Charline Z. 04/11/2017

Découvrir l’indépendance… loin de chez soi

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Pas facile d'être indépendant quand on n'a pas ou peu de revenus. Je viens d'arriver à Paris et j'habite dans un foyer. J'ai l'impression de régresser.

Quand j’ai pris mon indépendance, je vivais à Lyon, chez mes parents, depuis toujours. J’en avais marre de la vie de famille, j’avais envie d’être seule, d’aller vers l’inconnu et d’apprendre à me construire. Partir très loin pour me trouver.

Et ça s’est très bien passé ! Je suis allée à Lille, en prépa littéraire au lycée Faidherbe. J’ai été très bien entourée. A Lille, les gens sont chaleureux ! Je ne sais pas si ailleurs ça se serait passé comme ça. J’ai vécu chez l’habitant, avec une dame adorable qui m’a donné beaucoup de repères. J’ai un peu retrouvé un foyer, mais en étant plus libre que chez mes parents. Je pouvais faire ce que je voulais. Je me faisais à manger, j’avais mes clés, je m’occupais de mon linge (ce à quoi je n’étais pas du tout habituée !), je prenais les transports et je m’orientais toute seule. Je le faisais déjà un peu en terminale mais…

En fait, je viens de Villefranche-sur-Saône donc Lille, c’était une plus grande ville. Tout est plus impressionnant. Chez moi, tout était à proximité alors que là, j’étais un peu excentrée du centre-ville. Il fallait donc que je prenne le bus, le métro, dans des endroits parfois un peu craignos pour les filles ! Au départ, ça a été une épreuve assez difficile. Mais du coup, j’ai développé des mécanismes de défense. Ça fait partie de l’indépendance !

S’éloigner des siens, ça rapproche

Côté famille, quand on a 18 ans, les relations avec les parents deviennent un peu plus tendues et m’éloigner m’a en fait rapprochée d’eux. Une prépa littéraire, c’est des études complexes donc on a besoin de sa famille. C’est ce qu’on m’avait dit avant de partir en tout cas. Au début, j’appelais beaucoup mes parents. J’avais plus de choses à leur raconter et quand on s’appelait, c’était plus intense vu qu’ils n’étaient pas là tous les soirs pour voir ce que je faisais.

Ils ne sont jamais venus me voir à Lille, parce que j’étais en prépa. Je travaillais tous les week-ends et quand je descendais pendant les vacances, on faisait beaucoup de choses ensemble. On profitait vraiment. J’étais plus proche d’eux. Après ça, j’ai pris un studio. J’étais vraiment indépendante, seule, avec parfois personne à qui parler, c’était plus intense comme expérience.

Là, à Paris, j’ai intégré un foyer étudiant, un mode de vie plus communautaire. Je voulais faire une coloc’ mais je n’ai pas trouvé parce que tout était trop cher et que je n’étais pas sur Paris donc, rencontrer les gens en personne, c’était compliqué.

Le foyer, c’est trop contrôlé !

Un foyer, c’est un peu comme une coloc’, mais il y a quand même moins de liberté : j’ai un couvre-feu, je dois rentrer à minuit et demi tous les soirs. Pas mal, mais c’est quand même une contrainte. Ensuite, le week-end, c’est 1h15, mais je ne peux inviter personne. C’est quand même un gros problème pour moi. J’ai un repas compris et le petit-déjeuner, mais moi, je ne mange pas le matin. C’est un peu con, je paie pour rien ! Le soir, je dois être là entre 19h et 19h15 pour récupérer une carte pour pouvoir manger jusqu’à 20h. Ce créneau-là va être embêtant : j’essaie de faire beaucoup de sorties culturelles parce que j’étais en prépa et que je n’ai pas pu pendant deux ans. Je vais beaucoup au théâtre, je vais à l’opéra. Je suis venue à Paris pour ça quand même !

Jeff aussi a pris son indépendance … A 8000 km de chez lui ! Pour lui, tout gérer seul à 18 ans c’est dur mais ça fait grandir.

Un avion dans les airs se dirige vers Paris, dont on aperçoit le Sacré Coeur à gauche et la Tour Eiffel à droite.

Normalement, tu peux moduler un peu si t’as des obligations professionnelles : tu peux trouver un camarade qui te met de la bouffe dans une boite et tu viens la chercher après, mais il faut un justificatif. Ça fait vraiment enfermement, vie adolescente… que moi j’ai plus trop envie d’avoir maintenant.

Au début, je l’ai vraiment vécu comme un stade régressif, mais en même temps, je me dis que ça va peut-être me structurer, me donner un rythme. On va voir !

Charline, 20 ans, étudiante en L3, La Sorbonne

Crédit GIF Giphy // #Impastors

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