Medito A. 20/02/2018

Mon foyer, c’est pas ma famille

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Intégrer un foyer, ce n'était pas mon idée. Plutôt celle du juge. Et depuis que j'y habite, je n’ai pas l’impression que ça m'aide. Je regrette ma famille... et ma liberté.

Il y a trois mois, je suis venu habiter en foyer suite à une décision du juge. Je vois des juges régulièrement depuis que je suis petit. À cause de la famille et parce que j’ai fait des conneries. À mon arrivée au foyer, réservé aux moins de 20 ans, on m’a fait visiter le bâtiment avec ma mère et ma tante. On a monté les grands escaliers qui tournent jusqu’à l’unité de vie. C’est là où les jeunes dorment. Y’a un salon, une cuisine et un couloir avec les chambres. Ici, y’en a six. Je me suis dit que c’était bien.

On m’a expliqué comment ça allait se passer, les règles : tous les mercredis, il faut faire sa chambre, à 22h max faut qu’on y soit. Mais dès 21h15, on doit être rentrés au foyer, en unité de vie.

Après ma visite, je me suis installé dans ma chambre, j’ai rangé mes affaires dans mon armoire. Ensuite, j’ai fait connaissance, je me suis intégré au groupe. La première nuit, je n’ai pas beaucoup dormi à cause du stress. Et depuis, y’a rien qui est bien.

Enfin, y’a rien qui est mieux que quand on est chez soi. J’ai pas l’impression que ça va me faire avancer. Ça m’écarte juste de ma famille. Et quand je vais rentrer, ça va être dur de me réadapter.

Ils font les parents, alors que rien à voir !

Ici, pas tous, mais les éducateurs ils me cassent les couilles. Ils entrent n’importe quand dans ma chambre. Ils manquent de respect. Genre le matin, à 9h max je dois me lever. Ils entrent et ils laissent la porte ouverte et la lumière allumée. S’ils n’aiment pas un truc sur mon bureau, ils le rangent comme si c’était la chambre à leur grand-mère ! Ils font les psychologues, ils parlent avec moi alors que j’en ai rien à foutre : « Ouais Medito tu sens l’alcool, tu sens les stupéfiants ! » Ils font les parents alors que rien à voir !

Depuis que je suis ici, je sors plus. Avant ça, j’étais dans la rue avec mes potes, tout le temps. Maintenant je suis « foyer man ». Dès que je sors des cours, faut que je rentre. On dirait une prison ! Et on mange trop mal ! On nous sert des plateaux repas tout faits, on les fait réchauffer, c’est dégueulasse.

Pour Manon, c’est plutôt l’éloignement de sa famille qui a été difficile. Elle s’accroche mais, pour elle, le foyer, c’est un cauchemar.

Avec les autres jeunes, on s’entend bien. Même si certains restent en groupe, genre les bledards ils se mettent ensemble, ils parlent leur langue. Y’en a un qui s’est fait péter parce qu’il a ramené des substances illicites. C’est l’éducatrice qui l’a balancé. Entre nous, on discute beaucoup de pourquoi on est là, on aimerait être ailleurs.

J’ai une copine, je vais chez elle le week-end. Des fois, je vais la chercher au lycée, je la vois pas beaucoup.

La vie au foyer, c’est pas positif, je préférerais être dans mon foyer à moi : ma famille.

 

Medito, 15 ans, lycéen

Crédit photo Adobe Stock //  © Victor zastol’skiy

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