Mélissa B. 03/07/2014

Prolo et bobo, urbaine et rurale… je suis une métisse sociale

tags :

Je suis une fille de prolos et de ruraux. Aujourd'hui, j'habite dans une grande ville, et entre l'univers qui m'entoure, que l'on peut qualifier de bobo, et mon attachement à la vie au grand air, je me sens partagée...

Fille d’une fonctionnaire administrative (catégorie C) et d’un mécanicien, petite-fille d’agriculteurs d’un côté et de patrons de bistrot dans un coin perdu, de l’autre. Soeur d’un ouvrier dans une des dernières usines de notre campagne.
Quand mes parents m’ont montré mon arbre généalogique : surprise ! Ou pas… Il remonte jusqu’à la révolution française de 1789 et tous mes ancêtres sont… laboureurs !

Voilà mon héritage social : des siècles de femmes au foyer fermier, qui se sont occupées de l’habitation, de la ferme et des enfants ; et des hommes, serfs qui, au fur et à mesure des générations, sont devenus propriétaires des terres qu’ils cultivaient depuis des lustres. Avec la génération de mes grand-parents et parents s’amorce le virage vers une société plus orientée vers le service et le commerce.

Et moi, là-dedans ? J’ai travaillé comme sous-fifre chez un sous-traitant d’un grand groupe, puis dans la fonction publique, et me voilà maintenant salariée d’une association. Ça détonne dans la famille !

Originaire de la campagne profonde, fille de prolos ayant grandi dans une ferme, j’habite désormais dans une grande ville. Ce n’était pas gagné d’avance, mais maintenant je me dis que j’y suis bien : j’ai des habitudes de vie complètement urbaines et bobos, je suis une inconditionnelle des transports en commun et passe beaucoup de temps devant des écrans.

Pourtant, l’idée d’un retour à la terre reste présent : la vie au grand air. La vie entourée par des animaux. La vie d’auto-suffisance
alimentaire. Mais aussi : les douze mille bornes à se farcir en voiture dès que l’on a besoin de quelque chose d’autre, les maladies et les morts d’animaux, et le travail dehors qu’il vente, pleuve ou neige.

Ce qui m’interroge là-dedans, c’est que je me sens comme une métisse… sociale.
Les métisses se trouvent parfois coincées entre deux cultures, appartenant à la fois à l’une et l’autre, et à la fois à aucune des deux. Et bien moi, c’est souvent pareil ! Urbaine ou rurale ? Prolo ou bobo ? Les deux à la fois ou aucun ?

 

Melissa, 25 ans, salariée dans une association, Grenoble

Crédit photo : Wikimédia Commons

Partager

1 réaction

  1. Salut Melissa…presque 10ans après ce temoignage où en es tu? Je suis tres interessee par le profil sociologique que tu décris. Moi -même pouvant me définir comme une bobo prolo, bien partout bien nulle part.

Voir tous les commentaires

Commenter