Elodie M. 31/01/2015

À poils !

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J'ai 20 ans et j'ai décidé de ne plus m'épiler. Mais surtout, ce que je veux et que j'aimerais que toutes et tous réussissent à faire, c'est à s'accepter telle que l'on est, quelles que soient les décisions que l'on prend et de les assumer au grand jour.

Depuis le jour où j’ai pris la décision de m’épiler, piquant l’épilateur de ma mère en cachette, je n’ai cessé de me demander : pourquoi les poils des femmes poussent encore alors que nous passons notre temps à vouloir les éliminer ? J’ai passé les six dernières années à tenter d’éradiquer les poils de mes aisselles, de mes jambes, de mes sourcils et de mon pubis. Heureusement, ceux de mes avant-bras sont assez clairs et courts. J’ai aujourd’hui 20 ans, et je m’interroge quant à l’importance de supprimer ces « nuisibles ».

Le fameux « il faut souffrir pour être belle »

Il fut une époque où un pubis poilu était un pubis adoré, cette toison faisait partie d’un tout et il aurait paru absurde de la faire disparaître. Mais l’absurde d’aujourd’hui n’est pas le même que celui d’hier. À notre époque, l’épilation fait partie intégrante du processus beauté, le fameux : « La femme d’aujourd’hui doit savoir prendre du temps pour elle, se pomponner. » On dit aussi qu’il faut souffrir pour être belle. Mais on s’accorde généralement à dire que la beauté est subjective. On sait précisément ce qu’il faut faire pour être belles, mais on est tous et toutes attrayants pour quelqu’un. DONC la vision subjective de la beauté l’est… tant qu’elle reste dans des limites objectives. Je vais avoir besoin d’une intraveineuse de café pour démêler une telle incohérence ! Avant d’avoir une migraine de cerveau, je vais dire STOP ! Un énorme et rugissant stop. La seule chose avec laquelle je suis d’accord est qu’il y aura toujours quelqu’un qui nous trouvera beau ou belle (en plus de nos mères), si si !

Mais revenons-en au cœur du sujet. La majorité des personnes s’accordent pour dire que tous les êtres vivants ont une utilité propre, la machine est bien huilée et dame nature à un sens logique très pointu. Alors pourquoi serions-nous parées de futilités ? Dame nature aurait-elle sombré dans l’absurdité ? Tiendrait-elle absolument à gaspiller son énergie ?

Non. Les poils ont un rôle. Certains se font même détecteurs d’hormones, nous permettant de déceler plus facilement les personnes qui nous « draguent chimiquement » ! En plus, franchement, les poils, c’est super doux ! Avouez-le, vous adorez rêvasser en vous lissant la tignasse !

Alors, il y a deux mois, j’ai pris ma décision. Mes poils, je les garde parce qu’ils m’aident, que je les aime et que j’ai envie de les protéger de tous les dangers de type épilatoire. Ils resteront là, bien accrochés à leur bulbe.

Mes poils font partie de « mon tout »

Bon, la décision prise, restait à l’assumer au grand jour. Pendant les deux premiers mois, j’ai eu tendance à camoufler les zones à risque, j’étais poilue et c’était un petit secret que je partageais avec mon chéri, qui d’ailleurs l’a très bien accepté. C’est ma décision et il me trouve toujours aussi sexy ! J’ai donc ensuite dévoilé, petit à petit, mes aisselles, puis mes mollets. J’ai pu voir des regards surpris, d’autres complètement effrayés et puis, en discutant, tout s’est arrangé, et mes poils sont acceptés comme faisant partie de mon « tout ».

Cette décision me rend heureuse. Je me sens davantage prête à affronter les regards des autres. Et je me rends même compte qu’ils sont pour la plupart moins cruels que ce que j’avais imaginé, anticipé.

Alors que ce soit une question de fringues, de coupe de cheveux, de parfum ou quoi que ce soit qui ait un rapport avec l’apparence, faisons ce qui nous plaît et ce qui nous paraît logique. Que l’on choisisse de garder ou non nos poils, je pense que le plus important est de s’être demandé pourquoi on le fait et mieux : d’avoir trouvé la réponse. Aimons-nous, entièrement. Mon combat d’aujourd’hui est celui de la sauvegarde des poils. Quoi que vous en pensiez, prenez cette ode aux poils comme une envie de mieux me connaître, un besoin de « m’apprendre » pour mieux accepter les autres et nos différences.

 

Elodie M., 20 ans, volontaire en service civique, Toulouse

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1 réaction

  1. Artcile au poil !

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