Marouane Z. 16/05/2019

Passer six mois en Angleterre m’a fait grandir

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Parti six mois en stage en Angleterre pendant mon BTS, une chambre minuscule, un quartier mal réputé, un anglais pas maitrisé... C'était plutôt mal parti ! Je ne retiens pourtant que du positif de mon Erasmus.

Le 5 novembre 2016, plusieurs questions m’ont traversé la tête : « Mais qu’est-ce que je suis venu faire ici ? Pourquoi je ne suis pas resté au calme avec mes parents, ma famille, mes amis, ma routine ? » Toutes ces questions me sont venues à l’esprit alors que je venais d’emménager dans ma nouvelle chambre : 9 m2, très sombre, sans volets, juste des rideaux. Cela me donnait un grand sentiment d’insécurité. D’autant plus que j’étais à Salford, une ville au nord de Manchester qui n’est pas très bien réputée, notamment en raison de son banditisme. Et puis, il y avait cette pluie anglaise !

Ce matin-là, je me suis dit : « Maintenant que t’y es, serre les dents et ça va le faire, t’inquiète ! Six mois, ce n’est pas si long… » Ma première semaine de stage chez Sport Finance Kappa UK, dont les locaux se situaient en plein de centre-ville dans des bureaux tout rénovés, a débuté. Et c’était… catastrophique. Je ne comprenais quasiment rien de ce que mes collègues me racontaient. J’avais même un collègue qui venait de Liverpool, or l’accent de Liverpool est le plus incompréhensible de toute l’Angleterre. J’avais l’impression qu’il ne parlait même pas anglais ! Je savais encore moins m’exprimer que comprendre. Des fois, juste on me posait des questions du style : « Marouane peux-tu me passer le verre ? » Et moi je répondais : «  Oui oui je vais bien ! » 

On était tous en Erasmus pour quelques mois !

Heureusement, j’ai rapidement découvert un lieu où je me sentais bien : la cuisine. Oui, la cuisine. Le soir, après le taf, je rentrais dans la cuisine qu’on avait en commun avec tous mes voisins, c’est-à-dire six ou sept personnes qui étaient elles aussi dans des petites chambres, comme la mienne. Il y avait des Italiens, dont j’ai pu vérifier les bons goûts pour la bonne nourriture, des Polonais, dont j’ai pu voir que leur attachement à l’alcool n’était pas un mythe, et plusieurs Français. La majorité étaient étudiants sauf un, celui qui avait la chambre collée à la mienne qui était croupier dans un casino, mais qui est parti seulement quelques semaines après mon arrivée car il avait trouvé un meilleur poste dans un casino en Suisse. Les autres étaient présents pour l’année scolaire.

Toi aussi t’es étudiant, t’as envie de partir en Erasmus, découvrir l’Angleterre, mais avec le Brexit tu sais pas si c’est encore possible ? Le magazine L’Étudiant te dit tout !

Vu que la cuisine était assez petite, elle donnait un sentiment d’intimité. Une relation particulière s’est installée entre nous, car nous étions tous dans la même situation : à l’étranger pour quelques mois. Comme il y avait des personnes venant d’un peu partout en Europe, ça m’a permis de pratiquer mon anglais quasiment tous les soirs. Dès que ça parlait un peu français, j’entamais vraiment la discussion avec mes voisines. On parlait un peu de tout et de rien. Enfin surtout de la vie à Manchester et des différences avec la France. Ce qu’on a le plus remarqué (et apprécié), c’est que les Anglais ont strictement aucun préjugé. Dans la rue, personne ne regarde les vêtements ou bien même l’allure des autres. Cela m’a amené à me dire qu’il y avait un problème avec le regard que je portais sur les gens. Les préjugés que j’avais. Depuis mon retour en France, je suis beaucoup moins dans le jugement, je laisse les gens mener la vie qu’ils veulent vivre. Si une personne décide de se différencier avec une coupe ou des habits extravagants, je ne vais plus la juger, lui faire des réflexions. Être plus ouvert, c’est bénéfique pour tout le monde.

Andreia a elle aussi beaucoup grandi lors de son aventure Erasmus. Elle, c’était en Irlande, pour un stage dans un salon de coiffure. « Vivre à l’étranger en Erasmus, ça décoiffe ! »

Ce séjour m’a apporté énormément de confiance en moi. Je me suis rendu compte que j’avais eu peur pour rien. J’ai réalisé que c’était en sortant de sa zone de confort qu’on vivait les expériences les plus intenses. Parce que je me sentais bien dans notre petite cuisine, ça s’est aussi passé de mieux en mieux dans l’entreprise. J’étais plus détendu. Les collègues venaient me demander mon aide. Mon niveau d’anglais, entre le début et la fin de mon stage ? Le jour et la nuit. Au début, je ne savais pas dire une phrase correctement, alors qu’à la fin, je faisais des blagues. J’ai même commencé à rêver en anglais, c’est vous dire ! Comme tout se passait pour le mieux, je me suis dit que j’étais capable de conquérir le monde !

Ce stage m’a apporté beaucoup plus que je le pensais. Je suis parti en étant un adolescent et je suis revenu en étant un homme ayant le sens des responsabilités. Mon entourage a senti que j’étais revenu avec davantage de maturité.

 

Marouane, 23 ans, étudiant, Bordeaux

Crédit photo Unsplash // CC Rasheed Kemy

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