Adèle 25/05/2016

Comme une envie de vous parler de mon vagin

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Le "flux instinctif libre", vous connaissez ? C'est le fait de contrôler son vagin et l'écoulement du sang menstruel de façon à pouvoir n'évacuer le sang qu'aux toilettes et donc à pouvoir se passer de protections hygiéniques. Une première étape pour Adèle qui a peu à peu appris à aimer son vagin.

Le 11 novembre 2015 était un mercredi, mais surtout un jour férié et mes règles ont eu la bonne idée de tomber ce jour-là. Aucune ironie dans ce propos, elles m’ont ainsi donné l’occasion d’expérimenter le “flux instinctif libre”.

Contrôler ses règles et être encore plus une femme

C’est le fait de contrôler son vagin et l’écoulement du sang menstruel de façon à pouvoir n’évacuer le sang qu’aux toilettes et donc à pouvoir se passer de serviettes, tampons ou cup. C’est en juillet, en me perdant sur Youtube comme dirait ma petite sœur, que j’ai appris qu’il était possible de gérer ses règles grâce au périnée en particulier. J’ai donc commencé l’expérience pour fêter l’armistice. Ça fait maintenant 5 mois que je suis particulièrement attentive à mon vagin, aux signes qui vont prévenir les règles, aux signes de l’écoulement du sang.

C’est tout à fait nouveau que j’y fasse si attention puisque je pensais qu’il n’était pas vraiment possible de contrôler cette petite hémoragie menstruelle, je pensais que cette incontinence menstruelle absolue était inévitable. Je ne sais pas si toutes les femmes peuvent complètement maîtriser leurs règles, je ne suis pas sûre qu’un jour je pourrai le faire de façon si automatique que je n’aurai même plus du tout à y penser. Mais je sais que savoir que j’ai un contrôle, même minime, sur ce qui se passe dans mon intimité de femme me rend heureuse et plus épanouie. Avec le “flux instinctif libre”, j’ai le sentiment d’être plus pleinement une femme, d’être encore plus une femme.

Difficile de connaître son vagin

Mais plus que le flux instinctif libre en lui-même, je pense que c’est la prise de conscience de mon corps et en particulier de mon vagin qui sont si jouissifs. Difficile de connaître son vagin : il faut se contorsionner pour le voir, le toucher va à l’encontre d’un interdit moral ambiant dont il n’est pas toujours facile de se débarrasser et il semble de toute façon trop compliqué et mystérieux pour être vraiment apprivoisé. Avec le flux instinctif libre, j’ai compris que je pouvais au moins m’aventurer vers mon vagin. Apprendre à connaître son vagin aide à l’accepter puis à l’aimer.

Accepter et aimer son vagin, pas évident non plus cela dit. Ni pour moi, ni pour beaucoup d’autres. On ne sait pas très bien à quoi ça doit ressembler, si on est “normale”. Donc on regarde sur internet. Mais les vagins sur internet sont souvent ceux d’actrices porno. Ils sont standardisés pour raisons professionnelles : épilés, petites lèvres, rosés. Si on n’a pas de chance, on peut vraiment finir par détester son vagin et souhaiter par exemple une nymphoplastie (opération chirurgicale de réduction des petites lèvres), c’est le cas d’une personne qui m’est chère et ça m’attriste profondément. Si on a de la chance, comme ça a été mon cas, on peut penser fuck ces normes à la con ou tomber sur le “Large labia project” et voir qu’à chaque femme son vagin et sa beauté.

“Paul aimait les vagins et passait des heures à les observer”

S’intéresser à son vagin, une “névrose de femmes riches” m’a-t-on dit. Eh bien je ne pense pas. Apprendre à connaître, accepter et aimer son vagin, c’est apprendre à se connaître, s’accepter et s’aimer soi-même. Je ne me réduis pas à mon vagin en disant ça, j’approfondis simplement une partie de moi-même en prenant conscience d’une caractéristique particulière.

Le flux instinctif libre a joué le rôle d’un élément déclencheur dans mon développement personnel et m’a aidée à grandir. Mais le processus s’inscrit dans le long terme et ce n’est pas le seul à y avoir contribué. Être aimé aide. Dans Les Monologues du vagin, une femme raconte que Paul aimait les vagins et passait des heures à les observer. Avant qu’ils ne fassent l’amour, Paul a longtemps regardé son vagin comme il aurait regardé une oeuvre d’art. Dans mon souvenir, peut-être déformé par ce que j’ai envie d’y voir, cette femme a ainsi commencé à aimer son vagin, parce que Paul lui a permis d’y voir de la beauté là où elle n’en avait encore jamais vu, là où elle ne s’était peut-être encore jamais autorisé à en voir. Plusieurs Paul m’ont aidée à aimer mon vagin, le flux instinctif libre est l’un d’eux. Mais on peut tous un petit peu jouer le rôle de Paul à sa manière, c’est aussi ce que j’espère faire ici.

 

Adèle C., 20 ans, étudiant, Alfortville

Crédit photo Laurent Anastay Ponsolle

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1 réaction

  1. Je suis contente de lire un tel témoignage, et c’est très encourageant de voir que de plus en plus, les femmes acceptent leur corps et surtout partent à leur découverte… Personnellement, j’ai eu cette révélation en même temps que j’ai commencé à utiliser la cup (ou coupe menstruelle, si vous ne savez pas ce que c’est, rdv sur easy-cup.fr qui est le site français de référence où vous trouverez toutes les infos dont vous avez besoin, car oui on a besoin de connaître la cup!!), je me suis rendu compte que des garçons connaissaient mieux mon propre vagin que moi-même…
    A part les schémas classiques qu’on nous montre au collège ou qu’on trouve sur internet, il est vraiment difficile de savoir ce que c’est, ce qui s’y passe, et pourquoi… Et la cup, comme le flux instinctif libre, permettent d’apprendre à être plus à l’écoute de son corps, de l’accepter et de vivre mieux avec lui.
    J’espère que ce témoignage encouragera les femmes qui le liront à partir à la découverte de leurs vagins car ça ne pourra leur apporter que du bien 😉

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