Riad 12/09/2019

Étudiant et livreur, c’est compatible ?

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Au lycée, Riad a déjà dû travailler après les cours. Il a réussi à gérer, mais livreur, à la fac, en STAPS, ce sera pas si facile ! Et impossible d’arrêter.

Quand j’étais petit, mon grand frère et ma grande sœur aidaient financièrement ma famille en travaillant (animation, baby-sitting…). À 16 ans, il m’a donc semblé de mon devoir de faire la même chose.

La première fois que j’ai travaillé, c’était un job d’été, le même que je continue à faire aujourd’hui. Ce travail, c’est livreur de fast-food. Je l’ai trouvé grâce à un ami. Au début, je pensais que travailler à l’heure qu’on voulait en gagnant un salaire, c’était génial. Mais je me suis vite rendu compte que beaucoup de chose étaient différentes de ce que je pensais. Quand on est livreur, il faut gérer les papiers de l’Urssaf. Et puis je travaille tous les soirs et non pas juste quand je veux, quatre heures par jour du lundi au vendredi, au SMIC. Parfois, il y a des livraisons en dehors du secteur de Nanterre (Suresnes, Rueil-Malmaison), il m’arrive aussi de tomber sur des clients désagréables, et puis l’hiver, la météo, c’est contraignant.

Les premier temps, je n’ai pas réussi à gérer travail et école, ça a été très dur physiquement et mentalement. J’étais épuisé. Livrer la veille d’un exam jusqu’à 23h et le lendemain le faire fatigué à 8h, ça m’a fait douter de moi.

Mes parents ont peur que le travail nuise à mes études

En cours, mes yeux se fermaient tout seul, j’avais du mal à me concentrer. Mais j’ai pas lâché. J’essayais de quand même bien écouter les cours, pour ne pas avoir à trop travailler dessus à côté, et pouvoir consacrer mes heures libres aux livraisons. Faire ce métier m’a permis de me faire de l’argent de poche (avec ma première paye, direct, je me suis acheté des vêtements !) et de participer aux courses et un petit peu au loyer. Mes parents, face à cette situation, m’ont toujours conseillé de plus me consacrer aux cours. Ils ont peur que le travail nuise à mes études.

Dans mon lycée je n’étais pas le seul à faire ça, quelques personnes (une minorité) le faisaient pour subvenir à leurs besoins et ceux de leur famille. Cela crée un sérieux désavantage. Mais malgré tout, mes années lycée ne se sont pas trop mal déroulées. J’ai réussi à avoir mon bac (STMG) avec 11,5, ce qui m’a rendu fier et m’a permis de prouver à mes parents que j’étais capable de faire les deux. Mes années lycée m’ont permis de découvrir le monde du travail et d’apprendre à gérer mon temps.

On a suivi des livreurs à vélo pour les interroger sur leurs conditions de travail. Etudiants, travailleurs, ils avaient l’air d’y trouver leur compte : Livreur c’est que du bonheur ? Toutes nos vidéos sont sur notre chaîne Youtube !

Aujourd’hui, je rentre à l’université. La filière STAPS est très demandée et je me demande si je ne devrais pas arrêter le travail pour mes études. Mes profs au lycée m’avaient dit que c’était une filière à laquelle il fallait s’accrocher et s’impliquer le plus possible. J’ai postulé en sachant tout ça. Je me suis engagé à Nanterre. Pour certaines personnes, travailler pour aider leur famille ou subvenir à leurs besoins n’est pas nécessaire. Elles ont de la chance. J’espère qu’elles en ont conscience.

J’entame ma première année et j’appréhende vraiment les événements. Je ne sais plus quoi penser. Je vais dans un premier temps diminuer les heures de travail pour me consacrer à mes études, je vais limiter à trois soirs par semaine de 19h à 23h, mais impossible d’arrêter totalement de travailler. J’ai des doutes sur mes capacités à « fusionner » études et travail, mais je suis déterminé à continuer les deux.

Riad, 18 ans, étudiant, Nanterre

Crédit photo © Elliot Clarke

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2 réactions

  1. Bravo.
    Si tu as déjà réussi à marier travail et études dès le lycée.
    C’est quasi certain que tu vas aussi réussir le ménager à l’université.
    Bonne chance quand même.

    Par ailleurs je suis étudiant à Nanterre et suis tenté par le métier de livreur .Tu pourrais me guider dans ma recherche d’un job ?

  2. Bravo. Accroche toi. Bien sur c est tres dur et si tu vois que tu ne peux pas concilier les deux. Arrete ton travail mais quand on a commence comme toi. on reussit. Bravo

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