Vava D. 23/07/2018

Mon père sans travail devenu alcoolique…

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Vava a toujours été très proche de son père. Mais quand il s'est arrêté de travailler, l'alcool a pris toute la place. Elle n'a pourtant rien lâché, bien décidée à retrouver leur complicité.

Un soir, il y a 5 ans, vers 23h, j’étais dans mon lit. Je sentais qu’il se passait quelque chose entre mes parents, donc j’ai écouté ce qu’ils disaient derrière la porte de ma chambre. J’ai appris que mon père allait arrêter de travailler car il avait de gros problèmes avec ses deux bras. Il travaillait sur des chantiers avec mon grand-père depuis l’âge de 10 ans, mais il était très malade depuis un accident au travail.

Le lendemain de cette discussion, j’ai décidé d’aller lui parler de ce que j’avais entendu. Il m’a dit que c’était la vérité et qu’il allait arrêter de travailler. Il ne savait pas s’il allait reprendre un jour. Aujourd’hui, il n’a toujours pas repris.

Vu qu’il ne travaillait plus, mon père restait tous les jours à la maison. On ne le voyait pas car il se levait vers 13h et il allait au café retrouver ses potes. Il passait toutes ses journées à boire de l’alcool au bar. Il revenait pour manger et quand on rentrait de l’école, il repartait se balader comme s’il faisait exprès pour nous éviter. Il rentrait en général quand ma sœur et moi on était couchées. On n’arrivait pas à dormir car il mettait la musique à fond. Quand je lui disais de baisser, il ne voulait pas et il me disait de rester avec lui.

Alors, je restais jusqu’à trois voire quatre heures du matin, même si le lendemain il y avait cours. Je restais avec lui car il était tout seul. Le matin, je me levais quand même pour aller au collège. La journée, j’étais épuisée, je dormais, je n’étais pas concentrée sur mes cours, donc j’avais de mauvaise notes, mais je faisais de mon mieux.

Avant tout ça, mon père et moi avions un lien très fort. On faisait tout ensemble : on parlait, on écoutait de la musique, on sortait, on se baladait. Maintenant, on fait plus rien. J’ai l’impression qu’il a décidé de nous laisser tomber, de ne plus nous écouter. Il a changé : il ne réagit plus quand on lui parle, même si on le menace de partir de la maison.

Il a été obligé de réagir

Il y a un peu plus d’un an, en avril dernier, j’étais à la campagne avec toute ma famille. On s’est rendu compte que quand il buvait quelques verres, il pétait vraiment les plombs. Alors on a décidé de l’emmener à l’hôpital pour qu’il fasse des examens pour comprendre ce qu’il avait. Une dizaine de jours plus tard, il a été convoqué par son médecin. On lui a annoncé qu’il avait un cancer du foie, qu’il avait des tumeurs dans le foie. Pour soigner ça, il fallait qu’il arrête complètement de boire, sinon la chimiothérapie ne fonctionnerait pas.

Ça m’a beaucoup blessée, car il disait que dans tous les cas il allait mourir, donc il s’en foutait. Alors que nous non. Avec ma sœur et ma mère, on a mis près d’un an à le convaincre de se faire soigner. On a tout essayé : lui dire gentiment, lui mettre des ultimatums, le réveiller, lui faire comprendre qu’on avait besoin de lui, que c’était pour son bien.

On a fini par y arriver. Depuis quelques semaines, on essaye de tout faire pour que ça s’arrange entre nous car il a décidé de nous écouter et de se soigner. Enfin, je vais pouvoir essayer de renouer les liens avec mon père.

Vava, 16 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo Adobe Stock // © Igor Normann

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