Amin B. 04/03/2020

Municipales (3/5) – Ma première campagne à 22 ans

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Jeune candidat, j'ai découvert les dessous d'une campagne municipale. Réorganiser son quotidien, faire la com', créer une équipe... c'était pas évident !

Je suis candidat aux prochaines élections municipales à Saint-Pierre-des-Corps, une ville populaire en Indre-et-Loire, en région Centre. Je suis le plus jeune candidat aux élections de ma région et du département. Et se lancer en campagne quand on est jeune, c’est pas évident.

Quand je me suis annoncé en tant que candidat, ça faisait deux ans que je mûrissais ce projet. J’en ai d’abord parlé à mon entourage, à mes amis proches. Ils étaient super enthousiastes.

Au début, c’est de l’administratif : j’ai fait mon inscription en préfecture et j’étais le premier à m’être officiellement déclaré candidat aux élections municipales de 2020.

Le samedi matin, le marché c’est obligatoire

Ce lancement en campagne a nécessité de revoir mon quotidien en profondeur. Je devais jongler entre mon travail, mes loisirs et la préparation de la campagne. Les gens travaillent donc tu vas les voir en fin de journée.Quand tu passes au magasin, à la boulangerie, dans les petits cafés, tu dis bonjour. J’ai aussi l’avantage d’avoir des horaires variables, je suis juriste en assurance. Il y a des jours où je pouvais quitter plus tôt le travail et donc en profiter pour être à la rencontre d’un maximum de personnes. Par exemple, être présent à 15h à la sortie des écoles. Et c’est aussi aller à des événements. Le samedi matin, le marché c’est obligatoire.

J’allais aussi à plus d’événements dans la ville pour me faire connaître et montrer que j’étais déjà bien présent, soucieux des enjeux de ma ville et pas une simple façade. J’ai fait du porte-à-porte pour me présenter, dire pourquoi moi et pas d’autres. Les premières personnes que je suis allé voir dans la ville c’est d’abord les jeunes et surtout les quartiers populaires, ceux dits sensibles. Je souhaite vraiment être un porte-parole de ces quartiers peu représentés.

D’après une enquête récente de l’INJEP, les jeunes maires n’ont pas tous eu la même facilité d’accès à leur poste. Ils sont le reflet d’inégalités de socialisation politique chez les jeunes. Libération nous parle de ces jeunes maires de France, échos de notre société fracturée.


Ensuite, ça a été du porte-à-porte. On me demandait ce que j’allais changer, alors il fallait que j’argumente, que je montre des éléments concrets, de la matière. J’ai aussi utilisé mon association, Une Ville Votre Chance A Tous, car j’y rencontre quotidiennement les habitants et il y a du bouche-à-oreille. Ça a été d’une grande aide pour le coup.

Une campagne ça a un coût, donc il fallait se démerder

Quand on rencontre les habitants, forcément on s’intéresse à leur vie, on leur demande ce qu’ils font dans la vie. Et avec ceux avec qui je partageais les mêmes convictions, je leur donnais ma carte en leur demandant s’ils étaient intéressés qu’on se revoit pour échanger davantage autour de la ville. Si l’engagement politique les intéresserait. C’est comme ça que j’ai constitué une équipe. Il fallait que je me crée un réseau. Et ça n’a pas été facile, surtout du fait que je sois jeune. À 22 ans, c’est dur de s’adresser à une personne de 40 ans qui a plus de maturité professionnelle. Ça m’est déjà arrivé de recevoir ce genre de réflexions : « Et toi du haut de tes 22 ans, qu’est-ce que tu vas m’apprendre ? »

Pour les élections municipales de 2020, la ZEP a recueilli les témoignages de jeunes candidats. Car pour s’engager en politique, pas besoin d’attendre la cinquantaine !

1/5 : « Un jeune candidat noir, ça ne laisse pas indifférent »

2/5 : « La politique c’est pas que pour les hommes de 50 ans » 

Ça a un coût aussi une campagne : j’ai pas toute une banque, j’ai pas tout plein de partenaires comme d’autres. Donc fallait se démerder. Forcément on a dû payer des tracts, j’ai dû en tirer 3000 ou 4000 pour 40 euros sur un site internet. Des petites affiches aussi c’est normal, et pour ça, on puise dans nos économies. Mon entourage m’a aidé d’une centaine d’euros et moi derrière j’ai mis de mon argent. Mais peu. Grâce aux réseaux.

J’ai l’avantage d’utiliser énormément les réseaux sociaux et ça marche très très bien. Snap, Instagram, Facebook, par exemple ! Pour dire que je faisais une réunion et qu’on pouvait y assister, j’envoyais un message à une personne et après c’était le bouche-à-oreille. C’est une bonne alternative. Même les personnes âgées qui ont plus de 80 ans et qui continuent d’aller voter ont été au courant grâce à ces réseaux sociaux ; parce qu’ils ont leurs petits-enfants ou leurs enfants qui sont dessus et qui transmettent l’information.

 

Amin Brimou, 22 ans, salarié, Saint-Pierre-des-Corps

Crédit photo © Amin Brimou // Visuel TEAM ZEP

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