Sara S. 24/11/2016

Mon histoire de mariage arrangé… et de violence

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Mariée à 22 ans, au Maroc, à un homme qu'elle ne connaissait pas, Sara a vécu, arrivée en France, l'enfer des violences conjugales.

Je suis née et j’ai vécu à Oujda, au Maroc, jusqu’au moment où j’ai obtenu mon baccalauréat avec mention en littérature. Quelques mois après, en novembre, j’ai eu un mariage arrangé avec un homme que je ne connaissais pas et que je n’avais jamais vu. Il était plus âgé que moi, 17 ans d’écart. A l’époque j’avais 19 ans et lui 36.

Sa belle maison… un squat !

Au début, je ne ressentais rien pour cet homme, mais plus le temps passait plus de nouveaux sentiments apparaissaient. Je tombais amoureuse de lui.

Quand il est parti revivre en France, j’ai dû attendre un an pour avoir un visa et pouvoir le rejoindre.Au Maroc il m’avait promis des belles choses, une belle maison, une belle chambre… Quand je suis arrivée en France, sa maison ressemblait plus à un squat.

J’y ai rencontré son fils, âgé de 12 ans.

Plus je vivais avec mon époux, plus ma vie se transformait en prison. Je ne pouvais pas sortir, même au pied de la maison. Jamais. J’étais enfermée chez moi 24h sur 24 avec son fils.

Plus le temps passait, plus les menaces et les violences verbales allaient bon train.

Nos rapports sexuels ? De mon côté : aucun plaisir.

Et soudain, les coups

Un jour, je suis tombée enceinte de lui. Il était content mais, pour lui, une femme bien, qu’elle soit enceinte ou non, ne devait en aucun cas changer ses habitudes ménagères. Même fatiguée par la grossesse et avec des risques de fausse couche.

Et puis le jour est arrivé : au bout de deux mois,  j’ai perdu mon bébé.

Le 14 juillet 2016 nous devions aller chez ma belle-mère. J’ai voulu préparer un repas que je lui aurais offert, mais mon mari ne voulait pas se lever. Il voulait continuer à dormir avec moi.

Tout à coup, j’ai eu le besoin de tout sortir de moi, toute ma colère, mon incompréhension par rapport à son comportement envers moi.

Et là, il m’a attrapée par le cou et a commencé à serrer très fort. Il ne s’arrêtait pas. J’ai perdu connaissance.

Quand je suis revenue à moi, j’ai retrouvé la maison dans un état horrible : toutes les vitres étaient brisées. J’étais dans ses bras et il me faisait des câlins.

Après, je ne me souviens plus comment j’ai fait pour me retrouver à l’extérieur de la maison. J’étais dehors et tout le monde me regardait. Les gens appelaient les pompiers et les ambulanciers, je ne comprenais pas. Jusqu’à ce que je vois ma joue ouverte et en sang.

Partir pour pouvoir vivre

Je suis allée à l’hôpital puis j’ai vu le 115 qui m’a placée dans un hôtel avant d’arriver dans le foyer où je suis actuellement.

Si j’ai pris la peine de mettre mon passé sur papier, c’est, d’une part, pour moi-même, m’alléger l’esprit et d’autre part, je l’espère, pour faire ouvrir les yeux aux autres femmes qui vivent ou ont vécu une histoire similaire à la mienne.

Quand Mélanie a découvert que sa cousine était victime de violences conjugales, elle a eu du mal, parce qu’elle était sous emprise, à lui faire se rendre compte de la gravité de la situation.

Je doute être la première ou la dernière à avoir vécu mon histoire.

Ne gardez pas l’espoir que votre mari change ou s’adoucisse. Il est préférable que vous partiez, pour vous, pour penser à votre vie et à la liberté que vous méritez d’avoir.

Préférez-vous vivre sous les coups de votre mari  jusqu’au jour fatidique ou bien débuter une nouvelle vie remplie de soulagement, de libre pensée et de bonheur ?!

 

Sara, 22 ans, en formation, Ile-de-France

Crédit photo Pixabay

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2 réactions

  1. C’est triste ma soeur je suis aussi dans la même situation

  2. Triste histoire mais qui se finit bien finalement pour toi.tu vas enfin connaître la liberté et le vrai amour qui est celui du partage.aimer C’est partager.un homme qui te bat te battra toujours.dieu a voulu un autre destin pour toi.j’ai une pensée pour son gamin de 12 ans qui je l’espère a pu se construire.bonne continuation.la vie est faite pour être vécue non pour être le souffre douleur des gens qui sont en souffrance.

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