Léo C. 03/02/2020

À la campagne, sans ordi j’étais fini

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Là où j'ai grandi, y avait pas beaucoup d'options pour s'occuper. Entre marcher des kilomètres jusqu'aux villages alentours voir mes amis, ou... surfer sur internet. J'ai vite tranché.

Quand j’étais gosse, j’habitais la dernière maison de la ligne téléphonique. Une maison paumée au nord de Toulouse, à la limite départementale de la Haute-Garonne, à la limite de l’accès à internet. Ça n’est pas la maison la plus éloignée de tout. Les premiers villages sont dans un rayon de cinq kilomètres. Mais cinq kilomètres à pieds, c’est déjà quelque chose.

C’est une grande maison avec un grand terrain, une petite forêt, et un jardin moitié fleurs moitié mauvaises herbes qu’on découpe au tracteur. Autour, des champs, des terrains non-constructibles et des petites maisons qui courent jusqu’au bord d’une grande colline où on peut voir les Pyrénées quand le temps est clément.

L’été, mes parents travaillaient et n’étaient pas à la maison. Et moi, j’avais deux mois de vacances. Là, tu ressentais vraiment la dépendance que t’avais envers eux : te déplacer au village le plus proche (là où tous tes potes habitaient), au lac à côté du collège (où on parlait de tout mais surtout de rien), au bar PMU (où on faisait genre qu’on avait vraiment l’âge légal pour boire une bière alors qu’au final, j’suis sûr que le barman s’en fichait).

Et encore Léo avait un bar PMU dans ce village ! Mais partout en France, ces bars et cafés disparaissent. D’où l’initiative de 1000 cafés du Groupe SOS pour réinstaller des bistrots et donc du vivre-ensemble dans les villages.

 

Mais tu trouvais des alternatives. Pour avoir tes clopes, tu marchais cinq kilomètres. Tu faisais ta petite randonnée en pleine canicule mais ça allait, ça descendait. Et tu priais pour que le tabac soit pas fermé. Une fois que t’avais tes clopes, tu te disais que t’aimerais bien un téléphérique. Enfin, t’arrivais chez toi essoufflé parce que t’avais fumé cinq clopes en remontant la colline, et là fallait bien trouver un truc à faire.

Sortir avec mes potes sans passer la porte

Marcher jusqu’à la maison de mes amis, tous les jours, c’était pas concevable. Trop long, trop chiant, trop loin, trop la flemme de se faire des kilomètres pour se voir. Hey mais… en fait… j’étais la dernière maison de la ligne téléphonique ! J’ai eu de la chance, du modem 56k à l’ADSL, j’ai toujours eu internet pour sortir de chez moi sans marcher.

Là où Quitterie vit, dans les Yvelines, il n’y a pas d’accès à la 4G. Pour surfer sur le web, c’est galère, mais pour se concentrer, elle trouve ça mieux ! Les villages c’est pas si mal, si ?

Donc les week-ends et les vacances, je sortais avec mes potes sans même avoir à passer la porte. J’ai eu un PC très tôt, parce que mon père est ingénieur en informatique, et j’occupais 90% de mon temps à jouer à des jeux en ligne. Matin, midi, soir, nuit, tout le temps. T’étais jamais seul, tu pouvais parler à tes potes ; et pas juste à ceux à côté de chez toi, mais à ceux de la France entière et même de l’étranger. Une infinité de trucs à faire. Mais ça n’allait pas chercher tes clopes par contre !

Je me demande parfois ce que j’aurais fait si mon père n’avait jamais rapporté d’ordinateur à la maison, jamais eu le modem 56k, jamais souscrit à l’ADSL, si j’avais été après la ligne téléphonique.

 

Léo, 22 ans, volontaire en service civique, Toulouse

Crédit photo Unsplash // CC Adrian Dascal

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