Gaëlle O. 25/07/2018

La famille, le foyer : des barrières à ma liberté  

tags :

Quand je vivais avec ma famille, je n'avais aucune liberté. Au foyer, c'est mieux. Un peu. Je rêve surtout du jour où je pourrai enfin vivre seule.

Ma vie est marquée par des limites qu’on m’impose. Avant, je vivais avec la famille de ma tante à Juvisy-sur-Orge. À chaque petit souci, elle et mes autres tantes qui habitaient à côté me jugeaient sans me demander mon avis. Personne ne me demandait comment j’allais. Elles me parlaient juste quand elles voulaient que je leur rende service : aller acheter je ne sais quoi, aller chercher quelqu’un… En fin de Troisième, j’ai voulu aller dans un lycée d’Evry. J’ai été acceptée. Mes tantes ont trouvé que c’était trop loin, elles disaient que comme j’étais une mauvaise fille, j’avais fait exprès d’aller aussi loin. Au cours de ma Seconde, elles ont décidé de ne plus me payer la cantine. Du coup, je ne mangeais pas. Il y avait beaucoup de prises de tête à la maison. Je n’avais pas le droit de m’exprimer. À chaque fois que j’essayais de parler, elles me traitaient de malpolie, de méchante fille. J’avais l’interdiction de faire ce que je voulais, de sortir quand je voulais. Ma mère était alors en Italie avec mon père. Elle venait seulement pour les vacances. Et quand elle était là, elle faisait comme mes tantes.

Je rêvais de sortir, de faire ce que je voulais. Alors je mentais souvent : je disais finir plus tard au lycée, parce que je n’aimais pas être avec eux à la maison et aussi, parce que je n’avais pas le droit de rester tout le temps dans la chambre. En janvier 2018, je suis allée voir des assistantes sociales, j’ai expliqué ma situation et elles m’ont dit que ce n’était pas normal. Ensuite, j’ai été convoquée au service d’aide à l’enfance et pour finir, j’ai été acceptée dans un foyer pour un placement provisoire. Maintenant, j’y suis. Je savais que ça n’allait pas être « la vie en rose », mais je voulais m’accrocher à quelque chose de nouveau dans ma vie.

Au foyer, comme dans une mini prison

Mais en arrivant au foyer, à 16 ans, j’ai vu que c’était pareil. Pas le droit de sortir, pas de liberté. Je dois rentrer à 19h la semaine et 21h le samedi. On n’a le droit de faire venir personne. Sauf qu’au foyer, j’ai le droit de m’exprimer, de dire mon opinion et on m’écoute quand j’ai envie de parler. C’est un peu comme si j’étais dans une mini prison, mais avec un peu de liberté. Et avec trop de personnes autour de soi. Pendant les vacances, comme en ce moment, je ne fais rien. À part dormir, manger et m’ennuyer. Mon seul moyen de m’échapper de tout ça, c’est l’école. Je me lève le matin à 6h pour aller au lycée et je rentre à 18h30. Ça me fait du bien. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais c’est comme ça. J’aime les cours en particulier l’Histoire-Géo et le Français, la concentration qu’on a, l’écoute. Les heures passent si vite !

Pour Medito non plus la vie au foyer ce n’est pas positif, il préférerait être en famille. A lire : « Je suis FoyerMan, je sors plus« .

Et il y a mon copain. Je l’ai rencontré au lycée. On est ensemble depuis un an et demi et c’est le seul qui me soutient depuis le début. J’ai juste envie d’être toute la journée avec lui, que nous deux. Mais ça, c’est impossible, encore une autre frontière dans ma vie. Les week-ends, au foyer, je me lève à 10h30-11h, je descends manger à midi puis, vers 14h, je sors le rejoindre. Avec mes copines, je n’aime pas être moi-même. Mais avec mon copain, je suis Gaëlle. Parce que je l’aime. Avec lui, j’ai l’impression de me retrouver avec moi-même, mais en mec. Il n’y a pas de frontière.

Aujourd’hui, je n’ai plus de lien avec ma famille. J’aimerais quitter le plus vite possible le foyer. Je voudrais vivre dans un studio, un espace que pour moi, parce que je me sens super bien quand je rentre dans ma chambre. Je voudrais décider moi-même des frontières qui m’entourent.

 

Gaëlle, 16 ans, lycéenne, Orsay-Ville

Crédit photo Adobe Stock // © Marem

Partager

3 réactions

  1. Bonjour Nina,
    Je ne connais pas les conditions de ta vie en foyer mais si tu as été placé c’est peut-être pour ton bien.
    Une perte de liberté certes mais peut-être une vie plus saine ?
    Essaie peut-être d’en discuter avec tes éducateurs pour trouver une solution. La fugue ne me semble pas être une solution…
    Courage en tout cas,
    L’équipe de la ZEP

  2. Je suis dans la même situation que toi à quelques détails. Je ne peux que sortir 2h tout les 4j alors que chez ma mère même si c’était un enfer Je pouvais sortir quand Je veux car dans tout les cas Je me faisait disputer. Je pense souvent à la fugue car Je suis malheureuse dans ce foyer. C’est une bonne idée?

  3. C’est juste que t’as pas compris qu’à 16 ans, c’est juste normal de rentrer chez soi à 19h maximum. C’est déjà bien. Estime toi heureuse de pouvoir sortir jusqu’à 21h le week-end. A ton âge, c’est tout à fait raisonnable. Après je conçois que l’on puisse vouloir faire la fête parfois mais dans le quotidien, ce sont des horaires parfaitement normales pour une mineure.On ne peut pas te laisser la nuit dans la rue alors que tu es sous la responsabilité des adultes.

Voir tous les commentaires

Commenter