Abdoul H. 14/08/2019

Draguer en France ? Mission impossible

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En quittant mon pays, je me suis séparé de ma copine. Elle s’apprête à se marier alors j'aimerais rencontrer une femme. Mais ici, draguer, c'est compliqué !

J’ai quitté le Mali en 2017. Je suis arrivé en Mauritanie dans un petit village, tout seul, pour travailler en tant que tailleur. Là-bas, j’ai rencontré une fille. Elle est venue à l’atelier et m’a demandé comment je m’appelais. Je lui ai répondu « Sarko ». Directement, elle m’a dit qu’elle me trouvait beau et qu’elle m’aimait. Moi, je n’ai pas compris. Je lui ai dit : « Comment tu peux m’aimer, on ne se connaît même pas ? » Et elle m’a répondu qu’on n’avait pas besoin de se connaître pour s’aimer et que dès la première fois où elle m’avait vu, elle m’avait aimé. On a échangé nos numéros. Elle me disait de belles paroles alors qu’on venait de se rencontrer, je n’avais pas confiance. Mais quelques jours plus tard, on s’est mis ensemble. Elle venait tout le temps à l’atelier, on prenait le thé, on discutait. Un jour, elle m’a dit qu’elle était enceinte. Elle m’a menti, alors que moi j’en avais pas mangé pendant une semaine. C’était pas beau de sa part. Elle voulait savoir si je l’aimais ou pas. Plus tard, on m’a parlé de cette fille pour me dire que ce n’était pas une fille bien, mais l’amour ne choisit pas. On s’aime. C’est la vie.

Un jour, j’ai dû retourner au Mali, parce que ça faisait longtemps que je n’avais pas vu ma famille. On se parlait par téléphone, mais on a fini par mettre un stop car j’avais aussi envie de quitter le Mali, et du coup tout quitter en Afrique. J’ai quitté le Mali pour ma famille, pour donner de l’argent à ma famille, parce qu’on a pas de moyens.

Draguer une autre fille à Paris, c’est compliqué

Aujourd’hui, je suis en France, elle en Mauritanie, elle me manque trop. Elle a fait tellement de choses pour moi. C’est pour ça que je l’aime. On s’écrit, on s’appelle souvent. On discute par Whatsapp, on s’appelle deux, trois fois par mois. J’aime Fatou plus que Paris. Et elle m’aime toujours. Fatou, elle va bientôt se marier, mais elle veut s’enfuir. Je lui ai dit de pas le faire. J’ai essayé de la raisonner et elle a fini par se calmer et accepter la situation. Elle a 19, 20 ans, c’est mieux pour elle qu’elle se marie maintenant. Souvent en Afrique, même à 17 ans tu vas te marier ! Fatou, elle est toujours dans mon coeur. Elle m’a dit que si je trouve une fille, je peux discuter avec, faire connaissance. C’est elle-même qui m’a dit ça, parce qu’elle, elle n’est pas là. Si elle était là, je ferais pas connaissance avec une autre fille.

Mais la ville de Paris, comparée à une ville au Mali, c’est pas la même chose. Trouver une fille à Paris, c’est compliqué, surtout que j’aime encore Fatou. Un jour à Saint-Denis, j’ai vu une fille, j’ai même cru que c’était Fatou. J’ai crié « Fatou », « Fatou », mais c’était pas elle.

À Paris, les filles me disent, « On se connait pas, pourquoi tu veux me parler ? ». En Afrique, c’est pas ça. En Afrique, quand t’arrêtes une fille, elle s’arrête, prend le temps de discuter… C’est tranquille. Une fois à Paris, j’étais assis dans le jardin, une fille est venue, s’est assise à côté de moi. Pendant cinq minutes, on s’est rien dit. Moi, je lui ai dit : « Je te salue. » Elle a dit : « Oui salut. » Après, elle m’a demandé de la marijuana. J’ai dit que je fumais pas de marijuana. Je n’aime pas ça, de faire connaissance à travers la marijuana. Du coup, on n’a pas échangé nos numéros. Sinon, elles ne veulent donner que leur Snap, pas leurs numéros. J’ai récupéré des Snap, mais on ne discute pas, parce que moi, je suis direct, et les Snap c’est beaucoup pour les amis. Je drague des filles sur Snap, mais elles habitent toutes à Toulouse. J’espère que moi aussi je trouverai une fille avec qui me marier en France.

 

Abdoul, 16 ans, en formation, Paris

Crédit photo Unsplash // CC Angelo Moleele

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