demandé à redoubler car je voulais avoir un “bagage solide” pour avancer vers les classes supérieures. Je n’avais que 13 ans, je ne savais absolument pas ce que je voulais faire, mais ce qui était sur c’est que je ne comptais pas me laisser abattre aussi vite. En arrivant en troisième, ma prof principale n’a pas voulu me laisser aller en seconde générale car, je cite : “Tu vas perdre deux points de moyenne par an.” J’ai vu trois fois la conseillère d’orientation qui m’a affirmé que j’avais le droit et les capacités pour aller dans une filière générale.

Conseil de classe du troisième trimestre ? Passage refusé. Nous avons eu, ma mère et moi, un rendez-vous avec la conseillère d’orientation et la principale du lycée qui a fini par accepter.

Le bilan tombe : dyslexie et dysorthographie

En seconde, j’ai augmenté ma moyenne générale de plus de deux points, je suis la preuve que les statistiques sont vraiment aléatoires. J’ai décidé de continuer ma scolarité vers la filière littéraire. Mes notes ont énormément chuté, malheureusement. Mais j’ai continué, tant bien que mal. L’année dernière, j’ai échoué au bac, à 18 points près. Ma moyenne était d’environ 9,5/20. J’ai dit à ma mère à quel point j’étais lente par rapport aux autres, que j’avais beaucoup de mal à me concentrer, que je n’avais jamais le temps de finir. Mon lycée n’avait plus de place. Ils m’ont envoyée dans un établissement à quinze kilomètres de chez moi, plus d’une heure et demi de trajet : deux bus, trente minutes d’attente entre les deux, réveil à 5h30.

En novembre 2017, je suis retournée voir une orthophoniste pour refaire un bilan. Dyslexie et dysorthographie. Elle m’a conseillé d’aller faire un bilan chez une neuropsychologue. Cette fois-ci ? Dyspraxie à haut potentiel. J’ai demandé à avoir des aménagements d’épreuves pour le bac, mais aussi dans l’enceinte du lycée (Plan d’Accompagnement Personnalisé).

Personne ne l’a réellement pris en compte. Les profs n’ont pas fait le nécessaire malgré les demandes. Je me suis sentie dénigrée. J’étais restée tant d’années dans l’incompréhension de mes mauvaises notes. La plupart des enseignants pensaient que je n’étais qu’une flemmarde. Tout ça pour ne pas être reconnu comme handicapée le jour où j’ai de quoi le prouver !

Non-diagnostiquée, Pauline aussi a galéré plusieurs années. Ce n’est qu’à 21 ans qu’elle a appris qu’elle est surdouée, elle comprend maintenant son décalage.

Plus tard, je voudrais devenir professeure des écoles. Mon combat doit être un exemple pour tous les enfants et les parents qui se retrouvent face à ce problème de dyslexie. Faites valoir vos capacités, c’est important, et surtout ne vous démotivez pas, chacun a le droit à la vie qu’il mérite.

 

Gabrielle, 19 ans, lycéenne, Aix-en-Provence

Crédit photo AdobeStock // © Kevin Carden

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8 réactions

  1. J’ai 15 ans et la seconde et un enfert, j’ai donner toute mon énergie pour pouvoir y aller et tout se que l’on me donne en retour de se nouveau train de vie c’est des note qui baisse et des heures de « devoir » en plus

    Pourtant tout et prouver que je suis multi dys mais aucun prof écoute vraiment sauf rare cas

  2. Bonjour Gabrielle,
    Je suis professeur des ecoles et mere d’une fille dislexique et dysorthographique. Il faut du courage, beaucoup de courage pour surmonter. Bravo pour cet acharnement. Où en etes vous? Rien n’est ecrit. Il ne faut pas renoncer car les dys sont les meilleurs pedagogues. Courage et bravo!

  3. Bonjour Gabrielle, mon fils a 8 ans et il est multi dys avec une forte dyspraxie, il est découragé, déteste l’école et a de grosses difficultés scolaires, avec des copies vides lors de contrôles. Auriez-vous quelques conseils à nous donner. Merci par avance. Maya

  4. Bravo pour ton parcours . C’est un combat tous les jours car tous les profs ne jouent pas le jeu même si les PAP sont faits il faut toujours leur rappeler. Ma fille est multi DYS mais une volonté de fer. Elle est en 4ème.

  5. Je suis comme toi, multi dys… Beaucoup de personnes dys peuvent se reconnaître dans ton témoignage. Bravo pour ton parcours!

  6. Je n’oublie pas l’appel de la professeure principale à l’issue du conseil de classe de 3ème, à plus de 20 heures : “Venez à la première heure demain matin, on va lui trouver un truc…”
    C’est ainsi que vous gérez l’avenir de nos enfants Madame ?
    Je ne vous remercie pas Madame, si vous aviez mis la moitié de votre énergie à encourager ma fille, plutôt que d’essayer de convaincre tout le monde qu’elle ne pouvait pas y arriver…

  7. Ne perds jamais espoir. Et continue ta route. Tu as le potentiel nécessaire . Et si telle est ta vocation tu y arriveras malgré les soucis que tu rencontreras. Je serai toujours la pour toi pour t’aider et te soutenir. Morgane

  8. Bonjour Gabrielle ! Mon fils de 15 ans a vécu une réalité très similaire à la tienne depuis son entrée dans le monde scolaire. Mais, comme toi, il persévèré et continue de croire en lui et en ses nombreuses capacités. Et ce, même si plus d’une fois, l’école a voulu lui faire croire qu’il était un mauvais écolier ou un élève avec peu de capacités. Merci de partager ton histoire ! Saches que tu n’es pas seule dans cette situation.
    Une maman du Canada, dans la belle province de Québec !! Bonne continuité et je te souhaite de réaliser tous tes rêves !!

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