Violette G. 24/11/2017

De voir une psy, je n’en ai plus honte

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À 20 ans, Violette a eu besoin de voir une psy. Elle se sent encore fragile mais la dépression est partie. Ses parents n'ont jamais rien su...

Si nos 20 ans sont la fleur de l’âge, alors j’étais une fleur fanée. Je voulais être heureuse, je faisais tout pour, mais rien ne marchait. J’ai découvert la vie d’adulte en me sentant mal, en étant triste, démunie, fatiguée. Aujourd’hui encore, je suis incapable de vous dire le pourquoi de ce mal-être profond. Cette dépression s’est installée au fur et à mesure des années, sans que je m’en rende compte. Cela s’est accentué après le bac, avec l’entrée en fac.

Un jour, j’ai craqué

Alors, c’est vrai ce que l’on dit : à trop encaisser, tu finis par perdre pied. Pourtant, je me sentais invincible. Depuis que je suis petite, on ne cesse de me répéter que j’ai un fort caractère, que je suis forte. J’y ai cru. Peut-être un peu trop. J’ai sombré. Avec le recul, je pense que ce qui m’a fait, petit à petit, me perdre, c’est de toujours tout garder pour moi. Je ne me confiais jamais, à personne. C’est là ma plus grosse erreur. Aujourd’hui, il m’arrive de me demander si j’aurais pu éviter tout cela en parlant, si je ne m’étais pas enfermé sur moi-même.

J’ai fini par craquer, un soir. Oui, j’avais des idées noires. Oui, parfois, j’aurais voulu que tout s’arrête. Il m’est arrivé plusieurs fois de me faire du mal. Cela me faisait du bien. Je me sentais inadaptée pour la vie. Je n’arrêtais pas de pleurer, sans même savoir pourquoi. Personne ne m’entendait car, à force de se cacher, on devient très fort pour masquer ses pleurs, son mal-être. C’est à ce moment-là que je me suis dis qu’il fallait que je me relève.

J’ai décidé de moi-même d’aller consulter un professionnel. Je sentais que je ne parviendrais pas seule à remonter la pente. J’ai appelé l’accueil de l’hôpital public près de chez moi. Je leur ai expliqué que j’allais mal et que j’aurais aimé consulter une psychologue. La dame de l’accueil m’a alors très gentiment dirigée vers un CMP (centre médico-psychologique). C’est un établissement public regroupant des spécialistes de la santé et qui propose une offre de soins mentaux prise en charge par la sécurité sociale. Aucun frais n’était à ma charge. Étudiante, je n’avais absolument pas les moyens de payer des consultations. Dans ce centre, j’ai été prise en charge par une psychiatre et une psychologue.

Consulter un psy… discrètement

Lorsque le premier rendez-vous est arrivé, il m’a fallu plus que du courage pour aller jusqu’au bout de ma démarche. Je savais que ça allait être dur. J’allais devoir me mettre à nu. Je savais très bien que je n’arriverai pas à retenir mes larmes. J’avais honte de montrer une telle image de moi car, bien entendu, personne autour de moi ne se doutait de ce mal-être. Au début, personne n’a rien su de mes démarches. J’avais si peur que l’on me juge ! Je n’aurais pas eu la force de me justifier ou de répondre aux critiques. Seul mon petit ami était au courant et me soutenait dans cette initiative.

Premier rendez-vous, la psychologue m’a demandé de lui expliquer pourquoi j’étais ici. Sans savoir pourquoi, j’ai fondu en larmes. Je n’arrivais pas à aligner deux phrases sans me noyer dans mes sanglots. En sortant, j’étais complètement vidée. Sans avoir parlé plus que ça, j’avais déjà la sensation qu’on m’avait enlevé un poids énorme.

Comment encaisser, à 20 ans, qu’une psychiatre te dise que tu es en dépression ? Je m’en doutais mais l’entendre de la bouche d’un médecin a été un vrai choc pour moi. Il m’a fallu quelques temps pour accepter et trouver la force de me relever. À ce moment-là, j’ai décidé d’en parler à mes amies les plus proches. Au début, elles ont eu du mal à comprendre car personne n’avait rien soupçonné. Puis, elles ont compris. Elles ont essayé de me soutenir au mieux, même si je restais assez fermée. J’avais encore du mal à assumer. Encore aujourd’hui, mes parents ne sont pas au courant de tout cela. Peur de les décevoir, de les attrister ou bien honte, je ne sais pas, mais je ne me sens pas prête à leur faire part de cet épisode de ma vie.

Parler, une nécessité

Lors des séances (hebdomadaires), la psychologue commençait par me demander comment s’était passé ma semaine. De là, la discussion suivait son cours et on arrivait à mettre le doigt sur des problèmes plus profonds. Elle n’abordait jamais de front les sujets délicats. C’est dans la discussion qu’elle pointait des choses qui n’allaient pas. Par exemple : une peur panique d’échouer car, depuis mon enfance, mes parents m’ont toujours mise sur un piédestal, alors aujourd’hui, ne pas réussir reviendrait à les décevoir. Et ça, pour moi, c’est totalement inconcevable.

Sara a trouvé un autre moyen de s’échapper de sa dépression : les free party. Un moyen de ne pas être seule, rencontrer des gens et de lâcher prise.

Capture d’écran de l’article illustré par une photo : plusieurs personnes sont réunies dans un espace extérieur. Certains sont maquillés, d'autres tiennent des verres remplis à la main. Il y a une lumière naturelle avec quelques rayons du soleil visible en arrière-plan. Beaucoup d'entre elles et eux portent des lunettes de soleil.

Aujourd’hui, après deux ans de thérapie, je peux dire que j’ai relevé la tête. Cela s’est fait progressivement. Il n’y a pas eu de déclic. C’est un travail assez long. Un jour, tu te lèves et sans pouvoir l’expliquer, tu sens que tu vas mieux. Cette dépression est derrière moi. Mais étrangement, je sens que mon équilibre est fragile. Je n’ai plus honte de dire qu’à un moment donné dans ma vie, j’ai eu besoin d’aide pour sortir la tête de l’eau. Mon petit ami a été d’un grand soutien même si malheureusement, son aide n’a pas suffi. À ceux qui voient encore les psys d’un mauvais œil, j’aimerais leur dire à quel point ils ont tort. Avec ma dépression, j’avais besoin du suivi d’un professionnel. Accepter ses faiblesses, c’est déjà une très belle victoire.

Violette, 22 ans, étudiante, Le Mans

Crédit photo Pexels // CC Karolina Grabowska

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