Pierre B. 06/11/2017

Grâce au sport, j’ai découvert la réalité des quartiers

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Après une erreur d’orientation, j'ai découvert ma vocation pour l’animation pendant mon service civique, dans un quartier périphérique de Strasbourg. Issu du centre ville, j'ai aussi pu réviser mon jugement sur les jeunes de « quartiers ».

Il y a trois ans, mon bac STI2D en poche, j’ai souhaité poursuivre mes études en informatique. Accepté en BTS Système Numérique, cela partait plutôt bien. Pourtant, quelques jours en entreprise ont suffit pour que je réalise que je pourrais pas m’épanouir dans cette voie. J’ai donc pris la décision d’arrêter mes études pour… rien. Je ne savais pas dans quelle direction me réorienter. À ce moment là, une amie m’a parlé du service civique. J’ai décidé d’en faire un pour m’ouvrir à d’autres horizons et m’éviter quelques années sabbatiques. Ma mission : « L’émancipation des jeunes filles de quartiers à travers le sport. » Ayant grandi dans des zones plutôt favorisées, je ne connaissais des « quartiers » que les préjugés de mon entourage : « Les jeunes des quartiers sont irrespectueux », « ils sont violents »… Avec en plus mon naturel réservé, mon manque d’autorité et mon inexpérience à parler en public, je n’étais pas confiant du tout pour aborder ce projet. Le seul point rassurant : je n’étais pas seul. Je pouvais compter sur mes sept équipiers, tous dans le même cas que moi.

L’appréhension de la première séance

Est donc arrivé le moment fatidique de la première séance de handball dans une école de Cronenbourg, un des quartiers de Strasbourg. Tout l’équipe et le prof étaient présents pour en assurer le bon déroulement. Premier contact avec des jeunes et première expérience dans l’animation, chacun a pu animer une activité. À notre grande satisfaction, les jeunes étaient ravis de découvrir ce sport qui leur était inconnu, et de nous revoir la semaine suivante.

Suite à ces séances plutôt concluantes, nous avons divisé l’équipe en quatre binômes pour intervenir auprès d’un maximum de jeunes dans différents quartiers de Strasbourg : Cronenbourg, Koenigshoffen, Hautepierre, l’Elsau, quartier de la gare…

Dans un premier temps, les séances se déroulaient dans les écoles. Et à notre grande surprise, dans chacuns des quartiers, on a pu rencontrer des jeunes intéressés, de temps en temps un peu provocs pour certains, mais toujours respectueux envers l’équipe. La plupart étaient même motivés à l’idée de faire des entraînements extrascolaires.

Un nouveau moi !

Au fur et à mesure des séances, ces jeunes ont complètement détruit les préjugés qu’on pouvait avoir sur eux. Ils ne sont pas plus violents ni insolents qu’ailleurs, mais comme tous les enfants ils ont besoin de respect, d’attention, d’affection et d’accompagnement.

Un peu perdu lui aussi, Omar s’est lancé dans un service civique. Son action auprès des jeunes lui a permis de trouver sa vocation.

Après neuf mois de service civique, ce fut comme une nouvelle naissance, grandi, par bien des aspects. Ces jeunes de quartiers dits « difficiles » m’ont permis de vaincre ma timidité, d’être à l’aise devant un public. Ils ont ouvert ma façon de voir et de comprendre le monde qui m’entoure. Ces jeunes m’ont apporté beaucoup plus que ce que je n’aurais pu l’imaginé et, notamment, le goût de l’animation.

Suite à cette expérience j’ai donc fait différentes formations et décroché des diplômes afin de devenir animateur… à Cronenbourg !

 

Pierre B., 20 ans, Strasbourg

Crédit photo Pixabay // CC0 12019

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2 réactions

  1. C’est cool franchement, je vis moi-même dans un quartier et j’entends beaucoup de préjugés, je trouve que les gens devraient d’abord constater par eux-mêmes avant de parler trop vite, merci pour cette moralité qui fait réfléchir.

  2. Très beau témoignage, Merci Pierre!
    Je suis sure que tu as, à travers cet article, permis à de nombreuses personnes de se faire une idée concrète du service civique.
    Ça donne envie!!!
    Bonne continuation

    Lobna

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