Reju R. 27/04/2018

Ma double identité est un doux mélange

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Entre mes potes du lycée et ma famille à la maison, Reju essaie de définir le pays auquel s'identifier. Française née de parents bangladais, elle apprécie d'être un mélange. Les autres pas toujours...

Je suis née en France, de parents bangladais qui sont arrivés ici en 1997. J’ai la nationalité française. Mais je ne sais pas si je m’identifie en tant que française ou bangladaise. Je me sens intégrée à la France, et même à l’Europe, mais parfois, je me sens différente et je ne sais pas à quel pays m’identifier.

Cela fait maintenant treize ans que je vais à l’école. Tous les matins, lorsque je retrouve mes amis, je me sens intégrée, je ne sais pas à quel pays, à la France j’imagine. Malgré nos origines variées, je ne ressens pas nos différences, nous parlons la même langue, nous avons plus ou moins la même culture, nous aimons les mêmes films, les mêmes séries, nous avons les mêmes délires. Des fois, on n’a pas besoin de se parler pour communiquer, certains gestes ou grimaces suffisent pour que je parte en fou rire avec eux.

J’apprécie cette complicité. Je me sens bien entourée. En sortant des cours, je traîne de temps en temps avec mes amis près du lycée, on se raconte notre journée et, dans ces moments-là, je ne me pose même pas la question de mon appartenance.

Mais il m’arrive parfois de parler à des personnes, qui sont autant françaises que moi ou mes amis, et qui pourtant me font me sentir différente. « Ce n’est pas difficile de vivre avec une couleur de peau différente ? » « Tu viens de quel pays ? » Ce genre de questions me ramène à mes origines et me fait penser que je ne suis pas aussi bien intégrée que ce que je croyais.

Je suis un mélange

Même quand il s’agit de voyager en Europe. En 2015, alors que je partais en Grèce avec mon collège, je me suis fait discriminer. Les policiers qui checkaient nos passeports étaient très désagréables avec les personnes de couleur ou d’origine maghrébine. Ils nous parlaient mal, nous regardaient mal, nous jetaient nos passeports pour nous les rendre. Alors qu’avec les personnes d’origine caucasienne, pas de souci. J’étais dans l’incompréhension car, à ce moment, je présentais mon passeport français. Pourtant, à leurs yeux, je ne l’étais pas.

Chez moi, il y a un mélange de culture. Je ne parle pas la même langue : je parle le Sylheti, un dialecte bangladais. Mais j’insère quand même quelques mots français dans mes phrases. Je mélange les deux langues que je maîtrise, et mes parents font de même. Ils ont petit à petit intégré des éléments de la culture française.

Dans certains aspects de la vie quotidienne, je fais quand même bien la distinction des cultures. Lorsque je mange chez mes amis, j’utilise des couverts. À la maison, j’utilise ma main droite. Je mange principalement du riz avec de la sauce curry, même si mes parents adorent cuisiner des plats du monde de temps à autre.

Imane se sentait dans le flou au milieu de ses trois origines. Italienne, marocaine, française ? C’est aux Etats-Unis qu’elle s’est ouverte sur ces questions.

Jeune femme dont on voit la moitié du corps habillé à l'extérieur d'un bâtiment vitrés et l'autre moitié symétrique se refléter dans les vitres. En arrière plan, on voit une rue entourée de gratte-ciels.

Il y a également une grande différence entre la mode française et la mode bangladaise : lors des fêtes de famille, je ne mets jamais de pantalon, de vêtements courts. Je mets plutôt de longues robes traditionnelles que je n’oserai jamais mettre au lycée.

Je pense que je ne peux pas être soit française, soit bangladaise, je suis un mélange des deux.

Reju Rob, 16 ans, Bagnolet

Crédit photo Adobe Stock // © matiasdelcarmine

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