ZEP 20/01/2014

C’est rien, c’est de la timidité…

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« Réservée », « effacée », « discrète »... On emploie souvent ces mots pour me qualifier. Au quotidien, ma timidité est un véritable obstacle.

Récemment, mon professeur de BTS s’est tourné vers moi, assise au fond de la classe, et m’a interrogée, avec une pointe d’ironie dans la voix : « Mademoiselle, vous sentez-vous d’affronter votre timidité maladive pour nous lire le document ? » Rougissements, voix tremblante, envie de claquer la porte, les rires autour qui ne sonnent pas comme de la méchanceté, simplement qui renforcent un sentiment d’isolement… Mais rassurons-nous : aussitôt la fin du cours annoncée, ils oublieront qui vous êtes et passeront à autre chose. Savoir se vendre, maîtriser l’art oratoire, faire du stand-up à la pause clope devant ses collègues… je ne possède aucune de ces qualités.

La solitude comme meilleure amie

Je reste muette en toute circonstance. Je deviens paranoïaque, interprétant le moindre chuchotement comme une moquerie. Les pensées négatives s’accumulent dans mon esprit. Fatalement, la solitude devient ma meilleure amie. Je n’ai plus envie de me lever le matin, affronter les regards appuyés, me sentir encore une fois mal à l’aise.

Les personnes qui vous croisent ont différents comportements à votre égard. Le plus souvent, elles vous évitent. Mais certaines, fourbes et manipulatrices, pensent tout obtenir de vous, sentant votre faiblesse à plein nez. Or elles se trompent ; la timidité ne rime pas toujours avec la naïveté. Enfin, il y a celles à qui vous inspirez pitié. Elles vous décrochent un sourire navré et vous parlent comme à une enfant lésée.

Vous passez à côté de votre vie et vous le savez

Lors d’un entretien d’embauche, les employeurs demandent systématiquement cinq défauts. Un top five incontournable et risqué. Que dire ? Quel mot passerait le mieux pour répondre à ce que recherche le recruteur tout en caractérisant mon trait de personnalité le plus flagrant ? Discrète, réservée, effacée ? Je suis timide mais je me soigne ?

Vous passez à côté de votre vie et vous le savez. Lorsqu’elles se présentent, les opportunités ne sont jamais saisies. Vous tombez amoureux, vous pensez ne pas mériter la personne et vous lâchez l’affaire. Vous vous trouvez au milieu d’une conversation, vous vous contentez d’hocher la tête. Vous vous trouvez insignifiant et pathétique.

Notre route, à nous les timides, est ainsi une succession de défis. On répète souvent que la timidité disparaît avec le temps. Pour combattre la bête noire, il faut trouver le moyen de sortir de cette spirale infernale. Alors, nous pourrons accomplir nos rêves. Pour croquer la vie à pleines dents.

 

Mattea, 19 ans, étudiante, Ile-de-France

Crédit by Alex Ilhin

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2 réactions

  1. Bonjour MATTEA,

    Ton professeur de BTS n’a rien compris. Ce n’est pas en s’adressant à toi de manière ironique qu’il fera changer les choses.
    Car oui, les choses changent. Je me reconnais totalement dans ta description de la timidité. Étudiante, les exposés oraux obligatoires étaient mon cauchemar, que dis-je, mon angoisse. Je ne dormais plus et j’avais cet affreux sentiment d’être totalement seule face à ce gouffre. Je n’ai jamais su non plus prendre la parole dans un groupe, que ce soit avec des amis ou dans un cadre professionnel. Et oui, cela continue avec les entretiens d’embauche où je me suis retrouvée à bégayer, à balbutier ou à ne rien dire du tout : total décalage entre mon CV (présentation virtuelle) et ma prestation orale (présentation réelle). J’avais l’impression de ne pas savoir parler et du coup, d’avoir 5 ans. La honte.
    Mais les choses changent. Je te l’affirme. Il faut du temps, il faut être courageuse mais en s’exerçant encore et encore, les démons s’apprivoisent petit à petit. En tapant toujours sur la même porte, elle finit par s’ouvrir. Aujourd’hui, je fais des choses que je trouve extraordinaires : j’accueille des étudiants dans un centre de documentation ; je parle donc EN PUBLIC et pour ce faire, j’utilise un pense-bête que je garde dans ma main (c’est donc un grigri aussi). Je ne dis pas que je n’ai pas peur mais tu vois, ce n’est plus de l’angoisse. Et je me suis mise à parler pendant les réunions de service (à mon travail). Je ne sais pas expliquer pourquoi mais ça y est, un nouveau seuil est franchi … Il me reste encore quelques portes à ouvrir mais on a toute la vie pour ça, n’est-ce pas ? Alors je te souhaite vraiment, et sincèrement, de taper, de cogner et d’ouvrir toutes ces portes et de ne pas te décourager … Pense à ce chemin, oui la vie est un chemin, que tu vas traverser, à toutes ces portes que tu vas ouvrir ; patiente et espère, car oui, les choses changent !

  2. Je comprends assez bien ta situation. Pour tout dire je suis dans le même cas ou du moins en partie. J’éprouve sans doutes moins de difficultés à m’exprimer devant les autres mais je dois prendre sur moi pour faire abstraction de leur présence essayer de ne pas écouter cette voix intrieure qui te dit : “Tais-toi tu dis n’importe quoi.”, “Tu ferais mieux de te taire ils en ont rien à foutre de ce que tu dis”, “Putain c’est fou comme t’es inintéressant”… Et j’en passe. Depuis l’enfance on nous répète que ça passera mais plus le temps passe, plus les choses semblent immobiles.

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