Tulipe F. 25/11/2018

La SPA ? Quelle vie de chien !

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Bénévole à la SPA de ma région, j'ai découvert des bêtes maltraitées et apeurées. Mais ça ne m'a pas empêché de m'engager, tous les samedis !

Mon premier jour à la SPA de mon petit village, Orgeval, fut difficile. J’imaginais des chiens ainsi que des chats tristes en cages, apeurés, et voulant partir. Eh bien c’était exactement ça ! Les chats sont des animaux très indépendants donc notre peine se dirige plus vers les chiens. Il y en a qui ne se sont pas approchés de moi, par peur que je leur fasse du mal ; puis d’autres qui ont déjà souffert, et c’est bien pour ça qu’ils ne m’ont pas accueillie avec des léchouilles. Je suis plutôt arrivée sous les aboiements de terreur et de colère.

Les cages ont l’air vieilles de 30 ans

Le personnel de la SPA est très respectable de travailler dans cet endroit, c’est dur de faire en sorte qu’un animal retrouve sa confiance en l’homme… Mais ils ont l’air tellement détachés de tout sentiment, et les chiens peuvent le ressentir. Cela se voit à la tête de détresse qu’ils font à longueur de journée. En plus de cela, les cages ont l’air vieilles de 30 ans, elles n’abritent presque aucun jouet, il n’y a qu’une couverture par chien et pas assez grande pour certains molosses qui sont plus grands que des humains lorsqu’ils sont debout !  Mais ce n’est pas le pire. Loin de là.

Cette partie est malgré tout la plus belle du refuge, celle contenant les plus belles espèces qui existent et les chiens les plus calmes. Les moins effrayants et les plus adoptés sont évidemment ces petits chiots qui ne peuvent pas encore aboyer à cause de leur jeune âge. J’avoue que je privilégie les plus gros toutous et les plus âgés car les personnes ont tendance à les croire dangereux. « La fourrière », à l’abri des regards, est l’endroit où sont placés les chiens les plus craintifs des êtres humains et de leurs congénères, car leur violence peut être extrême. Les cages collées les unes aux autres ont été vêtues de plaques opaques les empêchant de se voir. Ils n’ont presque aucune sortie, n’ont ni jouets ni couverture. Et puis les entrées de leurs cages, qui permettent aux visiteurs de les voir, ont été scellées avec encore plus de grillage ; ce qui empêche tout contact un peu chaleureux. Ça doit être un supplice pour ces animaux qui ont tant besoin d’affection.

L’habit ne fait pas le moine, ni le chien !

Un samedi où je venais pour m’occuper des animaux, c’était une journée portes ouvertes. Pour passer le temps, je me suis promenée dans les bâtiments en faisant des bisous à tous les toutous que je voyais, et puis je l’ai vu. Jimy est l’un de ces chiens isolés que j’ai rencontrés à la fourrière. Il peut être considéré comme un chien méchant car il a un corps très musclé mais comme on dit : « l’habit ne fait le moine ». Puisqu’il ne sort jamais, ses griffes sont devenues tellement longues qu’il est dur pour lui de marcher. Il vit dans ses propres déjections et son urine, il ne peut pas sortir quand bon lui semble. Il ne reçoit pas de soins médicaux assez réguliers et le niveau de son eau n’est pas toujours vérifiée.

Crédit photo © Tulipe // Jimy, le chien isolé

La SPA est surpeuplée et le personnel ne peut pas s’occuper bien de tous les chiens. Le voir dans cet état m’a fait ressentir un sentiment de honte. Mais malgré tout cela, ce fut l’un des chiens les plus câlins du refuge. Je dois avouer que nos débuts ont été pleins d’a priori, la peur était présente des deux côtés. Une fois assise par terre devant sa cage, quand je lui ai montré mes paumes de mains en signe de paix, il est devenu un chien très affectueux et plein de compassion. Malheureusement, sa peur des êtres humains est tellement grande que dès qu’une personne s’approche de lui, il part se cacher. Toutes ces conditions font qu’il va probablement finir sa vie dans cet affreux endroit qui est pour lui comme une prison, mais la seule erreur qu’il a faite pour être ici a été de naître dans la mauvaise famille. Tous les samedis, je suis présente à la SPA, je me consacre à lui et le promène dès que j’y suis autorisée.

S’engager pour une cause, c’est aider mais ça en apprend aussi beaucoup sur soi ! Charlise a gagné en confiance et en compétence en service civique à l’association Unis’cité !

L’existence de ces refuges est une chance pour ces animaux car, dans tous les cas, la plupart seront recueillis, peu importe leur âge et pourquoi ils sont là. Ne venir qu’une seule fois dans ce refuge est quelque chose d’impossible, je repense encore et encore à la nécessité de prendre soin de quiconque, humain ou animal. Même si ça prend du temps de rendre le chien comme l’humain heureux et confiant, il faut au moins essayer et souvent on y trouve un ami pour la vie. L’attachement que je porte à ces chiens est tellement grand que partir à la fin de la journée devient une action que je redoute. Tous les samedis, je reviens voir ces amours afin de leur apporter un maximum de bonheur et de moments de jeux.

 

Tulipe, 18 ans, étudiante, Orgeval

Crédit photo U.S. Air Force photo // © Airman 1st Class Philip Bryant

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