Typhaine C. 11/12/2017

Mon pote, viré de chez lui parce qu’il est gay

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Ma mère n'a pas supporté mon coming out. Mis dehors sans sommation, j'ai eu la chance que Typhaine m'héberge et s'occupe de moi, mais ça n'a pas suffi...

Un soir, j’ai reçu un appel. C’était Lucas, mon meilleur ami, qui m’appelait pour me dire qu’il avait été mis dehors. Sans réfléchir, j’ai expliqué la situation à mes parents qui ont accepté qu’on l’héberge le temps que ça aille mieux pour lui.

Il m’a expliqué qu’il avait dit à sa mère qu’il était gay et amoureux. Sa mère a réagi au quart de tour. Elle l’a mis dehors. Les jours suivants, il n’avait aucune nouvelle d’elle et il persistait à l’appeler sans réponse. Il m’a dit plusieurs fois qu’il s’en voulait, qu’il regrettait parce qu’il n’avait pas à faire ça à sa mère.

Trois semaines après, il a enfin reçu un appel de sa mère. J’ai pu voir la joie sur son visage, une joie que je n’avais pas vu depuis longtemps. Mais il s’est vite rendu compte que ce n’était pas pour lui qu’elle appelait : elle avait elle-même été mise à la rue, elle avait tout perdu et elle avait besoin de lui.

Elle lui a fait comprendre qu’il n’était plus rien pour elle

Il a supplié mes parents d’héberger sa mère. Il espérait un nouveau départ, une nouvelle vie. Mes parents ont accepté. On espérait que tout allait s’arranger pour lui. Seulement, une fois arrivée chez nous et installée, son fils n’existait plus.

Elle lui a fait comprendre qu’il n’était plus rien pour elle, que le fait qu’il soit gay la dégoûtait, et elle lui a demandé comment il avait pu lui faire ça. Son état se dégradait encore plus depuis qu’elle était là et l’ambiance devenait vraiment nocive. Nous avons gentiment demandé à sa mère de partir et de trouver un autre endroit pour vivre.

Se faire rejeter par sa mère, c’était trop dur

Au bout de quelques mois, Lucas habitait une semaine sur deux chez moi et l’autre semaine chez un ami commun. Il fallait à tout prix qu’il continue à aller en cours, à vivre et surtout qu’il ne s’enferme pas sur lui-même et sur ses problèmes. C’était dur et il m’a dit plusieurs fois qu’il aimerait que tout se finisse, mais je ne l’ai jamais pris réellement comme une envie de mourir.

On pensait bien faire et lui permettre de vivre une vie assez correcte malgré ses problèmes. Puis un jour, ma mère et moi l’avons découvert essayant de mettre fin à ses jours. À ce moment-là, lui et moi avons partagé un sentiment commun : l’impression d’avoir tout raté.

Benjamin c’est pas sa mère qui l’a viré, c’est les huissiers … Une expulsion qui l’a marqué.

Nous avons prévenu sa mère qu’il était à l’hôpital pensant que, malgré tout, elle viendrait. Elle n’a pas répondu aux appels de ma mère, ni à ceux de l’hôpital qui était contraint de l’appeler, il fallait un tuteur légal.

Il s’en est sorti sans réelle séquelle mais rien ne s’est arrangé : sa mère ne le considérerait plus comme son fils tant qu’il serait gay. Elle ne veut plus jamais entendre parler de lui. Il y a eu un jugement après ça et il a été placé, pour son bien. Aujourd’hui, il n’a plus de nouvelles de sa mère et ne cherche pas à en avoir. Il a compris qu’il ne pourra pas changer ce qu’il est pour quelqu’un.

 

Typhaine, 16 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo Adobe Stock // ParisPhoto

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4 réactions

  1. Juste du courage il faut assumé sa vrai nature

  2. Salut, mon meilleur amis est gay. Quand il a fait son coming-out son père s’est levé et l’a frappé. Et ça, mère l’a très mal pris. Ian avait eu peur et il s’est précipité dans sa chambre. Deux semaines plus tard, je suis allée chez lui à l’improviste. La porte étais grande ouverte. J’ai toqué mais personne… J’entre, j’appelle Ian, personne. Et j’entends pleurer. Je me dirige vers sa chambre, je l’ouvre et je le vois avec une lame de rasoir qu’il avait placée sur son poignet. Il me disait qu’il ne pouvait plus vivre comme ça. Je lui ai dit que tout irait bien.

    Dialogue (je me souviens de tout) :

    Ian : J’en peux plus.
    Moi : Pose ça s’il te plait.
    Ian : S’il te plait, pars…
    Moi : NON je reste avec toi pose moi ça s’il te plait.
    Ian : Ma mère ne m’aime plus, mon père ne m’aime plus, mes soeurs non plus…

    (je me suis raprochée de lui)

    Moi : Tu veux t’en aller c’est ça ?!
    Ian : Oui, tu mérites tellement mieux que moi.
    Moi : Si tu veux partir (pleure), SACHE QUE JE T’EN EMPECHERAI !

    (Ian baissa la lame et me regarda dans les yeux avec des larmes)

    Ian : Tu mérites tellement mieux que moi, un sale PD.
    Moi : Je t’aime tellement Ian, pour rien au monde je ne te laisserai partir TU M’ENTENDS !!! J’ai… j’ai besoin de toi.

    Sur ce coup, je me sentais tellement courageuse d’avoir fait ça, mais tout le monde l’aurais fait.

    Aujourd’hui, Ian a retrouvé le contact avec ses parents, il est “redevenu” leur fils. Maintenant, il travaille avec une association LGBT et je suis très fière de lui à chaque fois qu’il fait ses discours. Je suis déjà montée sur scène et il me décrit comme “sa sauveuse”.
    Mais à chaque fois qu’il prononce ces mots, je me sens mal car je ne suis pas la seule c’est vous tous qui avez sauvé sa vie grâce aux réseaux sociaux, à ce que vous partagez et qu’il a découvert LGBT. Donc merci à vous, vous avez sauvé mon meilleure ami.

    Mais si toi, derrière ton écran, tu as honte de ton homosexualité, n’aie pas honte, mais fais en une force. Tu pense que tu ne sers plus à rien, et bien regarde, tu viens de sauver une personne et tu vas en sauver des centaines d’autres et alors… Pourquoi pas toi ?! Bisous, je vous aime et n’oubliez pas : il y a toujours une personne pour vous ou des associations.

  3. J’ai lu aujourd’hui ce témoignage sur le site Konbini, il m’a beaucoup touché parce qu’il parle d’un sujet qui me touche. Pour ma part ma mere n’a pas eu cette reaction, mais j’en connais dont les parents ont réagis ainsi.

    Aujourd’hui j’ignore où en est Lucas. Mais ce qui est sur, une chose qu’il doit se dire : Oui le rejet est horrible, il a l’impression que tout s’écroule autour de lui, qu’il doit en finir, et pourtant c’est un battant, rares sont-ils à assumer leur homosexualité si jeune, ce n’était pas mon cas, j’admire, j’admire vraiment.

    Un jour peut-être les choses s’arrangeront avec ta mere, en attendant cher Lucas si tu lis ca, ou toi jeune homo, bi, trans, qui tu es, dis-toi qu’assumer demande un courage absolument immense, et si tu n’assumes pas, un jour ça viendra. Mais je t’en supplie, ne te suicide pas, tourne toi vers ceux en qui tu as confiance ou des associations qui t’ecouteront et t’aideront.

    Le monde à trop besoin de toi pour que tu dusses t’en aller.

  4. C’est horrible. Je suis heureuse que ton ami s’en soit sorti. J’espere que ca s’arrange, et que ca ira de mieux en mieux. Bravo a vous deux et a tes parents.

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